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  • Famille Gerrish : que lui est-il VRAIMENT arrivé ?

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    Les parcs nationaux américains abondent en histoires de morts inexpliquées et ce qui est arrivé à la famille Gerrish en Californie à la mi-août 2021 ne déroge pas à la règle. Si les autorités sont parvenus à une conclusion "officielle", celle-ci n'emporte pas complètement l'adhésion.

    LES FAITS

    C'est la nounou de la famille, inquiète de trouver le domicile inoccupé, qui donne l'alerte le 16 août 2021. 
    Ne voyant pas revenir ses employeurs partis en randonnée la veille, elle avertit les autorités de police qui ne tardent pas à ordonner des recherches dans la forêt de Sierra, dans le nord de la Californie, non loin du célèbre parc de Yosémite.
    John Gerrish.JPGC'est en effet dans cette zone sauvage que John Gerrish, 45 ans, son épouse Ellen Chung 30 ans, leur fille d'un an, Aurelia "Miju", ainsi que leur chien Oski, un croisé Akita australien de huit ans, sont censés faire une longue balade.
    Mais normalement, ils auraient dû être rentrés dès le 15 août en soirée. Il n'était absolument pas prévu qu'ils passent la nuit dehors, d'autant qu'ils avaient leur bébé avec eux et que John était supposé travailler le lendemain.

    Très vite, dès le 16 août, les policiers repèrent leur véhicule abandonné, au départ d’un chemin de randonnée proche de la forêt. Et dès le lendemain, le 17 août, les secours localisent le couple, leur bébé et le chien, dans une zone isolée surnommée Devil’s Gulch («Le ravin du diable») à environ 2,5 kilomètres de leur véhicule. Tous sont morts. 

    mariposainvestigation.jpgSelon le San Francisco Chronicle, l’homme est en position assise à côté de son enfant et du chien tandis que la mère se trouve un peu plus haut sur la colline. Le shérif du comté de Mariposa, Jeremy Briese, déclare au journal : 
    « Vous arrivez sur place et tout le monde est mort. Il n’y a pas de blessures par balle, pas de flacon de médicament, pas un seul indice. C’est un grand mystère ».
    Apparemment, la famille avait achevé la majeure partie d'une grande boucle de 12,8 kilomètres environ avant d'être terrassée. Les victimes n'ont pas pu lancer un appel de secours car cette zone est privée de couverture téléphonique.

    QUI ETAIENT LES GERRISH ?

    Gerrish 2.JPGOriginaire d'Angleterre, John Gerrish était un ingénieur informatique qui avait travaillé pour Google depuis 2006, d'abord dans les bureaux londoniens, puis à San Francisco. Récemment, selon l'un de ses amis et voisins, à Mariposa, il travaillait pour Snapchat. Son épouse Ellen venait quant à elle de Californie du Sud. Avant sa grossesse, elle travaillait comme professeur de yoga et suivait des études pour devenir conseillère en affaires familiales et matrimoniales. 

    Lors de la pandémie de la Covid-19, Gerrish s'était mis au télétravail et en mars 2020 le couple avait quitté San Francisco pour venir s'installer deux cent kilomètres plus loin, à Mariposa, un endroit tranquille et sain pour élever leur enfant. Avant la naissance de "Miju", John et Ellen appréciaient sortir et assister à des événements festifs comme le fameux Burning Man. Mais une fois que leur petite fille était née, ils lui avaient consacré toute leur attention.

    Leur nouvelle région d'habitation leur convenait à merveille car elle était proche de facilités pour faire de la marche et du camping. De manière générale, le couple adorait le plein air. Ils étaient tous deux des randonneurs aguerris : Gerrish était même membre du site Alltrails.com et avait de nombreuses randonnées recensées sur son profil.

    L'ENQUETE

    Très vite, les investigations piétinent. Les autopsies des dépouilles ne donnent rien, les analyses toxicologiques pas beaucoup plus... De quoi rapidement éliminer la drogue, l'alcool ou le poison car aucun indice dans ce sens n'est relevé lors des autopsies.
    Les Gerrish ne sont pas morts étouffés ou noyés, ils n'ont pas non plus été foudroyés.
    Le père a été retrouvé assis, tenant sa fille dans ses bras, leur mort a l'air presque sereine...
    Et il est dit lors de la découverte des corps que le couple était en possession d'eau, ce qui écarterait la déshydratation.

    Mais de quoi sont donc morts ce couple de randonneurs, leur bébé et leur animal de compagnie ?

    D'autres pistes sont écartées d'emblée. Celle de l'accident n'est pas envisageable tant les corps ont été retrouvés en parfait état, sans contusions ou fractures. Et l'endroit où on a retrouvé les dépouilles n'était pas particulièrement dangereux.
    De même, l'absence de coups décelables ou de morsures exclut de facto toute agression externe, par un humain ou un animal. La rumeur d'un tueur en série qui sévirait dans la zone s'éteint aussitôt...
    La thèse du suicide semble également improbable : rien ne laisse supposer que le couple (ou l'un des deux partenaires) entendait mettre fin à ses jours. Et si c'était le cas, on aurait retrouvé des traces permettant d'expliquer comment ils sont tous morts.

