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  • L'étrange station-service de l'I29 (Missouri)

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    Avez-vous déjà ressenti dans un lieu une sensation très désagréable, au point d'interrompre tout de suite ce que vous faisiez et de décamper sans demander votre reste ? Cela arrive plus souvent qu'on ne le croit et c'est arrivé à Dave Carter, un habitant d'Omaha dans le Nebraska en juillet 1992.

    Avec sa femme et ses enfants, il rentrait en voiture de Kansas City vers Omaha, par l'I-29, un périple de trois heures environ. Il était tard dans la nuit, vers deux heures du matin.
    main-qimg-755489ed1bb4a4128a6fa5b3b2d537d8.jpgObligé de faire le plein d'essence, Carter décida de s'arrêter au seul endroit qui était ouvert à cette heure. C'était une station-service isolée au milieu de l'obscurité la plus complète, à peine éclairée par les néons au-dessus des pompes. Hormis cela, l'endroit semblait parfaitement normal. 

    Dave Carter fit le plein de son réservoir et entra à l'intérieur de la station pour payer et s'acheter un café. Mais au bout de deux minutes à peine, il ressentit une énorme envie de partir. Il n'avait jamais eu ce sentiment auparavant pour que quoi que ce soit. Il eut l'impression fugace que son destin pouvait être bouleversé de manière imminente s'il ne partait pas immédiatement. Puis il se sentit presque repoussé à l'extérieur. Dave racontera ensuite qu'il avait failli partir sans payer et que sa transaction avec le caissier lui avait paru durer une éternité. 

    main-qimg-91212f1095fd79549fb2316d7a09327f.jpgTrès mal à l'aise, Carter regagna sa voiture où l'attendaient son épouse et ses gamins. Sa femme lui dit alors qu'elle avait envie d'aller aux toilettes et il n'eut pas le temps ni de lui raconter son expérience ni de la retenir. 
    Quelques minutes plus tard, Carter la vit revenir beaucoup plus vite que prévu et à l'évidence, elle paraissait effrayée. Elle avait ressenti exactement la même impression que son mari ! Ce désir irrépressible de fuir cet endroit..
    Sans attendre, Carter prit le volant et quitta la station-service en coup de vent. Alors que les enfants dormaient à l'arrière, Dave Carter et son épouse restèrent éveillés durant tout le reste du trajet.

    Quelque temps plus tard, alors qu'il roulait de jour vers Kansas City, Carter passa à hauteur de la station-service mais n'osa pas s'y arrêter. Mais il vit quelque chose qui était demeuré dans le noir, sur un coteau au-dessus de la station service : un vieux cimetière...

    Quelques vérifications :

    En prenant comme base les indications lacunaires données par Dave Carter, il m'a fallu du temps pour retrouver les lieux sur Google Maps. Suivre l'I29 entre Kansas City et Omaha, c'est long... presque 300 km !
    Finalement, le site est apparu sur la carte : il s'agit du cimetière Mount Hope, situé à Fairfax dans le comté d'Atchison (Missouri). C'est un vieux cimetière qui date des années 1845-46, la période où fut fondée la bourgade de Fairfax. Impossible de trouver d'autres informations sinon que le site regroupe des tombes très anciennes et on peut imaginer qu'il s'y trouve également des tombes indiennes. Peut-être existe-t-il une ou plusieurs légendes locales sur ce lieu mais je n'ai rien trouvé à ce propos.

    En ce qui concerne la station-service de 1992, de toute évidence, elle n'existe plus. Google Maps ne permet pas de s'en approcher mais les vues satellites comme certaines photos prises depuis le cimetière montrent que l'endroit est désaffecté et sert d'espace pour stocker des pneus. Quelqu'un habite-t-il sur place ? Peut-être, on distingue des véhicules sur les vues aériennes. S'il vous prend d'aller faire un tour là-bas et de rencontrer les locaux, tenez-moi au courant... si vous revenez !

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    Des photos du cimetière : pas très engageant... La nuit, ça doit être quelque chose...

    Une dernière anecdote : dans un champ de soja à quelques kilomètres de la station-service, on a découvert en 2000 une météorite très rare, qui porte désormais le nom de météorite de Milton.

     

     

    Une vidéo qui montre le trajet entre Omaha et Kansas City 

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  • La disparue qui se cherchait elle-même

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    En août 2012, c'est une péripétie étonnante qu'a vécu un groupe de touristes en excursion en Islande. Ces voyageurs étaient partis visiter en bus les hautes terres du sud de l'île. En fin de journée, ils ont fait halte à proximité du canyon volcanique Eldgja.

    Là, l'une des femmes asiatiques du groupe est descendue du bus pour s'isoler afin de se changer et de se rafraîchir puis elle a repris sa place.
    Sauf qu'à son retour, pour une raison inexpliquée, aucun de ses compagnons d'excursion ne l'a reconnue.
    Tous les touristes ont alors pensé que la femme qui avait quitté le bus avait disparu.

