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Les Dossiers Inexpliqués de Joslan F. Keller

  • À la rencontre d’Ellenium, enquêtrice de l’après-vie

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    Dans les recoins obscurs de notre réalité, là où notre raison peut soudain vaciller, apparaît Ellen, ou plutôt Ellenium, qui, armée de son intuition affûtée et d'un arsenal d'appareils high-tech, explore l'invisible et donne voix à l'indicible. Ni médium, encore moins chasseuse de fantômes, cette enquêtrice du paranormal navigue entre curiosité, ouverture d’esprit et réflexion.
    Son but : lever le voile sur les mystères de l’au-delà en tentant d’échanger avec celles et ceux qui sont de l’autre côté du miroir.

    Aujourd’hui, après avoir répondu en vidéo aux questions d’Ellenium (une interview à retrouver sur sa chaîne YouTube www.youtube.com/@Ellenium.paranormal), c’est elle qui accepte de passer de l'autre côté du miroir en répondant à mes propres interrogations. Sans détour, elle nous ouvre les portes de son univers ô combien fascinant.

    Bienvenue au cœur de l'étrange !

    Bonjour Ellen, peux-tu te présenter ? D'où viens-tu ?

    Je suis originaire de la région parisienne. Après avoir travaillé quelque temps dans le domaine de la publicité, j'ai décidé de franchir le pas vers le paranormal.

    Pourquoi Ellenium ?

    Tout simplement parce que ce nom reprend les premières lettres de mon prénom, avec une subtile référence au concert "Mylenium" de Mylène Farmer dont je suis une fervente admiratrice.

    D'où te vient cet intérêt pour le paranormal ?

    Le paranormal est entré dans ma vie après le décès de mon père en 2001. À cette époque, je n'étais pas du tout convaincue par les phénomènes paranormaux. Pourtant, une semaine ou deux après sa mort, des phénomènes inexpliqués ont commencé à se produire dans la maison familiale où je vivais encore. Intriguée, j'ai voulu en savoir plus, et c'est alors qu'une collègue de l'époque, qui avait perdu son fils de 17 ans dans une noyade, m'a parlé d'une technique qu'elle utilisait pour communiquer avec lui. Elle m’a encouragée à tenter de contacter mon père de la même manière. Et j’ai réussi à obtenir un PVE (Phénomène de Voix Électronique) de mon père, qui disait "Je t'entends, ma fille". Aussitôt, une multitude de questions : pourquoi répond-il ? Va-t-il bien ? Pourquoi reste-t-il ici ? Est-il coincé ? Toute ces questions m'ont conduit à entreprendre plus de vingt ans de recherches sur le sujet. Au fur et à mesure que je progressais dans mes investigations, j’ai trouvé intéressant de filmer ces expériences et de les partager, car ces phénomènes nous concernent toutes et tous.

     Es-tu convaincue qu'il existe un au-delà ? As-tu quelques certitudes ou une théorie sur le monde des esprits ?

    Je suis convaincue qu'il existe un au-delà, c'est une certitude pour moi. Cependant, je ne cherche pas à convaincre les autres, car chacun a ses propres limites de compréhension. Même ceux qui saisissent le concept n'ont pas nécessairement envie d'en savoir plus. Mes certitudes reposent sur les résultats obtenus lors de mes enquêtes. Parfois, ces résultats sont incompréhensibles, mais d'autres fois, les réponses obtenues sont clairement intelligibles et cohérentes avec les questions posées.

    À ce jour, je ne prétends pas être la maîtresse des réponses provenant de l'au-delà, mais de ce que j’ai pu modestement apprendre, il semble que certains défunts restent dans un "entre-deux-mondes" tandis que d'autres passent dans une autre réalité (que l'on pourrait appeler "la lumière" ou autrement). Certains esprits resteraient « coincés » dans cet entre-deux en raison de problèmes non résolus de leur vivant, tels qu'un suicide, le manque de pardon accordé, ou une mort survenue dans le sommeil sans conscience du décès. Les raisons sont nombreuses, mais elles semblent souvent refléter l'état d'âme des personnes de leur vivant.

    Je crois savoir que tu préfères qu'on t'appelle enquêtrice du paranormal plutôt que chasseuse de fantômes... ?

    Absolument. Pour moi, on ne chasse pas des "humains", et cela vaut également pour les animaux. De la même manière, on ne chasse pas des "fantômes". Je préfère me définir comme une enquêtrice du paranormal ou une enquêtrice de l'après-vie.

    COUVERTURE FACEBOOK.pngDepuis combien de temps mène-tu des enquêtes dans des lieux "habités" ?

    Je mène des enquêtes depuis peu, depuis janvier 2023 pour être précise. J'ai commencé en même temps que je lançais mes vidéos sur ma chaîne YouTube.

    Peux-tu nous parler de ta toute première sortie, comment l'as-tu vécue ?

    Ma première enquête s’est déroulée en Normandie dans un château fort étrange, orné de nombreux miroirs sur sa façade. J'ai appris par la suite que ces miroirs étaient disposés de manière à capter la lumière du soleil à un moment précis de la journée, illuminant ainsi une partie du château pour en révéler toute la magnificence.

    Pour ma première visite – c’était au mois de janvier - la peur du danger dans ce lieu délabré et surtout le froid étaient bien présents. La température était descendue jusqu'à -5 degrés dans la nuit. Les murs de certaines pièces étaient humides, avec de l’eau gelée en raison des fenêtres cassées. L’atmosphère était vraiment particulière. J’avais hésité à plusieurs reprises, de peur de rencontrer une mauvaise entité ou une personne mal intentionnée.

    Cette expérience initiale m’a marqué durablement. D'une part, j'étais effrayée, et le fait d'entrer en contact direct avec le monde de l'au-delà pour la première fois m'a laissé un sentiment de vide, désagréable dans un premier temps. Cependant, en voyant les résultats obtenus, j'ai ressenti une véritable évolution intérieure. Sur le trajet de retour dans ma voiture, j'ai su au plus profond de moi-même qu'il n'y aurait rien d'autre que cela pour moi. Cette sortie m’a convaincu que j’étais destinée à poursuivre dans cette voie.

    Il est vrai aussi que tu préfères souvent enquêter seule, pour quelle raison ?

    Je dirais que cela permet d'établir une connexion unique, qui, selon moi, se renforce et s'intensifie en l'absence de distractions auditives autour de moi. Cependant, il m'arrive aussi d'enquêter avec d'autres enquêteurs avec qui je partage un véritable intérêt pour les questions relatives à l'après-vie. Ces collaborations permettent d'échanger des perspectives et d'approfondir notre compréhension commune de ces phénomènes.

    Comment trouves-tu les lieux que tu visites ? Est-ce compliqué d'y accéder ?

    Beaucoup de recherches, et ce n’est pas évident, car parfois il y a deux à trois heures de route, sans garantie que le lieu soit accessible. C'est toujours un coup de poker. Parfois, entre enquêteurs, nous échangeons des informations sur des lieux (je t'en donne un, tu m'en donnes un), et chaque lieu présente son propre degré de difficulté d'accès. Il arrive qu'il faille ramper, marcher sans lumière en pleine forêt, ou entrer dans un endroit sans source lumineuse, ce qui peut être effrayant, surtout lorsqu’on sait que certains lieux que j’ai visités ont été le théâtre de meurtres et de décès. Imaginez cela dans le noir ! Il m'arrive parfois, en rentrant chez moi, de me demander d'où je tire toute cette force mentale.

    Justement, comment gères-tu l'impact émotionnel de tes enquêtes ?

    Je gère, mais je n’ai toujours pas la réponse à la question de savoir comment je le fais. Parfois, je me demande si c’est vraiment moi qui réagis ainsi. Lorsque j’attends pendant trois heures sans que rien ne se passe, et que les phénomènes commencent enfin à se manifester, c’est une véritable euphorie. Il m’est arrivé souvent d’être tellement étonnée que je ne savais plus quoi dire.
    De plus, il faut aussi gérer la technique, penser à maintenir la caméra stable lorsque ces phénomènes se produisent. Lors de ma première enquête, j’ai été submergée par l’émotion au point de laisser tomber mes bras… À chaque fois que des phénomènes se déclenchent, c’est toujours le même stress et le même étonnement. Cependant, avec l’expérience, je gère mieux ces situations, même si mon cœur est à deux doigts d’exploser !

    Est-ce que tu travailles en amont sur le lieu que tu vas visiter ?

    Il m'est déjà arrivé de me rendre sur un lieu sans connaître son histoire ou son passé, qu'il soit funeste ou non. En règle générale, le travail en amont consiste à effectuer des recherches approfondies, ce qui peut être très compliqué. Il faut trouver un lieu qui soit accessible et ouvert au public. Trop de gens forcent les portes pour entrer, ce que je considère comme totalement irrespectueux. Comment les âmes en détresse pourraient-elles me faire confiance si je commence par défoncer leurs portes ?

    J'ai souvent obtenu des autorisations des municipalités ou des propriétaires, qu'ils occupent les lieux ou non. Cela nécessite parfois de demander avec audace, et parfois, le projet doit être abandonné simplement parce que le lieu n'est pas accessible. C’est la règle : il faut accepter que tout ne se passe pas toujours comme prévu !

    As-tu déjà eu peur lors d'une investigation ?

    Oui, mais tu sais, j'éprouve de la peur à chaque fois, et cela persiste encore aujourd'hui, pour trois raisons. Tout d'abord, les vivants. Les lieux abandonnés sont parfois fréquentés par des personnes qui les explorent, et en tant que femme, je ne suis pas à l'abri de rencontrer des individus mal intentionnés. Ensuite, les entités. Celles-ci conservent leurs personnalités, et il y a à la fois des présences bienveillantes et des présences malveillantes, ce qui engendre un double stress lors de toutes mes enquêtes. Enfin, la dangerosité des lieux. Cela ne m’enchante guère d’explorer ces endroits imprégnés d'humidité et de déjections humaines. Mais les lieux abandonnés chargés d'histoire sont là, donc il faut y aller !

    Est-ce qu'il se passe toujours quelque chose ?

    J’aimerais bien mais les résultats ne viennent pas à la demande, malheureusement. Il n'existe aucune règle précise dans ce domaine, il m'est arrivé de me rendre dans des lieux magnifiques et millénaires, avec l'espoir d'obtenir de nombreux résultats, pour finalement n'en obtenir aucun. En revanche, il m'est également arrivé de visiter un immeuble construit en 2015, entièrement vide, où les phénomènes étaient nombreux et frappants.
    C'est très frustrant lorsqu'il ne se passe rien, mais cela fait partie de la nature imprévisible de cette quête. En général, je ne me trompe jamais dans mes impressions, car je ressens les choses de manière très intense. Je peux souvent dire, en entrant dans une pièce, s'il y a une présence ou non. Bien que je ne voie rien de mes propres yeux, je ressens ces présences, et mes appareils électroniques ne font que confirmer mes intuitions.

    château Goldfinger.JPGQuelle est à ce jour ta sortie la plus marquante ?

    Le lieu qui m'a le plus marqué c’est le château de Goldfinger, dont la vidéo est disponible sur ma chaîne YouTube... Quel dommage que je ne sois pas millionnaire ! Je l'aurais acheté sans aucune hésitation ! C’était la propriété d'un ancien malfrat qui avait dévalisé une banque, et qui était reparti avec un butin de 23 millions de livres sterling*.

    Ce château, abandonné après le meurtre de ce truand, m'a laissé un souvenir inoubliable. Je m'y suis sentie immédiatement à l'aise, attirée, comme si j'étais chez moi. En quittant cet endroit, j'ai pensé à ce château tous les jours pendant six mois. Il y a des lieux qui marquent ainsi, sans que l'on sache vraiment pourquoi…

    * Le château de la Poupelière, à Sainte-Honorine-la-Chardonne, près de Flers dans l’Orne, a longtemps appartenu au gangster anglais John Palmer, alias « Goldfinger », assassiné en 2015. Celui-ci aurait recelé des lingots d’or.  A l’abandon durant près de dix ans, devenue au fil des années un haut lieu de l’exploration urbaine (urbex), cette bâtisse du 18ème siècle a été rachetée en 2023.

    Parlons maintenant un peu technique. Avais-tu déjà des connaissances en audiovisuel ou en informatique avant de te lancer ?

    Absolument aucune, du moins dans le domaine audiovisuel. Je me suis formée seule et j'ai appris le montage vidéo en suivant des tutoriels ! J'ai regardé des formations pendant des semaines entières, sans rien faire d'autre, puis j'ai mis en pratique ce que j'avais appris. Ensuite, j'ai apporté ma touche personnelle à mes vidéos.

    En enquête, quel matériel emportes-tu pour détecter les manifestations paranormales ? Et quelle est son utilité ?

    On peut dire que j'ai cassé ma tirelire ! Le matériel paranormal coûte extrêmement cher et, de plus, il est compliqué à trouver. Lors de mes enquêtes, j'utilise principalement le K2, un appareil qui détecte les variations de lumière lorsqu’une entité le touche ou s'en approche. Il émet un son en fonction de l'intensité du ressenti de l'entité.
    J'apprécie également beaucoup la Ghost Box et la Spirit Box, qui sont des appareils similaires, mais l'une est plus récente et améliorée que l'autre. Ces deux outils permettent de capter des ondes radios et de les faire défiler à grande vitesse. Les entités construisent des réponses sous forme de puzzle en fonction des mots qu'elles choisissent parmi ces ondes radios.
    Il y a aussi les baguettes de sourcier et le laser vert, qui permettent de projeter des faisceaux lumineux pour détecter le passage d'une entité, un peu comme lorsqu'on fait des ombres chinoises avec les mains. Il y a bien sûr d'autres outils, mais ce sont principalement ceux-là que j'utilise.

    Pour finir, y-a-t-il quelque chose que tu voudrais ajouter ?

    J'espère pouvoir, à travers mes enquêtes sur ma page YouTube ELLENIUM, apporter un début de réponse aux nombreuses questions que se posent les gens. Le paranormal en France est encore tabou, comme je le constate souvent lors des salons du paranormal auxquels je participe régulièrement avec toi. Les gens viennent discrètement pour partager leurs expériences vécues, car lorsqu'un tel événement survient, il est difficile d'en parler. Ainsi, j'espère, à travers mes vidéos, contribuer à éclairer ce monde mystérieux qui ne cesse jamais de nous surprendre !

    Merci à toi Ellen !

    > Pour découvrir les enquêtes d’Ellenium : https://www.youtube.com/@Ellenium.paranormal

    > Mon interview vidéo par Ellenium

  • Conférences et salons/dédicaces 2024/25

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    Voici mes interventions prévues pour la saison 2024/25. Je me réjouis de vous retrouver dans l'un de ces événements !

