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Les Dossiers Inexpliqués de Joslan F. Keller - Page 2

  • NON, un avion n’a jamais décollé en 1955 pour atterrir 37 ans plus tard !

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    La nouvelle a agité les réseaux sociaux en 2020 et ce n’était pas la première fois : un avion disparu en 1955 aurait atterri 37 ans après avoir décollé ! Par quelle magie est-ce possible ? Que s’est-il vraiment passé et doit-on accorder du crédit à cette histoire qui nous plonge en plein mystère paranormal ? C’est l’extravagante histoire du vol 914.

    L’histoire telle qu’on la raconte

    Le 2 juillet 1955, le vol 914 de la Pan Am est sensé avoir décollé de New York en direction de Miami mais il s’est volatilisé en chemin et n’est donc jamais arrivé à destination. On précise qu’aucune trace de l’appareil ou d’éventuels survivants n’a été remontée et que les familles des disparus auraient été indemnisées. Le drame tombe dans l’oubli durant trente-sept ans.

    Mais le 21 mai 1992, à Caracas au Venezuela survient un événement extraordinaire : le vol 914 réapparait sur les écrans radar !

    Les contrôleurs aériens voient sur leurs écrans un appareil qui leur est inconnu. C’est un certain Juan de la Corte qui fut le témoin privilégié de ce retour miraculeux. En échangeant par radio avec le pilote de l’avion, celui-ci lui apprend qu’il s’agit du vol charter 914 qui relie New York et Miami, et qu’il a 57 passagers à bord plus quatre membres d’équipage.

    Juan de la Corte ne comprend pas : que fait cet avion américain aussi loin de son parcours ? Il reprend la conversation avec le pilote qui semble aussi désarçonné que lui : « Etes-vous perdu ? Vous êtes à 1800 kilomètres de votre lieu d’atterrissage ! »

    Le pilote peine à comprendre et Juan de la Corte enfonce le clou : « Vous êtes à Caracas, au Venezuela. Et vous n’avez pas d’autorisation pour atterrir ! »

    A ce moment-là, le contrôleur comme le pilote comprennent que la situation est parfaitement anormale. Le pilote, surtout, a l’air complètement perdu et répète « Mais que s’est-il passé ? ».

    Mais ce n’est rien à côté du choc qui l’attend lorsqu’il va demander la date. Juan de la Corte lui donne immédiatement : « Aujourd’hui, nous sommes le 21 mai 1992 ». Le pilote lui fait répéter d’une voix de plus en plus paniquée et se met à répéter : « Oh, mon Dieu ! Oh mon Dieu ! ».

    Juan de la Corte fait de son mieux pour le calmer et lui demande toute son attention pour réussir son atterrissage. Il lui promet que le personnel au sol va être mobilisé pour leur porter assistance.

    Lorsque l’avion atterrit enfin, les techniciens de l’aéroport n’en croient pas leurs yeux. C’est une pièce de musée volante qui se présente à eux, mais dans un état quasi neuf.

    Des agents de sécurité montent à bord de l’appareil. Ils sont abasourdis en découvrant un équipage et des passagers aussi étonnés qu’eux, avec des uniformes et des vêtements datant des années 50. Ils vérifient les documents des passagers et découvrent que toutes ces personnes sont montées à bord de l’avion le 2 juillet 1955 ! De toute évidence, trente-sept ans plus tard, aucune d’elles n’a vieilli…

    Mais durant tout ce temps, où étaient cet avion et tous ces gens ? Comment l’avion a-t-il pu voler sans carburant ? Comment ont-ils tous survécu ? Ont-ils été victimes d’un phénomène temporel ?

    Or, alors que le personnel de l’aéroport va commencer à organiser le débarquement de l’avion, le pilote intime l’ordre à son équipage de retourner dans l’avion et dit aux agents de sécurité de ne pas les approcher. Il annonce alors « Nous y retournons ! » et fait refermer les portes de l’avion.

    Les équipes au sol auront le temps de voir les visages effrayés des passagers, collés contre les hublots. L’avion se met en mouvement, le pilote ouvre sa fenêtre et lance au-dehors sur le tarmac ce qui ressemble à un papier cartonné. Puis l’avion amorce sa manœuvre, se présente sur la piste sans autorisation et disparait à nouveau, mais pour de bon.