    Le monoxyde de carbone ?
    Si l'on écarte ces premières pistes, il reste celles mettant en jeu l'intervention d'un agent extérieur. Les enquêteurs ont songé à une intoxication au monoxyde de carbone qui se serait échappé d’un puits de mine désaffectée. Pourquoi pas mais y a-t-il un tel site à proximité ? Les enquêteurs en ont trouvé un, à trois kilomètres du lieu où sont morts les Gerrish, mais rien n'indique que la famille se soit aventurée de ce côté-là.
    Et ce type d'intoxication intervient dans un espace clos, à l'intérieur d'une cavité, et pas vraiment au dehors, là où l'air circule librement... On aurait retrouvé les corps non loin de la mine.

    Les mystérieuses algues bleues
    Après le monoxyde de carbone, un autre coupable potentiel apparaît : des toxines dégagées par des « algues bleues » proliférant dans un cours d’eau voisin. Une alerte aux "algues bleues" avait d'ailleurs été lancée dans cette même zone un mois auparavant, avec une mise en garde contre toute baignade dans ce bras de la Merced River. 
    ratio3x2_2300-1200x800.jpgCes "algues", ce sont en fait des cyanobactéries qui peuvent se développer dans des milieux aquatiques déséquilibrés par de fortes concentrations d’azote et de phosphore, souvent sous l’effet d’une forte chaleur.
    Alors, l'eau présente une concentration très élevée de toxines, capables de “rendre gravement malades ou de tuer des animaux ou des humains” explique l’Agence de Protection de l’Environnement américaine. 
    Le problème, c'est que ces toxines très violentes, voire mortelles, disparaissent rapidement de l’organisme et deviennent quasiment indétectables.  

    La famille Gerrish, habituée aux sorties en pleine nature, ne serait pas tombée dans le piège de boire l'eau de la rivière. Mais un autre scénario se dessine : celui dans lequel le chien s'est peut-être immergé dans l'eau et une fois au dehors, il se serait ébroué, projetant des particules toxiques sur toute la famille. Est-ce suffisant ? Comme l'a souligné Taylor Weiss, professeur en gestion de l’environnement à l’École polytechnique d’Arizona, "la protection de la peau n’est pas très élevée”.
    Des analyses toxicologiques ont été menées sur les victimes et l’autorité de contrôle de l’eau de Californie a par ailleurs procédé à des prélèvements sur le cours d’eau pour détecter la présence de toxines pouvant être responsables des décès. Jusqu’à nouvel ordre, elle recommande de se tenir éloigné des algues et de l’écume et de ne pas laisser les enfants ou les animaux toucher l’eau de cette partie de la Merced River.

    La conclusion officielle n'est pas celle attendue !
    conférence de presse.JPGAlors qu'on s'attendait à une conclusion liée aux algues bleues, coup de théâtre ! Jeremy Briese, le shérif du comté de Mariposa, semble mettre un terme aux interrogations le 21 octobre 2021 lors d'une conférence de presse : les causes du décès seraient en fait l'hyperthermie et une probable déshydratation.
    Les randonneurs auraient commencé leur marche alors qu'il faisait une température agréable de 24 degrés, mais au fur et à mesure de leur progression, la température aurait atteint plus de 39 degrés. Le mercure aurait même fait une pointe à près de 43 °C.
    De plus, et cela vient contredire ce qui avait été annoncé en août 2021 lors de la découverte des corps, la famille avait épuisé ses réserves d'eau. Près du site, on a retrouvé une gourde de type Camelback ainsi qu'un biberon. 

    Lors de la conférence de presse, on apprend cependant que la rivière contenait des niveaux élevés d'algues toxiques. Mais de toute évidence, les victimes n'ont pas bu de l'eau de la rivière. Les algues bleues ne sont donc pas responsables de leur décès.
    Ce serait donc la chaleur qui aurait tué le couple, son bébé et le chien, dans une zone dépourvue d'ombre depuis les incendies de 2018. "Pour le comté de Mariposa, c'est rare, concède quand même Jeremy Briese à la presse, c'est la première hyperthermie mortelle dont je suis témoin en 20 ans".

    MON COMMENTAIRE

    On ne peut pas réfuter en bloc l'explication officielle donnée par les autorités locales après deux mois d'enquête. Effectivement, une chaleur excessive peut tuer. L'hyperthermie, cette augmentation anormale et dangereuse de la température du corps au-dessus de la valeur saine (37 à 37,5 °C chez l'homme) est provoquée par l'accumulation de chaleur issue de l'environnement. La chaleur du soleil, la chaleur ambiante (canicule par exemple), un effort intense ou l'effet de certaines substances comme l'ecstasy entre autres peuvent en être à l'origine.
    En août 2021, un homme de 32 ans est mort dans le Zion National Park (Etats-Unis) après s'être plaint d'un fort coup de chaleur et une femme de 37 ans a été retrouvée morte dans la Baie de San Francisco, elle aussi frappée par une crise cardiaque provoquée par la chaleur (selon sa SmartWatch). 