    2024

    • 28/29 septembre : Salon du Paranormal d'Aix-en-Provence
    • 5/6 octobre : Salon du Paranormal de Rennes
    • Samedi 19 octobre : salon du Paranormal de Chalon en Champagne
    • Dimanche 20 octobre : Salon de l'Esotérisme de La Chapelle-Rablais (77)
    • 26/27 octobre : 3ème Conférence Ufologique de Montsoreau (Maine-et-Loire) 
    • Du 31 octobre au 3 novembre : Salon du Paranormal de Paris
    • 16/17 novembre : Salon du Paranormal de Bertrix (Belgique)
    • Samedi 23 novembre : Rencontres du Mystère et de l'Inexpliqué de BTLV à Paris
    • Dimanche 24 novembre : Salon du Paranormal de Reims - à confirmer
    • 7/8 décembre : Salon du Livre de Boulogne (92) - à confirmer

    2025

    • 25 et/ou 26 janvier : Conférence à Angoulême
    • 1er/2 février : Salon du Paranormal de Dunkerque
    • 8/9 mars : Salon du Paranormal de Toulon
    • 15/16 mars : Salon du Paranormal de Valenciennes
    • 29/30 mars : Salon du Paranormal d'Avignon
    • 5/6 avril : Salon du Paranormal de Carcassonne
    • 12/13 avril : Salon du Paranormal de Nantes
    • 17/18 mai : Salon du Paranormal de Toulouse
      Et d'autres encore à venir !

    Dans tous les cas, vous pouvez me retrouver sur BTLV pour la Libre Antenne tous les 15 jours le mercredi à 19h ainsi que tous les mois pour un dossier inexpliqué (réservé aux abonnés).

    Vous pouvez aussi écouter de nombreux Dossiers sur la plateforme de podcasts d'Europe 1.

    Et vérifiez vos programmes TV pour des diffusions ou rediffusions d'émissions d'Enquêtes Paranormales ou des Secrets du Paranormal sur C8 ou TMC ! 

  • Clinton Road, une route maudite ?

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    En mars 2020, peu avant la période de confinement, j'ai enregistré un Dossier Inexpliqué pour BTLV consacré aux routes maudites. En voici un extrait que j'ai enrichi de photos et d'anecdotes complémentaires.

    Lorsqu'on pense à des lieux maudits, on imagine tout de suite des édifices clos (châteaux, ponts, cimetières…) ou des sites naturels (montagnes, forêts, lacs…) mais moins des voies de circulation. Pourtant, certains chemins, routes, autoroutes ont vraiment une sale réputation. Prenez, par exemple, cette route des Etats-Unis : Clinton Road.

    3. Dead-Mans-Curve.jpgCette route est située dans le New Jersey, à West Milford dans le comté de Passaic. Longue d’une grosse quinzaine de kilomètres du nord au sud, Clinton Road est tout ce qu’il y a de normale… en apparence. Elle n’est pas considérée comme particulièrement dangereuse ou accidentogène. Il y a bien un virage plus risqué que les autres, qui s’appelle d’ailleurs la Courbe de l’Homme Mort (voir photo), mais on n’y enregistre pas d’accident.

    Clinton Road doit également sa notoriété au fait qu’elle détient le feu de circulation le plus long de tous les Etats-Unis : à son extrémité sud, au croisement de la route 23, les usagers doivent attendre 5 minutes en tout, les planificateurs ayant « sacrifié » Clinton Road au profit de la route 23 afin de minimiser les embouteillages aux heures de pointe.

    Clinton Road map.JPGAu-delà de cette anecdote, cette route du New Jersey est en fait réputée pour d’autres raisons. Il s’y produirait, semble-t-il, toutes sortes de phénomènes étranges qui, au fil des années, ont forgé la sale réputation de la route. Au point d’être surnommée la route la plus hantée des Etats-Unis !

    Tout un folklore local s’est ainsi rattaché à cette route. Il faut dire qu’elle traverse une partie plutôt sauvage et peu habitée du New Jersey. Une sorte de grande tâche verte au milieu des zones urbaines. Il suffit de regarder son tracé sur Google Maps pour s’en rendre compte. Pas de village, quelques riverains ici et là, et c’est tout.

    Clinton Road.JPG

    Parcourir Clinton Road, surtout de nuit, c’est d’une certaine manière quitter provisoirement la quiétude rassurante de la civilisation. En tout cas, toutes sortes de rumeurs circulent, on dit que le long de la route ont eu lieu des rassemblements de sorcières, de confréries satanistes et même du Ku Klux Klan !

    Il est vrai qu’il a existé près de Hank’s Pond à l’est de Clinton Road un étrange édifice, le Cross Castle. Bâti en 1907 par un retraité richissime du nom de Richard James Cross pour sa femme et ses trois enfants, cet édifice de 40 pièces est tombé en ruine plus tard au XXème siècle, partiellement détruit par un incendie

    clinton24.jpgAbandonné, il est devenu une destination prisée par les randonneurs et les adolescents en quête d’émotions fortes ou d’un endroit isolé pour faire la fête.

    Selon Weird NJ, il se passerait des phénomènes étranges à l’intérieur ou près du site du château. Des visiteurs seraient saisis de convulsions ou auraient des visions troublantes. Sur les murs intérieurs du château, des symboles sataniques apparaîtraient de temps à autre, notamment dans des parties... hors d'atteinte des visiteurs.
    Considérées comme une nuisance par les autorités, les ruines du château ont été rasées le 28 juillet 1988 par le service des eaux de Newark mais il demeure encore possible d’accéder aux fondations du château par un chemin.

    Clinton_Road_ore_smelter.jpgUn autre édifice qui attire les curieux, c’est le Clinton Furnace, au croisement de Clinton Road et de Old School Road. Certains, trompés par cette structure en pierre conique, l’ont pris pour un temple druidique où les druides locaux pratiquaient des rituels secrets qui ne devaient pas être vus par les communs des mortels.
    Pure légende, bien entendu.
    En réalité, il s’agit des restes d’une ancienne fonderie de fer (voir photo) construite en 1826. Les autorités du New Jersey l’ont fait inscrire comme monument historique sur le National Register of Historic Places le 18 juin 1976.
    De nos jours, le Clinton Furnace est protégé par une clôture afin d’empêcher les curieux de trop s’en approcher et de éventuellement se blesser.

    Pour les gens de la région, Clinton Road serait aussi l’endroit où la mafia locale (les cousins des Sopranos ?) viendrait se débarrasser des corps de ses victimes. Cette réputation non attestée proviendrait d’une seule affaire criminelle, sordide et authentique, qui s’est déroulée en 1983.

    Clinton Rd Google maps.JPGCette année-là, en mai, un cycliste qui arpentait la route découvre un corps humain après avoir aperçu un vautour en train de s’agiter dan l’un des bois qui bordent Clinton Road.
    L’autopsie révèle que l’homme est mort d’un acte criminel et chose étrange, on découvre des cristaux de glace dans les vaisseaux sanguins irriguant son cœur. Ses organes internes se sont également décomposés plus lentement que sa peau. Les médecins légistes en concluent que le corps a été gelé après sa mort pour faire croire aux enquêteurs qu’il est décédé plus tardivement que dans la réalité.

    La victime est identifiée comme gravitant autour des activités de la mafia du comté de Rockland et l’enquête mène finalement en 1986 à l’arrestation d’un homme originaire du New Jersey, Richard Kuklinski, très vite surnommé The Iceman, qui avoue être l’auteur du crime.

    Pick up noir.JPGCôté paranormal, ce n’est pas triste non plus entre les prétendues apparitions de fantômes et de créatures étranges.

    L’une des histoires que l’on raconte le plus souvent, c’est celle d’un mystérieux pick-up noir qui surgirait la nuit, prendrait en chasse les automobilistes isolés, en leur faisant des appels de phare et en essayant de les expulser de la route, pour finalement disparaître comme par magie. 

    6. Camaro.jpgDans le même genre, on raconte que le fantôme d’une Camaro sillonnerait la route la nuit, pilotée par une jeune fille qui serait morte écrasée en 1988.Une simple mention de la fille ou de la Camaro la nuit en roulant sur Clinton Road est censée déclencher la manifestation paranormale… Si vous passez par là, vous pourrez toujours essayer !

    Sur cette route très spéciale, il est aussi question de créatures hybrides, étranges, de « chiens de l’enfer » et de singes, qui auraient été vus la nuit. Il se pourrait qu’il y ait une explication rationnelle à cela car dans les années 70, il y avait dans cette zone une sorte de parc d’attraction Jungle Habitat (fermé en 1976) dont une partie des animaux aurait pu fuir dans les bois et se reproduire en se croisant avec des espèces locales.

    4. Clinton-road.jpgIl n’en demeure pas moins que certains voyageurs dans la région rapportent avoir vu sur le bord de la route des gens habillés bizarrement qui regardent simplement ceux qui les voient et ne parlent pas. Parfois, ces personnes disparaissent ou ne sont apparemment pas vues par tous les témoins.

    On ne compte plus non plus les signalements de gens ayant ressenti un sentiment de malaise ou de peur grandissante lorsqu'ils roulaient sur la route, au point parfois de faire demi-tour.

    7. Pont Enfant Fantôme.jpgL’autre spot paranormal de la Clinton Road, ce serait l’un des ponts traversés, celui que l’on a baptisé le Pont de l’Enfant Fantôme (voir photo).
    Le fantôme en question serait celui d'un garçonnet qui s'y serait noyé alors qu'il nageait sous l'eau ou (selon une autre version) qui serait tombé alors qu'il était assis sur le rebord du pont.

    La légende voudrait que si on jette une pièce dans la rivière en contrebas à minuit, cet enfant mort la renvoie dans la minute…
    Dans certains récits, les témoins affirment avoir vu le petit garçon. Dans d’autres, le fantôme pousse le témoin dans l'eau si elle ou lui regarde un point précis du pont…Bref, ce n’est pas forcément un endroit où stationner longtemps.

    636328899467417528-tp3-8124881.jpgEnfin, parmi les histoires que l’on raconte, figure celle des fantômes de Terrace Pond, un lac perdu au milieu de la forêt et accessible en 45 minutes à l'est de Clinton Road par un sentier de randonnée.
    Une nuit qu’il campait avec des amis près de Terrace Pond, un homme fit la rencontre de deux gardes forestiers. Peu après, il apprit que les hommes en question étaient deux gardes morts accidentellement sur les lieux en 1939…

     

     

    Clinton Road entrance.JPG
    L'entrée nord de la route vers West Milford

    Arbre bizarre.JPG
    En remontant Clinton Road avec Google Maps, j'ai remarqué cet arbre étrange couvert de signes.
    Je penche pour un petit mémorial rappelant un accident de la route tragique (mais la route est droite...)

    Entrée riverain.JPG
    Un halo étrange que je ne m'explique pas, à l'entrée du chemin de l'un des rares riverains (photo Google Maps)

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  • Conférences et salons 2023/24

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    Voici mes interventions prévues en 2023 et au premier semestre 2024. Au plaisir de vous croiser au détour d'un événement !

    • Dimanche 16 avril : Salon du Paranormal à Bar-le-Duc (Meuse) terminé
    • Samedi 22 avril : Salon du Paranormal de Châteauroux (Indre) terminé
    • Samedi 17 juin : 2ème Conférence Ufologique de Montsoreau (Maine-et-Loire) terminé
    • Dimanche 27 août : conférence à Lestrem (Pas-de-Calais) terminé
    • Samedi 23 septembre : Conférence au Presbytère de David Galley (Haute-Marne) terminé
    • Samedi 11 novembre : Rencontres du Mystère et de l'Inexpliqué de BTLV à Paris terminé
    • Samedi 25/ Dimanche 26 novembre : Salon de l'Esprit et du Paranormal (à Baubigny près de Beaune, 21) terminé
    • Vendredi 1er décembre : soirée de l'étrange à Beaucamps-le-Vieux (Somme), entre Amiens et Abbeville. terminé

    Et en 2024 les dates suivantes :

    • Jeudi 18 janvier : soirée BTLV spéciale Ufologie à Paris avec Egon Kragel reportée
    • 3 et 4 février : Salon du Paranormal d'Arras terminé
    • 17 et 18 février : Salon du Paranormal de Valenciennes terminé
    • 30 et 31 mars : Salon du Paranormal d'Avignon terminé
    • Dimanche 7 avril : Salon du Livre de la Chapelle-Rablais (77) terminé
    • 14 avril : salon des Anomalies à Mondelange terminé
    • 15 et 16 juin : salon de Charleville-Mézières terminé

    Dans tous les cas, vous pouvez me retrouver sur BTLV pour la Libre Antenne tous les 15 jours le mercredi à 19h ainsi que tous les mois pour un dossier inexpliqué (réservé aux abonnés).

    Vous pouvez aussi écouter certains de mes Dossiers sur la plateforme de podcasts d'Europe 1.

    Et vérifiez vos programmes TV pour des diffusions ou rediffusions d'émissions d'Enquêtes Paranormales ou autres sur C8 ou TMC ! 

  • NON, Camille Monfort, la vampire de l’Amazonie, n’a jamais existé !

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    En juillet 2023, une histoire insolite inédite surgit sur le web et les réseaux sociaux. Celle d'une jeune femme à l'incroyable beauté (photo à l'appui) qui aurait vécu en Amazonie et aurait été une authentique vampire. 
    Si les internautes s'enflamment et prennent pour beaucoup ce récit sorti de nulle part et présenté comme une "légende" comme une histoire authentique, il s'avère en fait que c'est une pure fiction. Je vous explique pourquoi.

    L'HISTOIRE TELLE QU'ON LA RACONTE

    Commençons d'abord le récit de la légende de Camille Monfort, la "Vampire de l'Amazonie" (1896) tel qu'il circule de manière virale :

    En 1896, Belém s'enrichit en vendant le caoutchouc amazonien au monde entier, enrichissant du jour au lendemain les paysans qui construisent leurs riches demeures avec des matériaux venus d'Europe, tandis que leurs femmes et leurs filles envoient leurs vêtements se faire laver sur le vieux continent et importent de l'eau minérale de Londres pour leurs bains.

    Le "Theatro da Paz" était le centre de la vie culturelle en Amazonie, avec des concerts d'artistes européens. Parmi eux, l'un d'entre eux attirait particulièrement l'attention du public, la belle chanteuse d'opéra française Camille Monfort (1869-1896), qui suscitait des désirs inavouables chez les riches seigneurs de la région, et une jalousie atroce chez ses épouses en raison de sa grande beauté. Camille Monfort a également suscité l'indignation pour son comportement affranchi des conventions sociales de son époque.

    La légende raconte qu'on l'a vue, à moitié nue, danser dans les rues de Belém, alors qu'elle se rafraîchissait sous la pluie de l'après-midi, et la curiosité a également été attisée par ses promenades nocturnes solitaires, lorsqu'on l'a vue dans ses longues robes noires et fluides, sous la pleine lune, sur les rives du fleuve Guajará, vers l'Igarapé das Almas.

    Camille_00819144_0_.jpgBientôt, autour d'elle, des rumeurs se créent et des commentaires malveillants prennent vie.
    On disait qu'elle était l'amante de Francisco Bolonha (1872-1938), qui l'avait ramenée d'Europe, et qu'il la baignait avec de coûteux champagnes importés d'Europe, dans la baignoire de son manoir.
    On disait aussi qu'elle avait été attaquée par le vampirisme à Londres, à cause de sa pâleur et de son apparence maladive, et qu'elle avait apporté ce grand mal à l'Amazonie, ayant une mystérieuse envie de boire du sang humain, au point d'hypnotiser les jeunes femmes avec sa voix lors de ses concerts, les faisant s'endormir dans sa loge, pour que la mystérieuse dame puisse leur atteindre le cou. Ce qui, curieusement, coïncidait avec des rapports d'évanouissements dans le théâtre pendant ses concerts, expliqués simplement comme un effet de la forte émotion que sa musique produisait dans les oreilles du public.