    1297305313062_ORIGINAL.jpgTrès vite, la nouvelle de la disparition d'une passagère s'est répandue et l'organisateur a fait un appel en donnant une description de la personne en question.
    Et là, autre phénomène incroyable, la femme n'a pas reconnu sa propre description et elle s'est jointe sans se faire prier au groupe de recherches qui fut vite mis en place !

    C'est ainsi qu'une bonne cinquantaine de personnes ont passé des heures, la nuit tombée, à chercher la "disparue" à pied et avec quelques véhicules. Chaque recoin de terrain a été examiné sans relâche et il a même été envisagé de recourir à un hélicoptère doté d'un puissant projecteur.

    Finalement, on ne sait trop qui s'en rendit compte (peut-être quelqu'un qui avait eu enfin l'idée de compter les touristes?), mais vers 3 heures du matin, les recherches furent interrompues lorsqu'il devint évident que la femme disparue faisait en fait partie des volontaires... et se cherchait elle-même.
    Il arrive que l'on voyage pour trouver son moi profond, mais de là à se chercher soi-même dans la nature au sens propre du terme...

    Source : Le Toronto Sun, 28 août 2012

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  • NON, Dean Koontz n'a pas prédit le Coronavirus... et Astérix non plus !

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    Les faits
     
    Depuis la mi-février, de nombreux internautes relaient sur les réseaux sociaux des extraits d'un roman de Dean Koontz de 1981 intitulé "Les yeux des ténèbres". Dans ce livre, l'auteur imagine l'apparition d'un virus capable d'anéantir toute l'humanité.
    Ce qui a retenu l'attention des internautes, c'est le nom du virus: Wuhan-400. (Wuhan est, pour rappel, le berceau du coronavirus COVID-19 qui sévit actuellement sur la planète et qui a fait 2981 morts au 29 février 2020).
    Une autre constatation relayée par les réseaux : lorsque le livre a été publiée en 1981, le virus ne portait pas ce nom, il s'appelait "Gorki-400". Il a donc été modifié à l'occasion d'une réédition en 2020. Enfin, dernière coïncidence : une phrase d'une autre page semble indiquer que le virus du roman aurait envahi la Terre "aux alentours de 2020".
     
    Darren.PNGCette rumeur a été lancée en premier, semble-t-il, le 16 février 2020 sur Twitter par un certain Darren de Plymouth.
    Le même jour, un leader du Congrès indien, du nom de Manish Tewari, a cité le roman (comme une source d'information ??) pour soulever l'hypothèse que le virus serait une arme biologique des Chinois... (lire ici)
     
    Ce que j'en pense
     
    Ayant lu pléthore de romans de Dan Koontz dans les années 80/90, j'ai été forcément intrigué par cette rumeur. Et autant le dire tout de suite, cette "révélation" ne tient pas la route. 
     
    ERqDkLcUwAA10tj.jpgDeux textes qui n'ont rien à voir
    Commençons par la page qui parle de 2020... On y voit un passage entouré en orange : "In around 2020 a severe pneumonia-like illness will spread throughout the globe, attacking the lungs and the bronchial tubes and resisting all known treatments.”
    Il faut être vraiment myope ou de mauvaise foi pour voir que ce texte n'a rien à voir avec le roman de Koontz : la typo des caractères est différente et surtout on s'aperçoit tout de suite que ce n'est pas un texte de fiction, mais un essai.
    En fait, ce passage provient du livre "End of Days: Predictions and Prophecies About the End of the World" écrit en 2009 par une médium du nom de Sylvia Browne. Celle-ci a t-elle prédit l'arrivée du coronavirus ? Peut-être mais ce genre de prédiction catastrophique est largement répandu dans les livres de "prédictions"... et peut s'appliquer à bien des événéments. En cherchant bien, on doit pouvoir trouver des messages similaires chez Nostradamus. Peu importe, le fait est que cette page n'a absolument rien à voir avec le roman de Koontz, ce qui n'a pas empêché de petits malins de laisser croire que c'était une seule et même source.
    Revenons maintenant au roman "Les yeux dans les ténèbres". Notons d'abord que Koontz n'est pas le premier, ni le seul à écrire une histoire contenant un virus mortel pour l'humanité. D'autres que moi auront peut-être envie de faire la recherche, mais il n'est pas exclu qu'il existe plusieurs romans d'anticipation avec des similitudes encore plus troublantes.
     