    Chaque année, ce seraient 700 personnes environ (et peut-être même le double..) qui meurent de la chaleur aux Etats-Unis, selon les Centers for Disease Control and Prevention, à partir d'un relevé sur une période de 2004 à 2018. Sur ces 700 cas, la chaleur serait la cause directe dans 59% des cas et elle aurait contribué au décès avec d'autres facteurs (maladie cardio-vasculaire, overdose, coma éthylique...) dans 41% des cas.

    En juin 2017, trois personnes plutôt jeunes étaient décédées dans l'Hérault à cause de la chaleur, avait rapporté à l'époque Ouest-France (deux d'entre elles avaient fait un effort très violent en plein soleil).

    Pour autant, on peut malgré tout pointer du doigt quelques zones d'ombre dans le décès tragique de la famille Gerrish.

    - Personne n'avait pris de drogue ou d'alcool, les deux adultes étaient a priori en excellente condition physique et ils avaient fait un effort plus modéré qu'intense. Si l'on peut craindre pour la vie du bébé et du chien, plus vulnérables, comment deux adultes entraînés peuvent-ils mourir de la même cause presqu'au même moment ?
    - Comment des randonneurs expérimentés comme ils l'étaient ont pu partir ou se retrouver sans eau sur un parcours de marche qui prend environ 4h30 (surtout avec un bébé et un chien)? On peine à imaginer qu'ils aient juste emporté une gourde et un biberon... Pourquoi la version officielle sur ce point a-t-elle changé entre la découverte des corps et le rapport final deux mois plus tard?
    - Le couple Gerrish était-il si mal en point qu'aucun des deux n'a été en mesure de parcourir les 2,5 kilomètres restants qui les séparaient de leur voiture ?
    - C'était par une journée de forte chaleur en août : le sentier était peut-être moins fréquenté que d'ordinaire, mais absolument personne n'a vu ou croisé la famille Gerrish durant toute cette journée ?
    - Quels ont été le scénario et la chronologie du drame ? Mari et femme n'ont pas été retrouvés au même endroit : qui est mort le premier ? Est-ce le décès du bébé qui a déclenché une sorte de panique chez les parents ? Ceux-ci, affolés et accablés de chaleur, auraient tous les deux fait un arrêt cardiaque dans un intervalle de temps indéterminé mais rapproché ?
    - Les Gerrish sont-ils morts rapidement ou pas ? Pourquoi le couple s'est-il séparé ? Ellen, en grimpant la colline, a-t-elle tenté d'aller chercher de l'aide car son mari, son bébé et le chien étaient inconscients ? 
    - Qu'ont donné l'analyse des téléphones portables ? Même s'il n'y avait pas de connexion, peut-être les Gerrish, s'ils en ont eu le temps, ont-ils laissé un message rédigé ou un sms non envoyé, expliquant ce qui leur arrivait.. ?

    Sur nombre de ces points, la police n'a donné aucune information. S'il y a un doute sur la version officielle, c'est en réalité au niveau de la responsabilité qu'elle induit.
    En effet, si la famille Gerrish est morte de déshydratation parce qu'elle n'avait pas d'eau et qu'elle s'est engagée dans une promenade trop risquée, seule sa responsabilité est mise en jeu.
    En revanche, si la famille Gerrish est morte suite à un agent extérieur (les algues bleues, par exemple), la responsabilité du parc national pourrait être engagée pour n'avoir pas assez dissuadé les randonneurs de se rendre dans cette zone menaçante. 

    Ce que l'on peut dire, c'est que la version officielle, en excluant l'hypothèse des algues toxiques, dédouane les autorités locales de toute responsabilité dans cette affaire. Et, puisque le dossier a toutes les chances d'être désormais clos, elle continuera à le faire longtemps.

    Statut : dossier partiellement expliqué

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  • Affaire du Col Dyatlov : une nouvelle victime

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    Dead tourist.JPGC'est l'une des histoires les plus mystérieuses de toute l'histoire de la Russie qu'ont pu découvrir les lecteurs du tome 1 des Dossiers Inexpliqués : l'affaire du col Dyatlov, marquée par la mort jamais expliquée de neuf randonneurs à ski en 1959, continue toujours d'alimenter les gazettes.

    A la mi-janvier 2016, l'agence russe TASS a révélé qu'un groupe de touristes avait découvert au col Dyatlov le corps d'un homme, au même endroit où les neuf skieurs ont perdu la vie en 1959. Curieusement, ces touristes étaient au nombre de... neuf, un chiffre qui revient souvent dans cette affaire.

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