    On disait aussi qu'elle avait le pouvoir de communiquer avec les morts et de matérialiser ses esprits dans des brumes éthérées denses de matériaux ectoplasmiques expulsés de son propre corps, lors de séances de médiumnité. Il s'agit sans aucun doute des premières manifestations en Amazonie de ce que l'on appellera plus tard le spiritisme, pratiqué dans des cultes mystérieux dans des palais de Belém, comme le Palacete Pinho.

    À la fin de l'année 1896, une terrible épidémie de choléra ravagea la ville de Belém, faisant de Camille Monfort l'une de ses victimes, qui fut enterrée dans le cimetière de Soledade.

    Aujourd'hui, sa tombe est toujours là, couverte de boue, de mousse et de feuilles sèches, sous un énorme manguier qui la fait plonger dans l'obscurité de son ombre, seulement éclairée par quelques rayons de soleil projetés à travers les feuilles vertes.
    Il s'agit d'un mausolée néoclassique dont la porte est fermée par un vieux cadenas rouillé, d'où l'on peut voir un buste de femme en marbre blanc sur le large couvercle de la tombe abandonnée, et attachée au mur, une petite image encadrée d'une femme vêtue de noir.

    Sur sa pierre tombale, on peut lire l'inscription :

    « Ci-gît Camille Marie Monfort (1869-1896) La voix qui a charmé le monde ».
    Mais certains affirment encore aujourd'hui que sa tombe est vide, que sa mort et son enterrement n'étaient rien d'autre qu'un acte visant à dissimuler son cas de vampirisme, et que Camille Monfort vit toujours en Europe, aujourd'hui à l'âge de 154 ans...

    L'EXAMEN DU RECIT

    Si les preuves attestant de l'authenticité de l'histoire sont introuvables, les éléments suspicieux sont assez nombreux pour nous mener vers le constat du récit complètement fictif.

    Les sources

    L’histoire est apparue du jour au lendemain sur le web et les réseaux sociaux autour de la mi-juillet 2023 via quelques posts Facebook et des vidéos Youtube/TikTok toutes publiées depuis des comptes ouverts pour la circonstance au Brésil. En général, c'est le signe d'une opération de création de contenus « fake ». Avant la mi-juillet, l’histoire de Camille Monfort n’existe tout simplement pas telle qu'elle est racontée.
    Très étrange pour une histoire censée être vieille de plus d'un siècle...

    A titre personnel, je n’avais jamais entendu parler de cette histoire. Certes, je n’ai pas la prétention de connaître toutes les histoires existantes dans le paranormal mais depuis que je fréquente ce milieu, j’en ai étudié des centaines (dont 70 ont fini dans mes livres). Et j’ai beaucoup de mal à imaginer qu'une telle histoire de vampire, aussi ancienne, m’aurait échappé, à moi ou à l’un de mes confrères auteurs.

    Le contenu du texte : quelles preuves ?

    Il n’existe absolument aucune preuve attestant de l’existence d’une Camille Monfort ayant vécu en Amazonie. Elle n'apparait nulle part dans les chroniques ou les récits sur le Brésil de la fin du XIXème siècle. Rien sur le personnage et rien non plus sur la tombe pourtant largement décrite et dont on pourrait imaginer qu'il en existe une photo crédible. 

    Je n’ai pas non plus trouvé la confirmation d’une épidémie de choléra à Bélem en 1896.

    En revanche, ce qui rend la «fiction» plus subtile, c’est que le récit mentionne quelques éléments authentiques comme le Théâtre Da Paz de Bélem, qui a réellement existé au 19ème siècle, le cimetière de Soledade où se trouverait la fameuse tombe, ou encore l'architecte brésilien Francisco Bolonha (1872 - 1938) qui voyagea beaucoup en Europe et qui fit construire le Palacete Bolonha à Bélem pour l’offrir en cadeau … à son épouse Alice Loureiro (née Tem-Brink).

    La photo

    Le récit est accompagné d’une photo prétendue être celle de Camille Monfort. Selon les publications, cette photo a été plus ou moins retouchée selon les supports, soit disant « pour en extraire les détails » (sic).

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    Certains ont même vu dans l’objet que tient la jeune femme un téléphone portable alors que cela ressemble davantage à un carnet. Au point d'affirmer que cette jeune personne était une voyageuse temporelle...
    Au bas de la photo figure le nom d'un studio de photo londonien qui existait réellement à la fin du XIXème siècle mais qui aurait brûlé au début du XXème siècle.

    Si la photo interroge,  c'est qu'elle semble en complet décalage avec le look attendu pour une femme de la fin du XIXème. La main gauche du modèle, également, a une forme bizarre qui fait penser aux restitutions visibles sur les créations d’images par des IA comme Midjourney. Si c'est le cas, cette image est une création artificielle et la jeune femme représentée n’existe même pas !

    D'OU PROVIENT CETTE HISTOIRE, ALORS ?

    En fait, il faut distinguer le récit de la photo qui l'accompagne.

    1) En réalité, Camille Monfort est un personnage imaginaire, inventé par un écrivain brésilien du nom de Bosco Chancen. Celui-ci, dont on ne sait pas grand chose, a publié en auto-édition en 2020 un roman intitulé "Após a Chuva da Tarde" ("Après la pluie de l’après-midi") ayant pour sous-titre : "La légende du chien fantôme du Palacete Bolonha".
    Photo roman.JPGCe roman a été publié sur Amazon en 2021 mais apparemment, il a été retiré de la vente car la page du livre n'est plus accessible en juillet 2023.
    Il s'agit d'un roman gothique qui se déroule dans l'Amazone brésilienne et qui met en scène des vampires européens invités par l'élite culturelle de Belem à des concerts au Theatro da Paz à la fin du XIXème siècle. Parmi ces Européens, le personnage d'une chanteuse lyrique très indépendante venue de France qui se bat pour le droit de vote des femmes et dont le comportement libre choqué la bonne société conservatrice de Belem, au point de donner naissance à la rumeur qu'elle serait un vampire. Une histoire de vampire en zone tropicale, en somme.

    2) Quant à la photo qui a fait beaucoup parler, étrangement, on la retrouve comme illustration de couverture d'une nouvelle de 25 pages intitulée "Chérie" publiée en auto-édition par l'auteur brésilien Philipe Kling David le 20 juillet, c'est-à-dire à la même période que l'apparition de l'histoire sur les réseaux sociaux. Curieuse coïncidence, non ?
    Nouvelle Cherie.JPGCette nouvelle, "Chérie", n'a rien à voir avec l’histoire de Camille Monfort. Elle évoque un carnet trouvé dans les ruines du manoir de Nanau en Angleterre dans lequel un jeune homme du nom de Floyd Treible Nanau exprimerait sa folle passion pour une femme mystérieuse qui a vécu comme invité de la famille au manoir de 1901 à 1902.

    De ce que l'on peut trouver sur Internet, Kling David est un auteur prolifique qui publie souvent en auto-édition et qui s'intéresse aussi au design et, tiens donc, à l'Intelligence Artificielle. 
    Je l'ai contacté par divers canaux (via son site web et Messenger) mais n'ai pas eu de réponse à ce jour : peut-être ne parle-t-il pas l'anglais ou bien ne veut-il pas répondre ? Mais il y a de très fortes probabilité qu'il soit à l'origine de la fameuse photo de Camille Monfort. Selon toute apparence, cette "photo" est une création via un outil d'IA du type Midjourney.

    Enfin, juste pour l'anecdote, le dernier trois-mâts barque français à coque acier, l'un des plus anciens trois-mâts en Europe en état de navigation et le second plus grand voilier restant en France s'appelle le Bélem et a été construit à Nantes en 1896, l'année de la mort de la fictive Camille Monfort.

    CONCLUSION

    L'absence totale de preuves et le fait que les éléments disponibles se retrouvent chez des auteurs de fiction brésiliens permettent de conclure à une histoire inventée de toutes pièces. Dès lors que le récit est très récent, on ne peut en aucun cas l'appeler "légende". 

    Voici un nouvel exemple récent de ces récits imaginaires qui mêlent réalité et légendes urbaines et que l'on range d'ordinaire dans la catégorie "réalisme fantastique". Peu fiables, rarement vérifiées, ces histoires peuvent être de bonne qualité littéraire mais hélas, elles sont souvent copiées et relayées par des internautes peu scrupuleux qui affirment sans jamais le prouver qu'elles sont parfaitement authentiques.

    Deux exemples, parmi d'autres, de légendes urbaines qui circulent toujours sur Internet :


    Reste à savoir qui a propagé cette histoire en juillet 2023 : est-ce l'un des deux auteurs précités, Bosco Chancen ou Philipe Kling David, dans le but de promouvoir son oeuvre littéraire ou attirer l'attention sur lui ? Ou bien une tierce personne qui a eu l'idée d'amalgamer un roman inconnu avec une photo trouvée ailleurs pour bâtir une histoire de vampire inédite ? Pour l'instant, ce point n'est pas complètement éclairci même si je penche pour Bosco Chancen.
    Mais l'essentiel est ailleurs : il importait surtout de démystifier cette histoire en lui niant toute authenticité. N'hésitez pas relayer le lien vers cet article si vous tombez en ligne sur cette histoire.

    Statut : fiction présentée à tort comme authentique. 

    Important : ce texte est sous copyright. Vous pouvez publier un lien dirigé vers cette page, mais il est formellement interdit de reproduire tout ou partie de cet article sans l'autorisation de l'auteur.

  • The Meadow Project : où se trouve le nouveau SkinWalker Ranch ?

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    Note de lecture de "The Meadow Project" par James Trey Hudson, éditions Flying Disk France, 2023.

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    Il existe ou existerait sur Terre des zones de haute étrangeté. Ces territoires insolites, parfois mal connus, parfois surmédiatisés, font l'objet d'une fascination permanente tant il abonderait en phénomènes inexpliqués et en manifestations paranormales. Cette curiosité pique toutefois davantage le grand public avide de sensations que le monde scientifique, dédaigneux de ces histoires extraordinaires souvent assimilées à des fariboles. 

    Nous connaissons tous certaines de ces zones, comme la zone 51 dans le Nevada, Point Pleasant en Virginie Occidentale, mais aussi le col de Vence en France, la Zone du Silence au Mexique ou la vallée d'Hessdalen en Norvège. Ce qui se passe au Skinwalker Ranch dans l'Utah a fait les choux gras du milieu du paranormal, conférant à ce site une réputation semi-légendaire. En 2020, j'ai eu aussi l'occasion d'évoquer sur BTLV le "Cimetière du Diable", une vaste clairière en Sibérie connue pour ses phénomènes défiant l'entendement.

    AURAIT-ON DECOUVERT UNE NOUVELLE ZONE DE HAUTE ETRANGETE ?

    C'est en tout cas ce qu'affirme James Trey Hudson dans son livre "Meadow Project", paru tout récemment en français aux éditions Flying Disc France. 
    OIP.jpgCet auteur est un militaire au CV long comme le bras qui a surtout travaillé moins sur le terrain que dans le renseignement militaire de la fin des années 80 aux années 2000. Il possède aussi différentes cordes à son arc puisqu'il est aussi opérateur radio-amateur, secouriste, sauveteur et plongeur de combat ainsi que spécialiste certifié en gestion des urgences militaires. 

    Mais en l'occurrence, et c'est cela qui nous intéresse au premier chef, Hudson est aussi le directeur fondateur de l’Oxford Paranormal Society (rien à voir avec le Oxford anglais, c'est en Alabama) et du groupe d’études et d’observation des phénomènes anormaux. A ce titre, il se passionne depuis un moment pour les ovnis et tout le folklore américain du paranormal dont les fameux Big Foot. Il s'est aussi initié au Remote Viewing, une technique de perception extrasensorielle censée permettre à une personne d'accéder à des informations ou des événements éloignés dans l'espace ou dans le temps sans avoir de contact direct avec eux. Bref, on est loin du sceptique et on est plutôt en face d'un homme très ouvert d'esprit sur les choses de l'invisible.

    LA DECOUVERTE DE LA PRAIRIE 

    Lors de ses rencontres au milieu des années 2010, Hudson entend parler d'un endroit un peu particulier, situé dans une zone reculée d'un parc national américain, dans laquelle il se passerait des phénomènes étranges. On lui parle d'observations d'ovnis, de présence de Big Foot, d'anomalies magnétiques, etc. 
    Intrigué, Hudson réunit autour de lui une petite équipe composée d‘anciens combattants des opérations spéciales et du renseignement, d’agents des forces de l’ordre, d’ingénieurs, d’employés du gouvernement, d’infirmiers, d'auxiliaires médicaux, etc.  Dans le livre, seul l'auteur est dévoilé (nom et photos), tous les autres sont anonymes (juste un prénom et une initiale), même si les photos de l'équipe ne masquent guère leur visage...
    Tous ensemble, avec à chaque fois une équipe légèrement différente et quelques "pièces" rapportées (potes de rencontre, petite amie du moment...), ils vont effectuer plusieurs séjours entre 2015 et 2019 dans cette zone qui va être vite baptisée "The Meadow "(La Prairie). 

    DES PHENOMENES TROUBLANTS

    Les séjours en camping dans le cadre du "Meadow Project" font l'objet d'une logistique quasi-militaire : on s'y prépare des semaines à l'avance, on emmène du matériel d'observation de plus en plus sophistiqué et on essaie d'appliquer des techniques d'enquête perfectionnées.
    Chaque passage dans The Meadow donne lieu à des compte rendus précis car la petite tribu n'est que rarement déçue : lors de chaque sortie, Hudson et ses coéquipiers sont les témoins d'incidents incompréhensibles comme des distorsions temporelles et visuelles, des apparitions d’entités, des observations fugaces de cryptides, des cubes volants, des boules de lumières flottantes qui semblent les suivre, des murmures venus de nulle part, etc. Il s'en passe de drôles la nuit dans ce coin perdu d'Amérique !
    Le livre est en fait la compilation de toutes ces expéditions, avec une tentative d'aller un peu plus loin en fin d'ouvrage.

    CE QUE J'EN PENSE

    Il faut davantage voir ce livre comme un livre d'aventures en pleine nature que comme un livre de chercheur en paranormal. 

    Sur le plan littéraire, n'en attendez rien. Hudson n'est pas un écrivain, il n'a pas de style, ses descriptions sont plates, taillées à la serpe et dénuées de tout sentiment. Le traducteur français a dû s'arracher les cheveux tant il y a de redondances et de phrases totalement hasardeuses. Mais on n'est pas là pour faire dans le bucolique ! 
    Hudson excelle en revanche à rédiger des rapports qui ressemblent à des procès-verbaux (on voit son expérience dans l'armée) avec la description précise de qui fait quoi à chaque moment. Votre imagination fera le reste !