    Les agents au sol examineront le document qu’a fait tomber le pilote : c’est un calendrier de l’année 1955…

     

    D’où sort cette histoire incroyable ?

    L’histoire est ressortie en 2020 sur Twitter lorsqu’un membre du réseau social a raconté comment un avion disparu en 1955 aurait atterri en 1992 au Venezuela. Avant lui, en 2019, un vidéaste amateur avait déjà posté sur YouTube une vidéo sur le même sujet, avec plus ou moins les mêmes éléments narratifs, qui avait été vue des centaines de milliers de fois.

    Dans les deux cas, les diffuseurs admettent avoir du mal à croire une telle histoire, mais ils entretiennent suffisamment de flou pour nourrir le doute chez les internautes les plus enclins à croire n’importe quoi. Eux-mêmes ajoutent des informations de leur cru, disant par exemple que tout le monde valide l’information, les médias américains comme les médias vénézuéliens, sans préciser lesquels bien entendu.

    Sur la Toile, on s’en donne à cœur joie pour tenter d’expliquer cette incroyable réapparition, digne d’un roman de science-fiction. Certains, plus affûtés, dressent un parallèle entre cette histoire et une série télévisée américaine, « The Manifest » qui raconte le retour un jour de 2018 du vol 828 de la Montego Air reliant la Jamaïque à New York et… disparu cinq ans et demi plus tôt !

    L’histoire devient virale alors qu’aucun média n’en parle. Et pour cause…

     

    Un canular tiré d’un magazine satirique américain

    Toute l’histoire du vol est, bien évidemment, un canular du début à la fin. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas récent !

    En réalité, on doit le récit de l’avion disparu qui revient 37 ans plus tard à l’imagination fertile des rédacteurs d’un tabloïd parodique et satirique étasunien, le Weekly World News. Cet hebdomadaire, qui eut en son temps sa cohorte de fans, a été publié entre 1979 et 2007. Aujourd’hui, il continue encore d’exister en ligne via des posts sur les réseaux sociaux.

    A l’époque, tout son contenu était composé d’articles imaginaires volontairement absurdes, avec des photos retouchées voire carrément inventées pour l’occasion. Les sujets, souvent débiles, étaient parfois de mauvais goût (comme cet article du 28 juin 1994 évidemment faux affirmant que des aliens avaient guéri des enfants cancéreux dans un hôpital d’Andorre). Le plus souvent, ces articles faisaient la part belle aux extraterrestres, aux difformités humaines, à des découvertes scientifiques farfelues et aux monstres comme Big Foot ou ce « garçon chauve-souris » qui revient de manière récurrente.

    L’histoire du vol 914, que l’on peut retrouver aisément dans les archives du Weekly World News en ligne sur Google Books, a été publiée plusieurs fois avec, à chaque fois des ajouts et des modifications. On la trouve pour la première fois dans l’édition du 7 mai 1985, avec un avion qui atterrit à Caracas le 9 mars de la même année. Cinq ans plus tard, le journal remet ça avec un avion qui atterrit cette fois-ci le 9 septembre 1990. Rebelote dans un numéro de 1993 où la date d’atterrissage est, cette fois, le 21 mai 1992.

    Dans la dernière version de 1999, la date reste celle du 21 mai 1992, et ce sera celle-ci qui sera retenue par les deux auteurs sur YouTube et Twitter. D’ailleurs, tous les détails donnés sont piochés dans les différentes versions de l’histoire dans le journal, avec la reprise des illustrations fabriquées (le calendrier de 1955, les portraits du personnage fictif Juan de la Corte, etc.)

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    En définitive, on pourrait s’amuser de cette histoire extravagante de bout en bout, qui échappe à toute notion de bon sens, si le flou artistique entretenu par certains sur les réseaux sociaux ne visait pas à berner un public de gogos crédules, prêts à croire à tout ce qui relève du merveilleux.