    Le nom Wuhan-400
    Certes, Koontz a bien écrit un roman dans lequel il décrit un virus qui s'appelle Wuhan-400. Et lorsque le livre a été publié en 1981, le virus ne portait pas ce nom, il s'appelait "Gorki-400".
    Etrange ? Pas tant que ça, lorsqu'on sait que la première version de 1981 fut publiée sous le pseudonyme de Leigh Nichols en pleine guerre froide et que le "méchant d'en face" était russe.
    Ensuite, la première réédition sous le nom de Dan Koontz ne date pas de 2008 comme on le voit indiqué partout, mais de 1989 (source Reuters) et la première mention du nom Wuhan-400 de 1996... 
     
    1eye.jpgSeul le romancier lui-même pourrait nous expliquer la raison de son choix et Reuters, notamment, cherche à le joindre à l'heure où j'écris ces lignes.
    Mais je suis prêt à parier qu'à l'occasion de cette réédition sous son vrai nom, Koontz a fait une révision de son roman. Et la Guerre Froide s'évaporant, il a fait comme tous les romanciers et scénaristes américains de l'époque, il a changé de "méchant". Et donc il a réorienté l'intrigue vers la Chine. Lorsqu'il a fallu trouver un nom chinois au virus, il a dû regarder quelle grande ville était réputée pour ses laboratoires et il est peut-être tombé sur Wuhan dont le fameux institut de virologie existe depuis 1956... En plus, Wuhan, d'un point de vue de romancier, franchement, ça sonne pas mal.
     
    Pas tant de similitudes que ça
    Si l'on regarde en détail ce que raconte Koontz, en fait "son" virus n'est pas si ressemblant que ça avec le Covid-19. Contrairement à ce dernier qui a surgi en décembre 2019 sur un marché de Wuhan où se font des ventes illégales d'animaux sauvages, le virus imaginé par le romancier américain a lui été créé en laboratoire par des communistes chinois pour éradiquer leurs opposants politiques.
     
    D'autres différences existent entre la réalité et le virus du roman, comme par exemple le temps d'incubation (4 heures dans le cas du virus de fiction, 14 jours au moins pour le coronavirus) ou bien son taux de mortalité (quasi 100% pour le virus Wuhan-400, de 2 à 3% pour le vrai coronavirus) ou sa transmission inter-espèces (juste chez les humains dans le roman, d'une chauve-souris probablement vers l'homme en réalité).
    Idem pour les effets : le virus de Koontz libère une toxine qui dévore les tissus du cerveau, alors que le Covid-19 déclenche fièvre, toux et difficultés respiratoires pouvant aller jusqu'à la pneumonie et troubles sévères de la respiration.
     
    Je vois bondir d'ici les complotistes (qui, le plus souvent, ne savent même pas faire la différence entre une virus et une bactérie) persuadés contre vents et marées que c'est une arme biologique sortie volontairement ou non du fameux laboratoire P4 de Wuhan. L'OMS a déclaré officiellement lors d'une conférence de presse que le virus venait d'un animal et qu'il n'y avait aucune preuve qu'il était issu d'un laboratoire. On révisera notre jugement si de nouveaux éléments sont produits prochainement pour ou contre cette théorie.
    Au passage, je ferai remarquer que si le Covid-19 était une arme biologique sortie d'un laboratoire, il a été conçu par des amateurs parce que son efficacité est quand même limitée...
     
    Et Astérix dans tout ça ?
     
    Coronavirus Astérix.jpgDans la même période, des internautes ont trouvé dans la BD d'Astérix de 2017 intitulée "Astérix et la Transitalique" qu'un pilote de char romain s'appelait Coronavirus. Et ils y voient donc une autre "prédiction" de l'arrivée du virus.
    Apparemment, ces mêmes internautes doivent s'informer dans Closer ou sur la chaîne Youtube de Norman pour ne pas avoir le moindre grain de bon sens. Le terme de coronavirus existe depuis des décennies, on ne vient pas de l'inventer.

    Si je suis le scénariste d'Astérix et que j'ai besoin de trouver de nouveaux noms de personnages à consonance gauloise ou romaine (finissant par "ix" ou par "us"), je vais chercher parmi tous les termes existants et forcément je vais tomber sur "coronavirus", un terme qui d'ailleurs avait été médiatisé en 2003 ou en 2010 lors de l'affaire du H1N1 (des années avant la publication de la BD). Donc rien de stupéfiant à ce que le terme, un peu par hasard, se retrouve au détour d'une page des aventures de nos valeureux Gaulois.
     
    Conclusion

    Dean Koontz a bien imaginé un virus qui s'appelle "Wuhan-400" mais sa description a très peu à voir avec le coronavirus actuel. S'y ajoutent une connexion avec un autre texte qui n'a rien à voir et des similitudes qui n'en sont pas vraiment... 
    Bref, la soi-disant prédiction n'en est pas une, tout au plus une forme de coïncidence et ne mérite pas qu'on s'y attarde davantage.
     
    Statut : expliqué.
     
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