    Sur l'intérêt du livre et la démarche mise en oeuvre, je reste mitigé, ne sachant pas quoi en penser au final. Si vous avez l'esprit un tant soit rigoureux et critique, vous vous dites que malgré l'accumulation de faits insolites au fil des sorties, il n'y a à peu près rien qui ne puisse pas être expliqué rationnellement dans les (trop ?) nombreuses observations faites par Hudson et son équipe. 
    Beaucoup de ces faits ne sont que des interprétations personnelles (souvent d'une seule personne isolée) et les rares documents objectifs enregistrés (captures d'écran de caméras thermiques très floues, bruits étranges, etc.) peuvent être tout et n'importe quoi. Je ne peux donc pas confirmer que l'intégralité de ce qui est rapporté est authentique.
    De plus, je suis un peu gêné du biais fréquent dans le livre de conclure à un phénomène paranormal alors qu'on a pas pris en compte toutes les explications possibles (je pense, entre autres exemples, aux bruits de chute dans l'eau entendus au bord du lac la nuit. Penser immédiatement à des Bigfoot qui font trempette n'est-il pas un peu hâtif ?).
    Durant ma lecture, j'ai d'ailleurs remarqué que la faune animale était peu évoquée alors que c'est elle qui est à l'origine de la plupart des bruits qu'on entend en forêt la nuit.

    Si vous êtes plus indulgent, vous pouvez être malgré tout fasciné par cette mini-épopée en forêt dans une zone inconnue qui rappelle les bons films d'angoisse que vous adoriez lorsque vous étiez adolescent. C'est effectivement intrigant de voir tous ces "phénomènes" déconcertants auxquels Hudson et son équipe vont être confrontés. Ils ne verront pas d'ovnis ni de Bigfoot mais vont témoigner de la présence d'entités et de sensations personnelles étranges et subjectives comme des "temps manquants". 

    En tant qu'historien de l'étrange, j'ai été très étonné de deux choses, pour une équipe présentée comme très expérimentée :
    - les actes manqués ou incompréhensibles à plusieurs reprises lors des explorations de la Prairie, comme l'oubli d'appareils majeurs, les enregistrements mal effectués ou le fait de laisser des membres de l'équipe seuls à un endroit (et, comme par "hasard", il va leur arriver des trucs étranges dont ils seront les seuls à témoigner... sans la moindre preuve).
    - l'absence totale d'analyse à froid des expéditions après les sorties : n'y-a-t-il vraiment rien à mesurer, comparer, étudier dans ce qui a été filmé ou enregistré ? Apparemment non (ou on ne veut pas nous le dire), puisque Hudson et ses amis attendent juste l'occasion de retourner sur place quelques mois plus tard pour une nouvelle partie de camping.
    Hudson tente bien d'élargir le propos en fin d'ouvrage mais en nous proposant quelques théories sur la vie extraterrestre que l'on a déjà lues mille fois ailleurs et qui semblent complètement décalées par rapport au récit qui précède.

    Le +
    Un livre qui traite d'un sujet original, qui n'est pas déplaisant, qui a le mérite de stimuler l'imagination et qui donne l'envie d'aller voir par soi-même ce qui se passe en réalité dans cette zone. Et ce n'est pas rien ! 

    Le -
    Un livre de témoignages surtout mais pas d'analyse, l'absence d'éléments objectifs probants, des redites et des incohérences dans les faits rapportés.

    FAUT-IL LE LIRE ?
    Oui, pour découvrir un sujet inédit qui sort des sentiers battus et se forger son propre jugement... mais sans prendre tout ce qui est raconté pour argent comptant.

    OK, ET OU SE TROUVE THE MEADOW ?

    C'est la grande question, non ?
    Selon Hudson, la localisation précise est gardée secrète à ce jour en vue de protéger le site de toute visite inopportune. L'auteur veut bien partager avec le monde ce qui s'y déroulerait mais il ne veut pas qu'on vienne piétiner la Prairie pour y pique-niquer. 
    Je peux le comprendre et je ne vais pas dévoiler l'emplacement précis de cette zone... même si je le connais !

    Il est suggéré dans le livre que The Meadow serait dans une zone très proche du légendaire ranch Skinwalker de l’Utah. Je peux vous certifier que c'est complètement faux ! A partir des indices disséminés dans le livre (et quelques remarques trouvées sur un blog qui orientait la recherche), j'ai concentré mes recherches sur Google Maps sur une zone des Etats-Unis somme toute logique afin de repérer The Meadow. 
    Il m'a fallu environ deux heures d'observation attentive pour localiser la zone avec la forme du terrain quasi-identique aux cartes sommaires figurant dans le livre. Certes, James Trey Hudson a modifié tous les noms (parc national, rivière et lac, campings) mais une fois le terrain identifié, toute la topographie locale autour de la zone résonne avec le contenu du livre.

    Voici, pour comparer, la carte sommaire de The Meadow dans le livre et la capture d'écran que j'ai faite sur Google Maps. Frappant, non ? 

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    J'ai fait part de ma découverte avec les coordonnées de l'emplacement exact de La Prairie à Jean Librero, représentant de Flying Disk France, que je remercie au passage de m'avoir adressé un exemplaire de ce livre.

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  • L'effrayant Cimetière du Diable (Russie)

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    Le cimetière du Diable, ce n'est pas un cimetière tel qu'on l'entend avec ses rangées de tombes et de mausolées.
    Non, c'est juste une prairie.... Mais une prairie très particulière, qui prend la forme d'une clairière circulaire au milieu d'une forêt de Sibérie.
    Une prairie sur laquelle la végétation est rare, les seules branches d'arbres que l'on peut y voir ont l'air carbonisé. On y trouve aussi des restes d'oiseaux et d'animaux mais ceux-ci, pour une raison inconnue, ne se décomposent pas. Aucun bétail ne vient s'ébattre dans cette prairie et les quelques humains qui vivent à proximité prennent bien soin de s'en écarter.

    Cimetiere du Diable Google Maps.jpgIl est vrai que cette prairie peu engageante traîne avec elle une sale réputation. J'ai eu du mal à la retrouver sur Google Maps parce que c'est juste une tache claire au milieu d'immenses massifs forestiers.
    C'est un euphémisme de dire qu'on est à l'écart du monde. Cette zone se trouve dans le district de Krasnoïarsk, en pleine Sibérie, au centre de la Russie et au nord de la Mongolie. C'est quasiment inhabité et extrêmement sauvage. Il y a une petite localité à proximité, mais Krasnoïarsk, la ville principale est à 800 km ! Comme il y a très peu de routes, il faut environ 12 à 13 heures pour s'y rendre avec un véhicule. Quant à la capitale Moscou, elle est à environ 5000 km de là.
    Bref, c'est très loin et dans toute la région de Krasnoïarsk, on considère cette zone comme l'endroit le plus effrayant de toute la Russie. Les gens l’appellent "Le Cimetière du Diable" (ou parfois la "clairière du diable" ou "la clairière de la mort" tout un programme !).

    La première mention de ce lieu inquiétant remonte au début de 1920. Un paysan, Semyon Polyakov du village de Karamyshevo, a raconté récemment comment son grand-père menait un petit troupeau de wapitis dans la taïga lorsqu'il est tombé par hasard sur cette prairie étrange. Sous ses yeux, plusieurs wapitis se sont écroulés nets sur le sol qui était chaud, comme brûlé.
    Par la suite, on a déplacé le chemin pour contourner largement cette zone car tous les éleveurs craignaient que leur bétail ne meure à l'approche du site. Mais il y a eu quand même une mortalité massive chez les bovins des villages voisins de Kostino, Chemba et Karamyshevo.

    A la fin des années 1920, un expert en bétail du nom de Semchenko s'est intéressé à la clairière du diable. Au centre de cette prairie, il y aurait une sorte de trou (qu'on ne voit pas, pourtant, sur les rares photos de l'endroit). Il a laissé tomber une corde dedans, sur plusieurs dizaines de mètres, mais elle n'a pas atteint le fond. Semchenko a remarqué que des oiseaux morts gisaient près du trou et que leur chair était d'une étrange couleur pourpre. Certains, dans la région, ont dit qu'ils avaient la peau qui scintillait...

    Par la suite, le gouvernement communiste a inventé une sombre histoire de tombes de démons, pour dissuader la population locale très superstitieuse de s'en approcher.
    Ce qui terrifie les gens du coin, c'est que dans cette clairière il n'y a rien de vivant, tout périt, des plantes aux animaux et aux gens.
    Mais ce n'est pas tout : il faut aussi parler de la centaine de personnes qui auraient disparu dans la zone depuis les années 30. Tous, et cela comprend au moins trois groupes organisés, le dernier en 1992 (un groupe de touristes de la ville de Nabarezhnye Chelny) se sont volatilisés et n'ont jamais été retrouvés. Sans doute se sont-ils perdus ou sont-ils morts de froid...
    Ces disparitions ont eu lieu en grande partie dans les années 80-90 lorsque le sujet a été abordé dans des revues russes et que cela a attiré les amateurs de mystère.

    L'endroit est très difficile d'accès, pendant une période courte dans l'année en raison du froid. Une fois sur place, il faut traverser la taïga, des pentes raides couvertes de bouleaux et de tourbières.  Et si par chance vous parvenez à vous y rendre, les guides locaux refuseront de s'approcher de la prairie à moins de 2 ou 3 kilomètres. Soit vous continuez à vos risques et périls, soit vous faites demi-tour.
    Quelques courageux qui ont fait une visite expresse ont raconté qu'ils avaient développé sur place de violents maux de tête, des nausées et une anxiété inexplicable.

    Cimetière du Diable 2.jpgEn 1991, une expédition de la ville de Vladivostok est partie à la recherche du cimetière du Diable. L’un des participants, Alexander Renpel, a décrit la situation : "l'aiguille de ma boussole était figée et pointait vers le Nord seulement. Le soir, les gens du groupe ont eu des picotements dans tout le corps, certains ont eux des maux de dents. Tout le monde se sentait mal et inquiet. En début de soirée, nous nous sommes approchés de la prairie. Nous avions un poste de radio qui a crépité et qui s'est éteint, nous avons préféré faire demi-tour".

    Deux autres expéditions montées par le groupe de recherche Phénomenon n'ont pas eu plus de succès. A chaque fois qu'elles s'approchaient de la prairie, tout leur équipement (téléphone, radio, caméras) tombait en panne et elles n'ont pas pris le risque de continuer.
    C'est comme si l'endroit se mobilisait pour repousser tous les intrus. Ils ont juste trouvé les ruines d'un vieux moulin à eau dans la forêt, le long d'un cours d'eau, dont ils ne s'expliquent pas la présence car loin de tout, à plus de cinq ou six kilomètres du premier village. Ce moulin aurait été construit dans les années 20, justement au moment où le phénomène aurait commencé. Il y avait donc quelqu'un dans le coin à cette époque...

    Quelles explications ?

    Dans les documents déclassifiés de l'Académie sibérienne des sciences, il est avancé l'hypothèse que la mort des plantes et des animaux pourrait être due à des oscillations acoustiques à basse fréquence et des chocs sismiques brefs mais fréquents. Sans pour autant qu'il y ait des preuves ou des mesures scientifiques de ces phénomènes.

    Ce qui est dit sur les oiseaux dont la peau "scintillerait" pourrait faire penser à une contamination radioactive (la chute d'un missile à cet endroit, par exemple) mais apparemment on n'y aurait enregistré aucune radioactivité.
    Le gouvernement soviétique qui, manifestement, n'appréciait pas les curieux, a-t-i procédé à cet endroit à un test chimique ? Et si oui, lequel dans les années 1920 ?

    Dans les années 1980, Victor Zhuravlev, professeur de physique et de mathématiques, membre du département sibérien de l’Académie des sciences de l’URSS, a suggéré qu’un feu de charbon souterrain brûle en permanence sous le Cimetière du Diable. En cas de manque d’oxygène, la combustion du charbon s’accompagne de l’émission de gaz de monoxyde de carbone incolore et inodore qui empoisonne les organismes vivants. Ce qui pourrait expliquer les maux de têtes et autres maladies signalées sur place.
    Mais est-ce que cela expliquerait cette forme ovale de la prairie ? Et surtout, cela ne permet pas de comprendre pourquoi les instruments tombent en panne et les disparitions dans cette zone.

    800px-Tunguska_event_fallen_trees.jpgUne autre théorie, que je trouve très intéressante, relie le Cimetière du Diable à la chute de la fameuse météorite de Toungouska en 1908. On sait que cette année-là, un corps céleste s'est écrasé dans la taïga en Sibérie, détruisant de vastes zones inhabitées. On pense qu'un morceau de cette météorite aurait pu s'écarter de sa trajectoire et venir frapper cette portion de la région, créant cette mystérieuse prairie aux propriétés si particulières.
    Cela aurait déclenché à cet endroit une altération du champ magnétique qui pourrait expliquer les maux de tête des visiteurs, les morts des animaux et des plantes et le fait que les instruments électroniques se détraquent.
    Reste que selon les archives de l’Académie sibérienne des sciences de l’ex-URSS, la sinistre clairière se trouve quand même à 400 km de l’endroit où la météorite de Toungouska a explosé et les premières histoires sur la prairie ont commencé à circuler vers 1920 et durant toutes les années 1920, soit plus de 12 ans après l'écrasement de la météorite. La première expédition scientifique sur place date de 1927.

    Bref, le Cimetière du Diable est un endroit sinistre, mortifère et mal connu, qui existe réellement et qui pourrait être une sorte de passage vers l'enfer... Les gens du coin ont même érigé des statues en bois pour dissuader les gens de s'y rendre.

    Et comme il n'y a pas de petit profit, il semblerait que certains entrepreneurs sans scrupules aient mis sur pied un faux "Cimetière du diable" à proximité du vrai, réclamant une fortune aux touristes naïfs pour atteindre cet emplacement, qui n’est d’aucune importance et tout à fait sûr.

    J'ai raconté cette histoire lors d'un live sur BTLV en avril 2020.

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  • "White Wall" : que signifie la fin de la série ?

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    Dans cette série finlando-suédoise (2020) qui traite d'un site minier qui doit servir à stocker des déchets nucléaires, on découvre au fond d'une galerie un mur formé d'une matière blanche inconnue. 
    Le spectateur curieux qui sera allé jusqu'à la fin du huitième épisode risque fort de demeurer perplexe : que signifie la fin ?

    Retour sur l'ultime épisode pour garder ses péripéties à l'esprit. Lars Ruud, le directeur de projets du site minier, plus malin que tout le monde, déniche une autre entrée qui lui permet d'accéder au mur blanc, rendu inaccessible par l'effondrement d'une galerie. Il se met à forer la matière blanche pour découvrir l'intérieur de ce qui ressemble à un énorme oeuf de deux cent mètres de haut. Il parvient à ses fins et une sorte de liquide s'échappe alors du trou. 

    Lars en récolte un échantillon dans une bouteille d'eau en plastique. Il le touche avec le doigt et ose même le goûter, ce qui lui occasionne un petit sourire. Il remonte à la surface, où il est attendu et arrêté à nouveau.

    Soudain, la bouteille contenant le liquide s'agite sur une table et le liquide en sort en un jet continu, sans que le niveau dans la bouteille ne baisse...

    Au même moment, l'ingénieure Helen et son fils Axel roulent sur la route qui surplombe le champ de déchets radioactifs prêts à être enfouis. Axel, passionné par une émission en direct sur Mars, interpelle sa mère : sur l'écran de l'iPad, tous deux voient comme des trombes d'eau jaillir de la surface aride de la planète rouge. Simultanément, devant eux, des geysers de liquide surgissent des profondeurs et viennent peu à peu recouvrir le terrain de stockage des cylindres nucléaires...

