Alors que les autorités malaisienne et australienne annoncent la fin prochaine des recherches officielles, on apprend, selon une information révélée vendredi 22 juillet par le New York Magazine, que le pilote du vol MH370, disparu il y a plus de deux ans, avait mené un exercice de simulation de vol sur une trajectoire similaire quelques semaines avant le crash...
Cette information n'est guère surprenante en soi tant le profil du commandant de bord méritait qu'on s'y intéresse de très près.
Voici ce que j'écrivais dans le premier chapitre du tome 2 des Dossiers inexpliqués paru en octobre 2015...
Des pilotes au profil curieux
Comme dans toutes les catastrophes aériennes, la personnalité des deux pilotes n’a pas manqué de faire l’objet d’un examen approfondi. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que les enquêteurs ont fait d’étranges découvertes.
Fariq Bin Ab Hamid, le copilote, est le plus inexpérimenté des deux pilotes. Il n’a que 27 ans, soit moitié moins que son commandant. On sait peu de choses sur lui sinon qu’il est sur le point de se marier avec sa compagne.
Les médias n’ont pas manqué de raconter un épisode qui laisse douter de son professionnalisme : un jour, en totale infraction avec le règlement, il a fait entrer deux jeunes touristes australiennes dans le cockpit d’un avion qu’il copilotait. Des photos ont été prises et les deux « invitées » sont restées dans le cockpit durant les phases de décollage et d’atterrissage… Malgré tout, à l’exception de ce comportement condamnable, les enquêteurs ne trouvent rien de répréhensible ou d’inquiétant dans son profil.
Du côté de Zaharie Bin Ahmad Shah, c’est un tout autre son de cloche. Le profil psychologique du commandant de bord apparaît d’emblée plus complexe. Si l’homme n’a rien d’un islamiste radical (ce que craignent les enquêteurs au départ), des questions se posent cependant sur ses réelles motivations. C’est un homme qui suit de près l’activité politique de son pays. Il fait partie de ces gens éduqués et jouissant d’une vie aisée qui aimerait bien voir son pays, tenu depuis plus de cinquante ans par une caste de politiciens corrompus et népotistes, évoluer vers plus de liberté et de démocratie.
Le commandant Shah vient notamment de suivre avec attention le procès du principal opposant au régime malaisien, Anwar Ibrahim. La condamnation de ce dernier à cinq ans de prison pour « sodomie » le 7 mars conforte le pilote dans son jugement : son pays n’est pas prêt de progresser.
Non seulement Zaharie Bin Ahmad Shah vit mal ce refus du modernisme, mais s’ajoute à cela une vie privée mouvementée. Peu de temps après la disparition, les médias révèlent que sa femme et ses trois enfants ont quitté le domicile familial la veille du 8 mars. Un proche du commandant reconnaît de son côté que celui-ci fréquentait une autre femme et que cette relation était également conflictuelle.
D’ailleurs, il semblerait, mais cela n’a pas été confirmé par les autorités de police, que Shah aurait reçu, peu avant le départ de l’avion, un appel de deux minutes environ d’une femme non identifiée, à partir d’un numéro de téléphone mobile obtenu grâce à une fausse identité…
Si la famille de Shah s’empresse de réfuter aussitôt toutes ces allégations, il n’en demeure pas moins qu’un collègue pilote, qui connait très bien Shah, affirme que le commandant était très affecté par l’idée que son mariage était en train de voler en éclats… Par ailleurs, les enquêteurs constatent avec stupéfaction que l’agenda du commandant de bord, d’ordinaire bien rempli, est complètement vide après le 8 mars. Comme s’il savait qu’après cette date, il n’aurait plus rien à faire...
Mais ce n’est pas tout. Peu de temps après la disparition de l’avion, la police malaisienne effectue une perquisition au domicile du commandant Shah : on découvre qu’il possède un simulateur de vol sur lequel il s’entraîne à des atterrissages sur des pistes courtes, comme celles des Maldives ou de Diego Garcia, la base militaire américaine localisée au milieu de l’océan Indien. Comme par hasard, de nombreuses données ont été effacées un mois auparavant.
Le FBI qui parvient à récupérer les informations et un porte-parole du gouvernement malaisien déclare aux médias que « rien de sinistre n’a été trouvé dessus ». Ce qui n’empêche pas le Sunday Times d’affirmer que parmi les fichiers effacés sur le simulateur figurait un plan de vol dans le sud de l’Océan indien avec une simulation d’atterrissage sur une île dotée d’une piste réduite…
Curieusement, la piste des pilotes a été assez rapidement écartée. Trop vite ? Il s’est dit que la thèse du suicide semblait improbable, de même que la participation des deux pilotes à une action terroriste...
Texte extrait des Dossiers Inexpliqués tome 2, de Joslan F. Keller, éditions Scrinéo, 2015, reproduction interdite sans autorisation.