    Comment interpréter cette séquence finale ?

    En premier lieu, posons-nous la question : quel est ce liquide ? Tout porte à croire qu'il s'agit d'eau. Lars touche le liquide, le porte à sa bouche et sourit après l'avoir goûté. En tout cas, lui pense vraiment que c'est de l'eau. Tout ça pour ça...

    OIP 2.jpgSauf que... le liquide sort de la capsule perforée et se répand dans la mine, puis à la surface. Et de la bouteille en plastique de Lars commencent à jaillir des litres de liquide. Un liquide qui a tout l'air de se répandre de manière exponentielle et inarrêtable ! Et pas seulement sur Terre mais aussi sur la planète Mars...

    Ce qui empêchait justement le liquide de s'échapper, c'est cette énorme capsule creuse enfouie dans un sol immuable depuis des millions d'années. Composée à 96% de carbone, elle contient aussi 4% d'un élément inconnu que l'humanité n'a jamais vu. En perçant la capsule, Lars aurait complètement déréglé un écosystème qui s'est mis en marche. Et ce dispositif semble interconnecté car en perçant un trou, Lars a déclenché l'irruption du liquide sur Mars...

    OIP.jpgImaginez quelque part dans notre galaxie une civilisation intelligente très ancienne (qui d'ailleurs n'existe peut-être plus depuis des millions, voire des milliards d'années). Cette civilisation extraterrestre lointaine maîtrise des technologies hautement avancées et elle s'est mise en tête de créer la vie sur une multitude de planètes. Un défi ? Une expérience scientifique à l'échelle cosmique ? Toujours est-il qu'elle a disséminé ces capsules blanches en forme d'oeuf dans tout le système solaire, profondément enfouies telles des semences attendant de germer. Et cette intelligence d'ailleurs les actionne comme bon lui semble, comme le ferait un jardinier qui lance son arrosage automatique sur sa pelouse. Il y aurait là sous nos pieds, et à notre insu, un système interconnecté d'irrigateurs géants en veille, mais susceptibles de se déclencher plus ou moins automatiquement selon certains paramètres. 

    Qui sait, peut-être que ce sont ces capsules qui ont irrigué Mars voici des millions d'années avant qu'elle ne devienne la planète aride que nous connaissons ? Peut-être que ce sont ces capsules qui ont créé le fameux Déluge dont il est question dans la Bible ? Peut-être que ce sont elles qui ont amené sur Terre toute l'eau des origines (dont les scientifiques ne savent toujours pas d'où elles vient vraiment...)?

    Que veut cette intelligence extraterrestre ? A supposer qu'elle existe encore, ses buts nous sont probablement incompréhensibles. Peut-être cultive-t-elle des planètes comme nous cultivons nos jardins, avec leur flore et leur faune. Aux yeux de cette intelligence supraterrestre, nous ne serions alors que des insectes de surface, guère plus passionnants que des cafards. Ce qui nous rapproche du thème du "zoo cosmique" cher à de nombreux auteurs de science-fiction.

    A partir de là, comme la fin de la série est ouverte, on peut imaginer tous les scénarios : le liquide noie les déchets nucléaires, le percement de la capsule crée une réaction en chaîne et ce sont des centaines voire des milliers de capsules similaires qui s'activent partout dans le monde... Le liquide submerge toute l'humanité et c'est le début d'un nouveau cycle de vie pour la Terre débarrassée de l'espèce humaine, alors que la vie naît ou renaît sur Mars... A moins que les extraterrestres, invisibles dans toute la série comme ils le sont dans le film 2001, l'Odyssée de l'Espace, ne décident d'envoyer une mission de reconnaissance pour comprendre l'incident de la mine...

    Déconcertante de prime abord, la fin de la série White Wall ouvre en fait des perspectives vertigineuses sur notre nature profonde et sur la précarité de notre environnement. Il serait temps de faire plus attention à notre or bleu.

    La série est disponible gratuitement dans le replay d'Arte.

    A lire pour aller plus loin :

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  • MH370 : "C'est une affaire de pilote" (Gilles Diharce)

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    A l'heure où je publie cet article, voici neuf ans, jour pour jour, que le vol MH370 a disparu des radars. Malgré des fouilles intensives et de multiples hypothèses, on ne sait toujours pas depuis 2014 ce qui est est advenu de ce Boeing 777 immatriculé 9M-MRO qui volait de Kuala Lumpur en Malaisie vers Pékin en Chine, avec 227 passagers et 12 membres d'équipage.

    C'est pourquoi il m'a paru utile de faire le point avec un spécialiste de l'univers aérien, Gilles Diharce, auteur d'un livre de référence sur cette affaire qu'il suit depuis son début.

    Lire la suite

  • Conférences et dédicaces 2022

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    Pour répondre à plusieurs demandes, voici mes interventions prévues en 2022.
    Au plaisir de vous croiser sur la route :-)

    2022

    • 13 et 14 mai : Rencontres du Mystère et de l'Inexpliqué de BTLV à Lyon reporté
    • 28 mai : salon du Mieux Vivre et de l'Inexpliqué à Metzervisse (57) a eu lieu
    • 10-11 septembre : Salon Officiel de l'Etrange à Dijon a eu lieu
    • 23 septembre : Soirée du Paranormal à La Couture (62) a eu lieu
    • 1er/ 2 octobre : Le Petit Salon de l'Esotérisme et du Paranormal de Château-Arnoux (04) a eu lieu

    2023

    • 23-24 avril : Salon Officiel de l'Etrange à Dijon

    D'ici là, vous pouvez aussi me retrouver sur BTLV pour la Libre Antenne tous les 15 jours le mercredi à 19h ainsi que tous les mois pour un dossier inexpliqué (réservé aux abonnés).

    Et vérifiez vos programmes TV pour les diffusions d'inédites ou rediffusions des numéros d'Enquêtes Paranormales sur C8 ou Cstar !

  • Mount Vernon : fantôme ou pareidolie ? A vous de juger !

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    Durant mon séjour à Washington D.C. en partie consacré à une enquête sur les fantômes locaux pour BTLV, je suis allé visiter le 4 juin 2022 Mount Vernon, la propriété historique du premier président des Etats-Unis, George Washington (1732-1799). 
    Situé en Virginie dans le comté de Fairfax, à une trentaine de kilomètres au sud de Washington, cet immense domaine sur les rives du Potomac est ouvert au public toute l'année et il faut près d'une journée pour le parcourir entièrement, en y associant le musée. 
    Si vous souhaitez en apprendre davantage sur Mount Vernon, je vous renvoie à sa fiche Wikipedia

    Mount Vernon 2.jpg

    Ma visite était avant tout historique, même si je n'ignorais pas que la plantation, et en particulier la résidence principale, avait été le théâtre de nombreuses observations paranormales, le plus souvent de la part des guides interprètes qui accompagnent les visiteurs.
    Le site officiel du domaine propose d'ailleurs de nombreux témoignages à ce sujet

    Tombes.jpg

    En milieu d'après-midi, vers la fin de ma visite et avant de passer voir le musée pour profiter de son air climatisé, je suis allé voir les tombes de George et Martha Washington, au sud-ouest de la résidence.

    Puis, j'ai suivi le sentier qui mène au mémorial du cimetière des esclaves, une zone longtemps ignorée (voir plus bas). Car, on l'oublie souvent, George Washington, l'un des pères fondateurs de la nation américaine, possédait des esclaves comme tant de propriétaires terriens comme lui.

    download.jpg


    Cette zone forestière est un émouvant sanctuaire qui rappelle l'existence de tous ces hommes et ces femmes afro-américains privés de liberté qui ont travaillé toute leur vie au service de leur maître. Le public doit se tenir au niveau du mémorial et peut juste regarder en direction du fleuve, vers la clairière où se trouve le cimetière. De loin, on distingue sur le sol les contours plus clairs de quelques vieilles tombes.

    A ce moment, alors que je contemple cette scène, je ressens le besoin, pour ne pas dire la nécessité, de la prendre en photographie. Ce n'est pas une voix qui me le demande, juste une forte intuition : je dois prendre une photo de cet endroit, même si d'un point de vue purement esthétique, le point de vue ne présente pas un intérêt majeur. Une impression curieuse, qu'aujourd'hui je ne comprends toujours pas.

    Voici la photo que je prends.

    Photo originale.jpg

    La visite se poursuit, en passant par le musée à la fraîcheur bienvenue. Le soir, de retour à l'hôtel, je passe en revue les dizaines de photos prises dans la journée et je repense alors à cette drôle d'impression ressentie au cimetière des esclaves. Je décide d'examiner attentivement la photo, la seule que j'ai prise à cet endroit précis de la propriété.
    Et en l'agrandissant sur mon smartphone, je remarque à l'arrière-plan, à mi-hauteur de l'arbre présent au premier plan des formes étranges qui m'intriguent.

    Anomalies.jpg

    Clairement, j'ai l'impression de distinguer deux silhouettes, la première sur la gauche plutôt indistincte avec surtout une sorte de visage déformé qui apparait, et la seconde, plus verticale, qui se tient juste derrière. En agrandissant au maximum ma photo, voici ce que j'obtiens :

    Zoom Vernon.JPG

    Zoom Vernon 2.JPG

    Ce qui me trouble, c'est que je crois distinguer au cou de la deuxième silhouette comme une corde qui s'étend devant elle. Or, c'étaient les esclaves qui, parfois, étaient encordés de la sorte... 

    Tentative d'interprétation

    En toute logique, les anomalies sur la photo relèvent forcément du phénomène de pareidolie, qui vous fait voir des formes compréhensibles (humains, animaux, etc.) dans des formes indistinctes (nuages, arbres, rochers). Les formes des feuillages et le reflet du soleil de fin d'après-midi créent cette illusion de silhouettes vaguement humaines.
    Pour autant, je n'ai pas eu les moyens de m'en assurer car j'ai constaté ces anomalies bien après avoir quitté le site et je n'ai pas pu faire de comparaison avec d'autres photos, puisque comme je l'ai dit, je n'en ai pris qu'une seule.
    J'ai cherché sur Google des photos prises du même endroit, mais celles-ci, prises à des saisons différentes ou selon un point de vue légèrement décalées, ne sont pas concluantes. 
    Voici, par exemple, l'endroit où je me tenais lorsque j'ai pris ma photo, contre la barrière car il était interdit d'aller plus loin.

    Site de la photo.jpg

    Mount_vernon_slave_burial_ground.jpg

    Donc, dans le doute, entre pareidolie et apparition fantomatique, je ne trancherai pas. Même si les probabilités penchent fortement vers la première hypothèse.
    A supposer qu'il s'agisse vraiment d'un petit signe de l'au-delà, alors il me plait à penser, comme de rares témoins de phénomènes étranges dans le cimetière l'affirment, que j'ai peut-être pris en photo le fantôme de Frank Lee, le majordome esclave de Washington, présent aux funérailles de l'homme d'Etat, libéré selon les stipulations du testament de Washington et qui est resté à Mount Vernon jusqu'à sa mort en 1821...

    Sur le cimetière des esclaves de Mount Vernon

    Durant très longtemps, on ignorait où étaient enterrés les esclaves de la plantation. Bien que l'on possède quantité de papiers et de lettres de George Washington, cette zone de sépulture n'est jamais mentionnée de son temps, ce qui pose la question de savoir à partir de quand cet espace forestier a commencé à servir de cimetière. Dans les années 1790, les esclaves charpentiers fabriquaient des cercueils pour leur communauté mais on ne sait pas où les morts étaient inhumés.
    Le 30 avril 1833, Caroline Moore, qui visite Mount Vernon, écrit : "Notre guide nous a d'abord emmenés au tombeau où les restes du général Washington sont maintenant enterrés (..) Près de son tombeau, vous voyez le lieu de sépulture de ses esclaves, contenant 150 tombes". C'est le premier témoignage oculaire du cimetière.
    Quelques années plus tard, en 1838, un autre visiteur mentionne le cimetière avec 100 tombes. 

    En 1928, la Mount Vernon Ladies' Association qui reprend la gestion de la plantation craignait que le cimetière anonyme des esclaves ne soit oublié et recommanda qu'un simple marqueur, convenablement inscrit, soit placé sur ce terrain consacré. 
    Dans les années 1980, le site du cimetière est complètement envahi par la végétation et le mémorial de 1929 disparait peu à peu. Il est donc décidé de créer un marqueur plus visible, ce qui débouche sur le mémorial actuel sur le site.
    Jusqu'en 2017, les travaux archéologiques ont permis d'identifier au moins 70 sépultures dans le cimetière des esclaves et on estime que la crête étroite au sud-est de la tombe de la famille Washington pourrait héberger plus de 150 sépultures.

    Statut : inexpliqué

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  • Famille Gerrish : que lui est-il VRAIMENT arrivé ?

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    Les parcs nationaux américains abondent en histoires de morts inexpliquées et ce qui est arrivé à la famille Gerrish en Californie à la mi-août 2021 ne déroge pas à la règle. Si les autorités sont parvenus à une conclusion "officielle", celle-ci n'emporte pas complètement l'adhésion.

    LES FAITS

    C'est la nounou de la famille, inquiète de trouver le domicile inoccupé, qui donne l'alerte le 16 août 2021. 
    Ne voyant pas revenir ses employeurs partis en randonnée la veille, elle avertit les autorités de police qui ne tardent pas à ordonner des recherches dans la forêt de Sierra, dans le nord de la Californie, non loin du célèbre parc de Yosémite.
    John Gerrish.JPGC'est en effet dans cette zone sauvage que John Gerrish, 45 ans, son épouse Ellen Chung 30 ans, leur fille d'un an, Aurelia "Miju", ainsi que leur chien Oski, un croisé Akita australien de huit ans, sont censés faire une longue balade.
    Mais normalement, ils auraient dû être rentrés dès le 15 août en soirée. Il n'était absolument pas prévu qu'ils passent la nuit dehors, d'autant qu'ils avaient leur bébé avec eux et que John était supposé travailler le lendemain.

    Très vite, dès le 16 août, les policiers repèrent leur véhicule abandonné, au départ d’un chemin de randonnée proche de la forêt. Et dès le lendemain, le 17 août, les secours localisent le couple, leur bébé et le chien, dans une zone isolée surnommée Devil’s Gulch («Le ravin du diable») à environ 2,5 kilomètres de leur véhicule. Tous sont morts. 

    mariposainvestigation.jpgSelon le San Francisco Chronicle, l’homme est en position assise à côté de son enfant et du chien tandis que la mère se trouve un peu plus haut sur la colline. Le shérif du comté de Mariposa, Jeremy Briese, déclare au journal : 
    « Vous arrivez sur place et tout le monde est mort. Il n’y a pas de blessures par balle, pas de flacon de médicament, pas un seul indice. C’est un grand mystère ».
    Apparemment, la famille avait achevé la majeure partie d'une grande boucle de 12,8 kilomètres environ avant d'être terrassée. Les victimes n'ont pas pu lancer un appel de secours car cette zone est privée de couverture téléphonique.

    QUI ETAIENT LES GERRISH ?

    Gerrish 2.JPGOriginaire d'Angleterre, John Gerrish était un ingénieur informatique qui avait travaillé pour Google depuis 2006, d'abord dans les bureaux londoniens, puis à San Francisco. Récemment, selon l'un de ses amis et voisins, à Mariposa, il travaillait pour Snapchat. Son épouse Ellen venait quant à elle de Californie du Sud. Avant sa grossesse, elle travaillait comme professeur de yoga et suivait des études pour devenir conseillère en affaires familiales et matrimoniales. 

    Lors de la pandémie de la Covid-19, Gerrish s'était mis au télétravail et en mars 2020 le couple avait quitté San Francisco pour venir s'installer deux cent kilomètres plus loin, à Mariposa, un endroit tranquille et sain pour élever leur enfant. Avant la naissance de "Miju", John et Ellen appréciaient sortir et assister à des événements festifs comme le fameux Burning Man. Mais une fois que leur petite fille était née, ils lui avaient consacré toute leur attention.

    Leur nouvelle région d'habitation leur convenait à merveille car elle était proche de facilités pour faire de la marche et du camping. De manière générale, le couple adorait le plein air. Ils étaient tous deux des randonneurs aguerris : Gerrish était même membre du site Alltrails.com et avait de nombreuses randonnées recensées sur son profil.

    L'ENQUETE

    Très vite, les investigations piétinent. Les autopsies des dépouilles ne donnent rien, les analyses toxicologiques pas beaucoup plus... De quoi rapidement éliminer la drogue, l'alcool ou le poison car aucun indice dans ce sens n'est relevé lors des autopsies.
    Les Gerrish ne sont pas morts étouffés ou noyés, ils n'ont pas non plus été foudroyés.
    Le père a été retrouvé assis, tenant sa fille dans ses bras, leur mort a l'air presque sereine...
    Et il est dit lors de la découverte des corps que le couple était en possession d'eau, ce qui écarterait la déshydratation.

    Mais de quoi sont donc morts ce couple de randonneurs, leur bébé et leur animal de compagnie ?

    D'autres pistes sont écartées d'emblée. Celle de l'accident n'est pas envisageable tant les corps ont été retrouvés en parfait état, sans contusions ou fractures. Et l'endroit où on a retrouvé les dépouilles n'était pas particulièrement dangereux.
    De même, l'absence de coups décelables ou de morsures exclut de facto toute agression externe, par un humain ou un animal. La rumeur d'un tueur en série qui sévirait dans la zone s'éteint aussitôt...
    La thèse du suicide semble également improbable : rien ne laisse supposer que le couple (ou l'un des deux partenaires) entendait mettre fin à ses jours. Et si c'était le cas, on aurait retrouvé des traces permettant d'expliquer comment ils sont tous morts.

    Le monoxyde de carbone ?
    Si l'on écarte ces premières pistes, il reste celles mettant en jeu l'intervention d'un agent extérieur. Les enquêteurs ont songé à une intoxication au monoxyde de carbone qui se serait échappé d’un puits de mine désaffectée. Pourquoi pas mais y a-t-il un tel site à proximité ? Les enquêteurs en ont trouvé un, à trois kilomètres du lieu où sont morts les Gerrish, mais rien n'indique que la famille se soit aventurée de ce côté-là.
    Et ce type d'intoxication intervient dans un espace clos, à l'intérieur d'une cavité, et pas vraiment au dehors, là où l'air circule librement... On aurait retrouvé les corps non loin de la mine.

    Les mystérieuses algues bleues
    Après le monoxyde de carbone, un autre coupable potentiel apparaît : des toxines dégagées par des « algues bleues » proliférant dans un cours d’eau voisin. Une alerte aux "algues bleues" avait d'ailleurs été lancée dans cette même zone un mois auparavant, avec une mise en garde contre toute baignade dans ce bras de la Merced River. 
    ratio3x2_2300-1200x800.jpgCes "algues", ce sont en fait des cyanobactéries qui peuvent se développer dans des milieux aquatiques déséquilibrés par de fortes concentrations d’azote et de phosphore, souvent sous l’effet d’une forte chaleur.
    Alors, l'eau présente une concentration très élevée de toxines, capables de “rendre gravement malades ou de tuer des animaux ou des humains” explique l’Agence de Protection de l’Environnement américaine. 
    Le problème, c'est que ces toxines très violentes, voire mortelles, disparaissent rapidement de l’organisme et deviennent quasiment indétectables.  

    La famille Gerrish, habituée aux sorties en pleine nature, ne serait pas tombée dans le piège de boire l'eau de la rivière. Mais un autre scénario se dessine : celui dans lequel le chien s'est peut-être immergé dans l'eau et une fois au dehors, il se serait ébroué, projetant des particules toxiques sur toute la famille. Est-ce suffisant ? Comme l'a souligné Taylor Weiss, professeur en gestion de l’environnement à l’École polytechnique d’Arizona, "la protection de la peau n’est pas très élevée”.
    Des analyses toxicologiques ont été menées sur les victimes et l’autorité de contrôle de l’eau de Californie a par ailleurs procédé à des prélèvements sur le cours d’eau pour détecter la présence de toxines pouvant être responsables des décès. Jusqu’à nouvel ordre, elle recommande de se tenir éloigné des algues et de l’écume et de ne pas laisser les enfants ou les animaux toucher l’eau de cette partie de la Merced River.

    La conclusion officielle n'est pas celle attendue !
    conférence de presse.JPGAlors qu'on s'attendait à une conclusion liée aux algues bleues, coup de théâtre ! Jeremy Briese, le shérif du comté de Mariposa, semble mettre un terme aux interrogations le 21 octobre 2021 lors d'une conférence de presse : les causes du décès seraient en fait l'hyperthermie et une probable déshydratation.
    Les randonneurs auraient commencé leur marche alors qu'il faisait une température agréable de 24 degrés, mais au fur et à mesure de leur progression, la température aurait atteint plus de 39 degrés. Le mercure aurait même fait une pointe à près de 43 °C.
    De plus, et cela vient contredire ce qui avait été annoncé en août 2021 lors de la découverte des corps, la famille avait épuisé ses réserves d'eau. Près du site, on a retrouvé une gourde de type Camelback ainsi qu'un biberon. 

    Lors de la conférence de presse, on apprend cependant que la rivière contenait des niveaux élevés d'algues toxiques. Mais de toute évidence, les victimes n'ont pas bu de l'eau de la rivière. Les algues bleues ne sont donc pas responsables de leur décès.
    Ce serait donc la chaleur qui aurait tué le couple, son bébé et le chien, dans une zone dépourvue d'ombre depuis les incendies de 2018. "Pour le comté de Mariposa, c'est rare, concède quand même Jeremy Briese à la presse, c'est la première hyperthermie mortelle dont je suis témoin en 20 ans".

    MON COMMENTAIRE

    On ne peut pas réfuter en bloc l'explication officielle donnée par les autorités locales après deux mois d'enquête. Effectivement, une chaleur excessive peut tuer. L'hyperthermie, cette augmentation anormale et dangereuse de la température du corps au-dessus de la valeur saine (37 à 37,5 °C chez l'homme) est provoquée par l'accumulation de chaleur issue de l'environnement. La chaleur du soleil, la chaleur ambiante (canicule par exemple), un effort intense ou l'effet de certaines substances comme l'ecstasy entre autres peuvent en être à l'origine.
    En août 2021, un homme de 32 ans est mort dans le Zion National Park (Etats-Unis) après s'être plaint d'un fort coup de chaleur et une femme de 37 ans a été retrouvée morte dans la Baie de San Francisco, elle aussi frappée par une crise cardiaque provoquée par la chaleur (selon sa SmartWatch). 

    Chaque année, ce seraient 700 personnes environ (et peut-être même le double..) qui meurent de la chaleur aux Etats-Unis, selon les Centers for Disease Control and Prevention, à partir d'un relevé sur une période de 2004 à 2018. Sur ces 700 cas, la chaleur serait la cause directe dans 59% des cas et elle aurait contribué au décès avec d'autres facteurs (maladie cardio-vasculaire, overdose, coma éthylique...) dans 41% des cas.

    En juin 2017, trois personnes plutôt jeunes étaient décédées dans l'Hérault à cause de la chaleur, avait rapporté à l'époque Ouest-France (deux d'entre elles avaient fait un effort très violent en plein soleil).

    Pour autant, on peut malgré tout pointer du doigt quelques zones d'ombre dans le décès tragique de la famille Gerrish.

    - Personne n'avait pris de drogue ou d'alcool, les deux adultes étaient a priori en excellente condition physique et ils avaient fait un effort plus modéré qu'intense. Si l'on peut craindre pour la vie du bébé et du chien, plus vulnérables, comment deux adultes entraînés peuvent-ils mourir de la même cause presqu'au même moment ?
    - Comment des randonneurs expérimentés comme ils l'étaient ont pu partir ou se retrouver sans eau sur un parcours de marche qui prend environ 4h30 (surtout avec un bébé et un chien)? On peine à imaginer qu'ils aient juste emporté une gourde et un biberon... Pourquoi la version officielle sur ce point a-t-elle changé entre la découverte des corps et le rapport final deux mois plus tard?
    - Le couple Gerrish était-il si mal en point qu'aucun des deux n'a été en mesure de parcourir les 2,5 kilomètres restants qui les séparaient de leur voiture ?
    - C'était par une journée de forte chaleur en août : le sentier était peut-être moins fréquenté que d'ordinaire, mais absolument personne n'a vu ou croisé la famille Gerrish durant toute cette journée ?
    - Quels ont été le scénario et la chronologie du drame ? Mari et femme n'ont pas été retrouvés au même endroit : qui est mort le premier ? Est-ce le décès du bébé qui a déclenché une sorte de panique chez les parents ? Ceux-ci, affolés et accablés de chaleur, auraient tous les deux fait un arrêt cardiaque dans un intervalle de temps indéterminé mais rapproché ?
    - Les Gerrish sont-ils morts rapidement ou pas ? Pourquoi le couple s'est-il séparé ? Ellen, en grimpant la colline, a-t-elle tenté d'aller chercher de l'aide car son mari, son bébé et le chien étaient inconscients ? 
    - Qu'ont donné l'analyse des téléphones portables ? Même s'il n'y avait pas de connexion, peut-être les Gerrish, s'ils en ont eu le temps, ont-ils laissé un message rédigé ou un sms non envoyé, expliquant ce qui leur arrivait.. ?

    Sur nombre de ces points, la police n'a donné aucune information. S'il y a un doute sur la version officielle, c'est en réalité au niveau de la responsabilité qu'elle induit.
    En effet, si la famille Gerrish est morte de déshydratation parce qu'elle n'avait pas d'eau et qu'elle s'est engagée dans une promenade trop risquée, seule sa responsabilité est mise en jeu.
    En revanche, si la famille Gerrish est morte suite à un agent extérieur (les algues bleues, par exemple), la responsabilité du parc national pourrait être engagée pour n'avoir pas assez dissuadé les randonneurs de se rendre dans cette zone menaçante. 

    Ce que l'on peut dire, c'est que la version officielle, en excluant l'hypothèse des algues toxiques, dédouane les autorités locales de toute responsabilité dans cette affaire. Et, puisque le dossier a toutes les chances d'être désormais clos, elle continuera à le faire longtemps.

    Statut : dossier partiellement expliqué

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  • Un dossier oublié : l'affaire Pelissier

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    Une étrange expérience qui m'est arrivée cet été 2021 lors d'une visite touristique dans le Vaucluse. Parfois, les dossiers inexpliqués viennent à vous sans rien demander...
    Je redescendais en voiture d'une promenade au mont Ventoux (Vaucluse) lorsque je me suis arrêté au hasard dans un virage pour satisfaire un petit besoin naturel - la route est longue entre le sommet et le premier village.

    Panneau.JPGDe retour à ma voiture, j'avise un petit panneau que je n'avais pas vu en arrivant sur lequel il est inscrit "Stèle souvenir Anne-Marie Pélissier". Toujours curieux (le mot "stèle" fait référence à la mort), je tente de me connecter sur Google pour en savoir plus, mais je suis en zone blanche, aucun réseau. 

    Je décide donc de revenir sur mes pas sur le chemin de terre pour aller voir de quoi il s'agit. Et à moins de cent mètres de ma voiture, je tombe (sans mauvais jeu de mots) effectivement sur une stèle qui marque l'endroit précis où l'on retrouva les restes d'Anne-Marie Pélissier, une petite fille enlevée en 1955
    Une affaire terrible qu'il m'a semblé normal de faire remonter des ténèbres car elle est aujourd'hui bien oubliée.

    L'enlèvement d'Anne-Marie

    Au contraire d'autres affaires similaires très médiatisées, celle-ci est de nos jours tombée dans l'oubli. Voici un résumé de l'histoire à partir des éléments que j'ai pu retrouver dans la presse de l'époque.

    s-l300.jpgLe 25 mai 1955, peu avant midi, la petite Anne-Marie Pélissier, 11 ans, est en train de rentrer à bicyclette à la ferme de ses parents, située à 1,5 km de la ville d'Orange (Vaucluse) sur la route de Roquemaure. La fillette est à quelques centaines de mètres de chez elle, lorsqu'elle est doublée par une 2 CV Citroën de couleur grise. La voiture la serre de trop près sur le bord de la route et la fait tomber contre un platane. De la voiture sort un homme qui saisit la petite Anne-Marie et la pousse dans le véhicule, malgré ses cris. La 2 CV opère un demi-tour et file en direction d'Orange. Ce sont deux témoins qui ont raconté la scène : de loin, ils ont vu l'homme s'emparer de la gamine et s'enfuir avec elle. 
    Dans les jours qui suivent, on entreprend de vastes recherches, qui mobilisent jusqu'à 1000 personnes mais malgré cela, et notamment l'intervention de radiesthésistes, l'enfant demeure introuvable. 

    Le 24 juin, un mois environ après la disparition, on arrête un ignoble personnage du nom de Jean-Baptiste Coquelin. Ce médecin stomatologiste, ancien adjoint au maire ce Brest, a tenté d'extorquer aux parents désespérés la somme de 20 millions en prétendant qu'il détenait l'enfant. Il sera plus tard condamné à deux ans de prison, et même 30 mois en appel. Mais cet odieux escroc n'est pour rien dans le kidnapping d'Anne-Marie.

    Une tentative de rapt dans le Var

    En septembre 1955, les autorités n'ont pas renoncé à retrouver Anne-Marie. La 9ème brigade de police mobile relance ses investigations car elle a entretemps relié l'affaire d'Orange avec la tentative d'enlèvement de la jeune Andrée Barbier, 12 ans, le 12 février précédent à Brignoles dans le Var.
    Dans cette affaire-là, la petite fille avait réussi à échapper à son ravisseur et la description qu'elle avait donné coïncide étrangement avec celles des témoins d'Orange : le ravisseur de Brignoles circulait lui aussi à bord d'une 2 CV. Il semblait âgé de quarante ans et mesurait 1,70 m environ.

    Dans l'espoir de recueillir de nouveaux renseignements, les policiers donnent donc à la presse un portrait-robot figurant le visage de l'auteur du premier rapt manqué.

    Un étrange suicide 

    Mais au début du mois de décembre 1955, les enquêteurs vont effectuer un rapprochement avec un autre drame survenu plusieurs mois auparavant, le 31 mai 1955. Ce jour-là, soit six jours après le rapt d'Anne-Marie, un ingénieur agronome de 40 ans du nom de Pierre Nepveu, père de famille apparemment sans histoire, se suicide en se jetant sous un train à Chaumont-sur-Yonne (Yonne). 
    Le commissaire Vasseur, de la première brigade mobile, enquête alors sur les raisons de ce suicide. Il parvient à établir que cet homme, fonctionnaire du Ministère de l'agriculture, avait fait l'objet de mutations disciplinaires à la suite de nombreuses affaires de mœurs. Il s'était rendu coupable de trois tentatives d'enlèvement de mineurs en Seine-et-Oise et, se sachant découvert, il aurait décidé de mettre fin à ses jours.

    Les circonstances du drame sont demeurées un peu brumeuses. Pierre Nepveu s'est-il vraiment donné la mort ou bien a-t-il été victime d'un accident ? Si l'on en croit le chauffeur et le mécanicien du train, l'homme avait la tête posée sur un rail et ne l'a pas relevé, malgré les sifflements du train qui arrivait sur lui à la vitesse de 100 kilomètres à l'heure. 
    Près de son corps dont seule la tête fut écrasée, on a retrouvé un filet d'entomologiste et un bocal vide. Apparemment l'ingénieur, passionné par les insectes, était atteint de surdité partielle. Doit-on penser qu'il était trop absorbé par ses recherches le long de la voie au point d'allonger sa tête sur le ballast et qu'il n'ait pas entendu la locomotive approcher ? Ou bien a-t-il posé près des rails le filet et le bocal (vides) juste pour accréditer la thèse de l'accident ?

    Suicide ou accident, on ne le saura sans doute jamais. Mais que se passait-il dans la tête de l'ingénieur ? Si certains le présentaient comme un bon père de famille, d'autres n'hésitaient pas à le traiter de déséquilibré. Pierre Nepveu avait été atteint quelques années auparavant d'une otite trépanée et devenu partiellement sourd, il avait changé de comportement. Il était devenu instable et ne rendait visite que de temps en temps à sa femme et ses enfants, surtout après la liaison avec une employée de son service qui lui avait valu sa mutation en région parisienne. C'est ensuite qu'il avait commencé à s'en prendre aux fillettes. 
    En tout cas, les policiers de la première brigade mobile ont établi, de manière formelle, que l'ingénieur agronome est bien l'auteur des trois agressions commises en Seine-et-Oise.

    On a sans doute identifié le coupable 

    Ces sombres événements ont eu lieu loin du Vaucluse mais si les enquêteurs s'y intéressent, c'est parce que le suicidé présente des traits très similaires à ceux du kidnappeur tels qu'établis dans le portrait robot. De plus, il circulait fréquemment dans une 2 CV. Enfin, Pierre Nepveu avait été muté du Vaucluse en région parisienne mais il se trouvait bien dans la région d'Orange le 25 mai, jour de l'enlèvement. Le 28 mai, il rendait pour la dernière fois visite à sa femme et à ses quatre enfants. 

    Au fil de leurs investigations, les enquêteurs méridionaux acquièrent la conviction que le ravisseur de la fillette est peut-être celui qui avait tenté la petite Andrée près de Brignoles. Lorsqu'on va présenter à la fillette une photographie établie grâce aux signalements fournis par les témoins de Seine-et-Oise et du Vaucluse, elle va s'exclamer : "Oui, c'est lui, j'en suis sûre. Et l'une de ses copines, présente lors de la tentative de rapt, va également corroborer son témoignage. " Une petite amie de l'enfant a corroboré ce témoignage.
    Tous ces éléments, ces coïncidences, l'analogie des agressions et les témoignages concordants vont finalement pousser les autorités, en l'absence de toute autre piste, à conclure que Pierre Nepveu était bien le ravisseur de la petite Anne-Marie.

    Reprise des recherches 

    Considérant que Pierre Nepveu, considéré donc comme l'auteur de l'enlèvement de la petite Anne-Marie Pélissier, est décédé et ne peut donc confirmer par des aveux les résultats de l'enquête conjointement menée par les commissaires Vasseur et Col, M. Pouget, le juge d'instruction à Orange, M. Pouget, déclare alors le 7 décembre 1955 : "Je ne saurais considérer l'enquête criminelle comme close, car un doute continuera à subsister tant que la mort de la petite victime n'aura pas été établie de façon certaine."

    232040446_4251679144911422_9031908407310611349_n.jpgLes recherches reprennent, au total deux cent hommes qui vont explorer systématiquement la région comprise entre les localités de Sérignan, du comtat Travaillan, Saint-Roman-de-Malegarde et Rasteau. Cette zone avait déjà été longuement explorée au cours des journées qui ont suivi l'enlèvement.
    Mais on effectue des recherches plus méthodiques, redoutant que le corps de la petite victime (plus guère de monde ne croit encore qu'elle puisse être vivante) soit dans une grotte ou au fonds de l'un des nombreux puits abandonnés de la région. En vain.

    Si les enquêteurs fouillent dans toute cette zone, c'est qu'ils ont réussi à reconstituer le parcours du ravisseur le 25 mai qui se trouvait vers midi à Orange et à 17 heures à Villeneuve-les-Avignon.
    Après avoir enlevé la petite Anne-Marie sur la route de Roquemaure, le kidnappeur a rebroussé chemin, traversé Orange par les quartiers extérieurs pour prendre la direction de Vaison-la-Romaine. Vingt minutes après l'enlèvement, une fermière, Mlle Carletti, aperçoit la 2 CV et reconnait à sa coiffure la petite Anne-Marie. Vers 12h30, le véhicule est vu aux environs de Travaillan. On retrouve sa trace quelques minutes plus tard près du village de Rasteau. 
    La région comprise entre Rasteau et Saint-Roman-de-Malegarde est une colline aux taillis très serrés, où ne s'érige aucune habitation. Il semble donc que le ravisseur s'est dirigé vers ces fourrés où il serait resté durant une demi-heure environ. On le revoit ensuite, à la descente de la colline, dans la localité de Saint-Roman-de-Malegarde. Il demande même à plusieurs habitants du hameau la direction de la route nationale. Ces témoins, qui sont unanimes à dire que l'individu ressemblait de façon frappante à Pierre Nepveu dont ils ont vu la photo, ont tous dit que l'homme semblait affolé...

    La découverte du corps d'Anne-Marie

    En définitive, ces fouilles ne donneront rien et ce n'est que seize mois après l'enlèvement, le 10 septembre 1956, que le squelette de la petite disparue va être retrouvé par deux promeneurs dans un chemin de terre, le long de la route qui relie le Mont Ventoux à Sault, situé à 20 km de là. 
    Virage stèle 2.JPGDeux touristes, M. Cordonery, retraité de la SNCF à Valence, et son épouse, qui se trouvaient en vacances dans le Vaucluse, étaient partis très tôt voir le soleil se lever sur le mont Ventoux. Sur le chemin du retour, en redescendant dans la plaine vers 8 heures du matin, ils décidèrent d'aller marcher dans un bois de sapins pour y chercher des champignons.
    Et à 80 mètres de la route, le long du sentier forestier, ils découvrirent "sous un tas de pierres une petite sandalette marron qui chaussait un pied décharné, et, un peu plus loin, le squelette d'un enfant" (Le Monde).


    Alertés de la macabre découverte, la gendarmerie et le parquet songent aussitôt à Anne-Marie Pélissier enlevée. Leur hypothèse est vite confirmée lorsque les parents de la petite victime, mis en présence des restes de l'enfant et des lambeaux de vêtements retrouvés, reconnaissent formellement leur enfant.
    Impossible de savoir ce qu'a donné l'analyse de la dépouille de la petite victime. Je n'ai pas trouvé d'information sur le sujet. Sans doute les maigres conclusions, au vu de l'état dans lequel a été retrouvé le corps près d'un an et demi après, n'ont-elles été communiquées qu'à la famille.

    Signe ou coïncidence ?

    Virage stèle.JPGPour ma part, je me demande juste quelle était la probabilité (infime sans doute ?) que je m'arrête dans ce virage précisément (la route doit en comporter plus de cinquante avant le premier village) et que je remarque du coin de l'oeil ce petit panneau. 
    Pour la justice, c'est un dossier clos et prescrit. Les policiers parisiens de la sûreté nationale et leurs collègues marseillais ont estimé avec vraisemblance que le suicidé de la ligne Paris-Dijon et le ravisseur de la petite Anne-Marie étaient bel et bien le même homme.
    Alors, juste une coïncidence ou le signe qu'il fallait que je découvre cette affaire dont j'ignorais absolument tout ? Et si c'est le cas, dans quel but ? Je n'en sais rien...
    D'ordinaire, je ne m'intéresse pas trop aux affaires strictement criminelles. Y aurait-il un dossier inexpliqué à rouvrir ? Je l'ignore.
    En tout cas, ce site de mémoire, tout comme celui où s'est déroulé le triple assassinat de l'affaire Dominici (que j'ai visité en 2020) est un lieu où l'on n'a pas du tout envie de s'attarder, surtout seul dans la forêt...

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  • NON, Paul Hellyer (1923-2021) n'a jamais prouvé l'existence des extraterrestres

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    Au début de l'été, je me suis dit que j'allais faire un article sur une "référence" récurrente dans le monde de l'ufologie, à savoir l'ex-ministre canadien Paul Hellyer.
    Alors que je rassemblais mes notes et mes sources, un malheureux hasard a voulu que j'apprenne le décès de mon sujet le 8 août dernier à l'âge de 98 ans. Qu'à cela ne tienne, mon article devenait alors une sorte de bilan de son "action" en territoire ovni.

    Qui était Paul Hellyer ?

    Né en 1923 à Waterford dans l'Ontario, Paul Theodore Hellyer était un homme politique canadien. Elu en 1949 plus jeune député jamais élu à la Chambre des Communes du Canada, il a surtout été actif en politique jusqu'en 1969. Le sommet de sa carrière intervient en 1963 lorsqu'il devient ministre de la Défense nationale dans le cabinet de Lester B. Pearson.
    A ce poste, il organise l'intégration et l'unification de l'armée canadienne, la marine royale canadienne et l'aviation royale du Canada dans une seule organisation, les forces armées canadiennes. De septembre 1967 à avril 1969, Hellyer est brièvement ministre des Transports dans le cabinet de Trudeau, et il est nommé ministre senior du cabinet, un poste semblable au poste actuel de vice-premier ministre.

    Ensuite de 1969 à 1982, il siège en tant qu'indépendant avant de rejoindre le parti radical. Durant presque trois décennies, il se montre assez discret, jouant un rôle mineur dans la vie politique canadienne. 
    En 1997, Hellyer revient dans l'actualité en fondant le Parti Action Canadienne (PAC) pour fournir aux électeurs une option économiquement nationaliste à la suite de l'effondrement du Parti National du Canada. Son nouveau parti ne se fait guère remarquer et lui-même ne parvient pas à se faire élire à la Chambre des Communes en 1997 et en 2000. Quatre ans plus tard, échouant à faire fusionner le PAC et le parti néo-démocrate NPD, il démissionne comme chef du PAC mais en reste membre.
    Voilà pour la carrière politique, à ce moment, en 2004, Hellyer est âgé de 81 ans. 

    Quel était son lien avec l'ufologie ?

    Le 5 septembre 2005, dans une conférence à l'université de Toronto qui attire l'attention des médias mainstream, Paul Hellyer déclare publiquement que "les ovnis sont aussi réels que les avions qui volent au-dessus de nos têtes". En ajoutant que "les militaires américains préparent des armes qui pourraient être utilisées contre les aliens, et ils pourraient nous entraîner dans une guerre intergalactique sans nous envoyer le moindre avertissement".

    hellyer,ovni,ufo,preuve,faux,biais,farfeluHellyer récidive le 28 février 2007, dans le quotidien Ottawa Citizen, en appelant les gouvernements mondiaux à révéler ce qu'ils dissimulent sur la technologie des extraterrestres. Dans quel but ? Enrayer le dérèglement climatique. En effet, selon Hellyer, "certains d'entre nous pensent qu'ils en savent beaucoup, et cela pourrait suffire à sauver notre planète. ».
    Durant les années suivantes, à plusieurs reprises, il va reprendre la parole sur le sujet, répétant à l'envi que les aliens sont déjà parmi nous et que les gouvernements, surtout le gouvernement américain, nous cachent leur existence et ses liens étroits avec "ces visiteurs". Comme le 30 décembre 2013 dans une interview télévisée à la chaîne Russia Today durant laquelle il affirme que les extraterrestres visitent notre planète depuis des milliers d'années, qu'ils vivent sur Mars, Vénus et une lune de Jupiter, et qu'une de leurs races collabore en secret avec le gouvernement américain au Nevada...

    Lors de ses prises de parole, Hellyer va raconter que les extraterrestres ont créé de nombreux mythes humains et qu'ils comporteraient plusieurs espèces (les grands blonds, les petits gris, les reptiliens, les mantes religieuses, etc... jusqu'à 80 types différents !). Son obsession, c'est surtout celle du silence qui entoure toute l'affaire. Avec cette idée permanente qu'un groupe secret contrôle le monde dans le but de former un inquiétant gouvernement planétaire...

    Doit-on le prendre au sérieux ?

    Chez les ufologues nord-américains puis européens, ces déclarations ont fait l'effet d'un séisme. Enfin, un homme politique et pas n'importe lequel, un ex-ministre de la Défense canadien, reconnaissait que la présence des extraterrestre était une réalité, qu'on nous cachait des trucs et qu'il s'agissait de se bouger avant la grande guerre galactique. Autant dire que cela ajoutait de l'eau au moulin de tous ceux qui sont convaincus que la question ovni baigne en pleine théorie du complot. Si ce politicien, qui devait avoir accès à toutes sortes de dossiers top secrets lorsqu'il était en fonction, le dit, c'est que c'est vrai, non ?

    Doit-on vraiment prendre au sérieux les allégations de Paul Hellyer ? Eh bien, la réponse risque de vous décevoir.
    De son propre aveu dans une interview dans Vice, le politicien a reconnu qu'il s'est intéressé au phénomène ovni seulement depuis le milieu des années 1990. C'est la lecture du livre très controversé de Philip J. Corso (The Day After Roswell, 1997) qui a éveillé sa curiosité pour le phénomène ovni. 
    Jusque là, le sujet ne faisait absolument pas partie de ses préoccupations. Encore moins lorsqu'il était au gouvernement de 1963 à 1967: "quand j’étais ministre de la Défense, j’ai reçu des rapports d’observations d’ovnis, mais à l’époque, j’étais beaucoup trop occupé [par mes fonctions] pour m’en soucier». 

    Dans son excellent livre "Ovnis au Québec" (éditions Guy Saint-Jean, 2020), Christian Page raconte qu'il a pu échanger avec Paul Hellyer au milieu des années 2000. Lorsque le spécialiste du paranormal lui a parlé du projet Second Storey supervisé par l'Aviation Royale canadienne, Hellyer a reconnu qu'il n'en avait jamais entendu parler avant les années 2000. Il avoua aussi candidement à Christian Page que parmi ses "sources les plus crédibles" (sic) figuraient des individus communiquant avec les extraterrestres par télépathie...

    Attendez... Mais au regard de sa carrière et de son réseau, Paul Hellyer doit bien disposer de documents convaincants pour appuyer ses déclarations extraordinaires, non ? Il a bien dû avoir accès à des archives confidentielles du ministère de la Défense ? Ou avoir des échanges privés ultra secrets entre haut personnages de l'Etat canadien lorsqu'il était au gouvernement ? La réponse est : non.

    Paul Hellyer l'a dit lui-même : il a commencé à se plonger dans l'ufologie par curiosité 25 ans après avoir quitté son poste de ministre, à un âge de retraite déjà bien avancé. Ses seules informations, ils les tient en fait de livres sur les ovnis qu'il a lus (et que chacun d'entre nous peut aller s'acheter), de la consultation de sites et de blogs sur Internet et de discussions qu'il a eu avec des ufologues.
    Forcément, ces derniers n'allaient pas lâcher un aussi bon client et certains d'entre eux, comme Steven Greer, l'ont tout de suite associé à leurs projets plus ou moins fumeux, s'achetant sans débourser une crédibilité nouvelle du fait de la seule présence de Paul Hellyer dans leurs colloques payants.
    Paul Hellyer croyait aux extraterrestres, c'était son droit comme plein de monde sur la planète, mais sa parole n'avait pas plus de légitimité que celle d'un amateur curieux du sujet. Il n'avait pas plus d'informations secrètes que vous et moi. Et jamais il n'a apporté le moindre début de preuve de ce qu'il affirmait en conférence publique ou dans les médias. Aussi, pourquoi aurait-on dû le croire ?

    Une dérive fréquente de l'ufologie

    Le cas de Paul Hellyer est instructif car il met à jour deux dévoiements courants chez les ufologues :
    - le biais d'autorité : parce qu'un individu a occupé autrefois (ce terme pouvant signifier il y a fort longtemps) un poste important, il faudrait prendre ses paroles pour argent comptant. Doit-on forcément croire aveuglément quelqu'un qui fut ministre de la Défense dans les années 60 ? J'entends cet argument en permanence dans mes échanges avec des ufologues. Ne serait-il pas mieux d'évaluer ses propos au vu de ce qu'il apporte comme arguments solides ?
    C'est exactement le même biais qui est à l'oeuvre avec le général israélien à la retraite Haim Eshed, 87 ans, responsable du programme de sécurité spatiale d'Israël de 1981 à 2010, qui a déclaré en 2020 que nous étions déjà en contact avec une hypothétique Confédération Galactique et que Donald Trump était au courant... Qu'avait-il à l'appui de ces déclarations fracassantes ? Là encore, rien du tout. L'homme en question, retiré du pouvoir, s'est plongé dans l'ufologie une fois ses fonctions terminées, comme d'autres se lancent dans la philatélie ou le jardinage. Mais il fait le bonheur des ufologues peu regardants qui, en réalité, subissent un deuxième biais cognitif :

    - l'esprit critique sélectif : dès lors que le message va dans le sens de sa propre croyance, on désactive mentalement sa capacité à évaluer le message en question. C'est ce que font les ufologues qui s'enthousiasment pour les assertions de Paul Hellyer sans jamais se rendre compte que ce sont eux-mêmes qui sont à leur origine ! Le serpent qui se mord la queue, en quelque sorte...
    Ne leur jetons pas trop la pierre (sauf à ceux qui ne sont pas dupes et y voient un intérêt mercantile) mais nous sommes tous plus ou moins coupables de ce manque d'esprit critique si nous ne sommes pas vigilants. Au passage, vous noterez que les plus complotistes d'entre tous, ceux qui en général ont la plus grande méfiance pour les politiciens (complices du secret) s'enflamment pour un ex-politicien quand celui-ci vient leur raconter une histoire qui les satisfait. Imaginez si c'était l'inverse : un ex-ministre de la Défense vient annoncer que les extraterrestres n'existent pas, ils lui tomberaient tous dessus en l'accusant de mentir... justement parce c'est un homme politique...

    Au final, je ne voudrais pas qu'on me fasse dire ce que je n'ai pas écrit. Je ne suis pas ufologue mais je ne nie pas la réalité du phénomène ovni. Celui-ci existe et mérite un examen sérieux et objectif. Les ovnis doivent être un sujet d'étude comme les autres.  Mais comment espérer que les scientifiques s'en emparent alors qu'un exemple, comme celui de Paul Hellyer, vient illustrer la présence d'une forme de pensée défaillante ? 
    Cela vaut d'ailleurs pour l'ufologie comme pour tout l'univers du paranormal. On peut écouter et enregistrer les témoignages, les questionner, les comparer mais croire les gens sur parole ne mène à rien, même si ce qu'ils racontent va dans le sens de nos croyances.
    Les mots seuls n'ont jamais constitué une preuve de quoi que ce soit.
    Et chez les ufologues comme dans le grand public, la méfiance devrait être de mise, surtout lorsqu'on nous raconte quelque chose que l'on a envie d'entendre !

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  • "OVNIS, classés top secrets" sur Netflix : voici pourquoi c'est vraiment médiocre

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    "Ovnis, classés top secrets" est une série tchèque soi-disant documentaire en six épisodes, diffusée sur Netflix donc accessible au plus grand nombre et notamment à un large public qui n'est pas forcément familier avec l'ufologie. Le Parisien a publié un article très sévère reprochant à la série d'être ouvertement complotiste. Sur un blog, l'éditeur Pierre-Gilles Belin apporte une réponse contradictoire mais sans aucun regard critique sur la série. Comme pas mal d'ufologues dont j'ai lu les commentaires ici et là sur les réseaux sociaux, c'est l'enthousiasme qui prévaut : il est vrai que la série confirme tous leurs fantasmes et va permettre de faire vendre encore des âneries sur le sujet du phénomène ovni.

    Pour débattre de la série, j'ai participé à une émission spéciale de mes amis du Maybe Planet durant laquelle les intervenants présents ont pesé le pour et le contre en toute courtoisie. Ceux qui ont vu l'émission ont vite compris que je penchais dans le camp des "contre". Voici donc, en version écrite, une synthèse de mes arguments. 

    Sur la forme, je ne vais pas m'attarder sur les images de synthèse d'un autre âge, sauf pour dire que certaines reconstitutions auraient coûté moins cher avec de vrais acteurs. Les séquences 3D donnent aussi une vision des cas OVNI beaucoup plus spectaculaire que les témoignages réels l'ont laissé entendre.
    AAAABThbCkCZB3tfunKMmychqJb51dM4wq8rTin9phttV8eemlgQL1YVe2J43BC8b3FQvDNtYMcB6j0YoQPx_rZ3yTy7Wx27ilkJ-3B9BFS0j5Fjps5-.jpgLe vrai point critiquable, c'est la très faible proportion de documents authentiques dans les 6 heures d'émissions. Hormis quelques interviews d'époque, photos en noir et blanc et articles de presse, rien à se mettre sous la dent. La série nous montre pour l'essentiel des gens qui parlent et les fameuses images de synthèse. Il y a même des erreurs avec par exemple une coupure de presse de l'affaire Valentich (1978) pour illustrer le cas de la Westhall High School (1966, soit douze ans plus tôt), mais passons...

    Non, le pire concerne en fait le fond de la série. En fait, au fil des épisodes, on comprend assez vite qu'il n'y a aucune intention ni d'être rigoureux, ni d'être objectif. Mais comment peut-on en 2021 parler des délires d'Adamski ou du Majestic 12 comme des faits fondamentaux de l'ufologie alors que ce sont des canulars avérés depuis belle lurette ?
    Dans toute la série, il n'y a en tout et pour tout qu'un seul fil directeur qui se résume à : les aliens existent, ils sont là parmi nous, c'est une vérité indiscutable et bien entendu les gouvernements nous cachent tout à leur propos.

    Après tout, cela aurait pu être une conclusion après une démonstration étayée, pourquoi pas ? Mais ici, c'est exactement le contraire : on commence par la conclusion que l'on prend comme postulat de départ et on va tout faire pour la confirmer, à l'aide d'un discours de pure croyance qui ne va garder que les données qui vont dans le sens de la conclusion, en oubliant volontairement toutes les autres.
    On baigne donc en pleine pseudo-science avec toute la subjectivité que cela suppose. Les intervenants ne se privent pas d'utiliser sans arrêt des notions et des concepts vagues ou qui ne veulent rien dire en y associant plein de termes scientifiques. Sans sourciller, avec l'aide d'une légitimité que seul un biais d'autorité peut leur conférer, ils balancent des affirmations extraordinaires sans la moindre nuance. D'ailleurs, le conditionnel est pratiquement absent de toute la série.

    J'imagine un spectateur peu averti sur le phénomène ovni qui découvre ce contenu farfelu. Soit il éclate de rire (bon sens), soit il prend tout pour argent comptant (crédulité naïve) tant les intervenants ont l'air convaincus de leur affirmations. Qu'une partie des spectateurs de Netflix (souvent jeunes) puissent éventuellement gober ces sornettes me semble déjà affligeant, mais le plus dérangeant, c'est que la voix off du commentaire appuie elle aussi ces propos en perdant toute objectivité. On comprend mieux pourquoi dans le 6ème épisode lorsqu'on apprend que les réalisateurs eux-mêmes ont eu une expérience ovni (le "contact" est raconté dans une séquence avec des vaches que je trouve risible).

    D'accord, la narration d'un documentaire n'a pas vocation à être neutre. On connait tous des documentaires à charge très bien faits qui vise à dénoncer ou à défendre une thèse (ceux de Michael Moore pour prendre un exemple). Mais ces documentaires sont soigneusement construits, documentés et apportent des éléments probants pour appuyer leur discours.
    Dans le cas d'"Ovnis, classés top secrets", c'est l'inverse. Les six épisodes n'apportent pas le moindre début de preuve (d'ailleurs, l'un des intervenants le dit clairement : "ça existe, on le sait, même pas besoin de preuve", tout est dit...). La série est très pauvrement sourcée et elle repose essentiellement sur des intervenants bavards qui parlent de choses qu'ils croient être vraies, d'une manière qui en fait une vérité absolue. Il n'y aucune place pour le doute, ni pour le questionnement.

    Un mot sur les intervenants. Je n'ai pas la place de les mentionner tous, mais vous constaterez dans le show l'absence totale de scientifiques et de responsables militaires ou politiques de bon niveau (hormis quelques 3èmes couteaux qui font pitié). En effet, 90% des intervenants sont des ufologues autoproclamés qui adhèrent tous au fil directeur de la série. Les synthés défilent vite mais on a le temps de distinguer des "chercheurs ovni" et même un "chasseur d'aliens" (c'est bien, les jeunes vont croire que c'est un métier...). Autant dire des experts de haut vol. 
    Certains sont même très controversés comme le fameux Emery Smith qui affirme avoir pratiqué "3000 autopsies d'aliens" (sic) mais qui s'avère être un mythomane absolu (je vous recommande sur YouTube la vidéo de son ex-petite amie qui pensait fréquenter un superhéros); ou bien Paul Stonehill, qui dit avoir quitté l'URSS à l'âge de 8 ans, qui parle un anglais approximatif et qui dit avoir des contacts au plus haut avec le pouvoir russe (on se demande bien au titre de quoi...)

    th.jpgHeureusement, d'autres intervenants sont plus sérieux comme Nick Pope, Robert Salas ou Robert Fleischer (en photo) que j'ai rencontré à Valensole : ils jouent le jeu de la série (ils ne vont quand même pas se tirer une balle dans le pied) mais je me suis demandé si on ne leur a pas demandé de juste spéculer et les réalisateurs ont ensuite monté leurs hypothèses en affirmations pures et simples... En tout cas, j'ai senti une certaine gêne prudente chez Robert Fleischer.
    Bref, nous sommes globalement avec des "croyants" absolument persuadés de leur propre vérité et si l'on ne croit pas comme eux, avec eux, on n'a rien compris au complot qui se trame.

    Vers la fin de la série resurgissent aussi des thèmes "New Age" et néo-évhéméristes usés jusqu'à la corde : les E.T. veulent qu'on protège la Terre, que l'on s'élève spirituellement. En tout cas, c'est ce qu'ils racontent aux "abductés" qui ont toujours le profil de Gérard du PMU du coin de la rue (ils n'ont vraiment pas de chance, ces aliens...).
    Sauf que les même aliens ne se montrent pas au reste de la population. Et de toute manière, les Etats et les agences de sécurité veillent au grain, empêchant depuis au moins soixante-dix ans une hypothétique divulgation. Mais si le gouvernement américain couvre un immense secret, pourquoi le Pentagone a-t-il rendu en juin 2021 un rapport pour reconnaître qu'il ne sait pas ce que montrent les récentes vidéos qui ont fuité... ?

    Résumons-nous. Les Aliens sont-ils ici pour nous empêcher de ruiner notre planète ? Oui. Sont-ils là pour nous aider à apprendre de nouvelles technologies ? Absolument. Est-ce que les engins que l'on voit depuis les années 40 sont là pour nous étudier ? Très probable. Est-ce que depuis des décennies nous construisons des objets basés sur leur science (la fameuse "rétro-ingénierie" dont se gargarisent les intervenants) ? Bien entendu, c'est évident. Mais de toute manière nous sommes soumis au bon vouloir de notre gouvernement et de ceux en charge de ces mystérieux projets. Donc nous saurons peut-être un jour... ou pas.

    AAAABckI61_RgGf9KPoJgZ91A_hEiDXzDP_iTRw2zQfLcv3ODUR33I5vLliIVWAB3rMWNuxQfMRmLJeeCgak7f5J2YUlXdmNdeUJrVpD7Hyr6bI6HDeQ.jpgEn étant indulgent, parce que le phénomène ovni mérite bien mieux que cette bouillie indigeste, je sauverai quelques passages de la série : 
    - une bonne description du Blue Book Project (photo) mais cela avait déjà fait avant...
    - quelques cas majeurs correctement racontés (comme Socorro ou l'affaire Cash-Landrum, mais pas Petrozavodsk ou la West Hall High School debunkés depuis un moment)
    - Les vidéos de l'armée américaine et tous les passages sur To The Stars Academy (on sort du discours complotiste à ce moment là) qui auraient dû concentrer les efforts des réalisateurs.
    - Quelques idées de bon sens : que le sujet ovni soit enfin pris en compte par le monde scientifique comme un sujet d'étude "normal", qu'une association entre le privé et le public donnerait peut-être quelque chose, avec des échanges entre nations...
    Mais cela reste très peu.

    Définitivement, "Ovnis, classés top secrets" n'est pas un documentaire, mais de l'ufotainment, une sorte de show brouillon sur le phénomène qui mélange un peu tout, ne clarifie en rien le sujet et permet à une flopée d'intervenants de justifier l'existence de leurs livres et de leurs conférences grassement payées. C'est d'autant plus dommage que Netflix a déjà prouvé récemment qu'elle pouvait proposer des documentaires de grande qualité (comme par exemple la remarquable mini-série documentaire sur le mystère de "La disparue du Cécil Hotel").

    Au final, si vous voulez voir un bon docu sur les phénomènes aériens non identifiés, regardez plutôt "Ovnis, une affaire d'Etats" de Dominique Filhol, beaucoup plus convaincant, mais évitez de perdre comme moi six heures de votre vie. 

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