    Encore aujourd’hui, il existe des gens sincèrement convaincus que cette histoire est authentique, tout comme les voyages temporels d’ailleurs. Et lorsqu’on leur demande pourquoi jamais aucun média n’en a parlé, car il s’agirait d’un scoop mondial, ils brandissent l’excuse du complot mondial destiné à cacher la vérité à la population…

     

    Une variante : le vol 513 de la Santiago Airlines

    L’histoire de l’avion suspendu dans le temps semble avoir tellement plu que le Weekly World News a même inventé une version alternative de l’histoire, celle que l’on trouve dans son numéro du 14 novembre 1989. Cette fois-ci, l’avion a disparu en 1954 en Allemagne et est réapparu l’année de la publication de l’article, soit 35 ans plus tard, au Brésil !

    L’histoire, elle aussi détaillée pour paraître plus crédible, est la suivante : le 4 septembre 1954, un Lockheed Constellation décolle de l'aéroport d'Aachen (Aix-la-Chapelle) en RFA pour rejoindre Porto Alegre (Brésil). Il s’agit du vol transatlantique numéro… 513 (!) de la compagnie Santiago Airlines, qui est supposée avoir mis fin à son activité deux ans plus tard en 1956. Le commandant de bord s’appelait Miguel Victor Curry et il y avait quatre-vingt-huit passagers à bord ainsi que quatre membres d’équipage. Le vol 513 n’arrivera jamais à destination, il sera conclu à un crash en mer mais sans pouvoir le confirmer.

    Trente-cinq ans plus tard, le 12 octobre 1989, un appareil Constellation des années 50 réapparait à la surprise des contrôleurs aériens et se pose à Porto Alegre. Le nom de la compagnie ne dit rien à personne. Comme les portes de l’avion ne s’ouvrent pas, on fait intervenir des unités de secours. Dans la carlingue, on trouve 92 squelettes…

    Un certain docteur Celso Atello, spécialiste en phénomènes paranormaux, va affirmer que cet avion a subi une distorsion espace-temps tandis qu’une physicien à la retraite, le professeur Rodrigo de Manha va dans son sens en réclamant que toute l’enquête soit rendue publique, par égard pour les descendants des passagers et des membres d’équipage.

    Ne perdez pas votre temps à vérifier la moindre information sur cette histoire. Tout comme le vol 914, le vol 513 n’a jamais existé. Tout est inventé, le nom de la compagnie, celui du commandant, ceux des présumés experts, les informations sur le nombre de personnes à bord (4 membres d’équipage pour gérer 88 personnes, allons donc…).

    8jRAJd1KNX_1GPjXOj424_wLR3c@488x603.jpgAvec un peu de bon sens, on peut aussi pointer du sens l’ineptie d’une liaison long-courrier entre la ville moyenne d’Aix-la-Chapelle (dont l’aéroport dans les années 1950 est appelé aéroport de Beek, avant de devenir l’aéroport de Maastricht-Aix-la-Chapelle) et une ville du sud du Brésil dont l’aéroport, jusqu’au milieu des années 50, était d’ailleurs trop petit pour accueillir des appareils comme les Lockheed Constellation…

     

    Une parodie : le vol 631 d’Air France

    Humour ou hommage déguisé aux délires du Weekly World News ? En date du 17 octobre 2014, on trouve sur le site satirique d’aviation Radiocockpit.fr, sous la plume d’un certain Capitaine Caserne (sic), le récit extravagant de la découverte en septembre 2014, par des baigneurs de Nouvelle-Calédonie de l’épave échouée sur le sable de l’hydravion Latécoère 631 de la compagnie Air France. Celui-ci avait disparu en mer le 1er août 1948 en effectuant la traversée entre Fort-de-France en Martinique et Port-Etienne en Mauritanie, avec 40 passagers et 12 membres d’équipage.

    En ouvrant l’avion « propre comme un sou neuf », les premiers secouristes ont d’ailleurs découvert 52 squelettes sagement assis dans la carlingue et dans le poste de pilotage. Les experts de BEA français envoyés sur place ont confirmé qu’il s’agissait bien du même appareil, mais n’ont pu expliquer comment il pouvait avoir échoué en Nouvelle-Calédonie, très loin de l’endroit estimé de sa disparition.

    Et l’article de conclure : « Le syndicat SNPL des pilotes Air France a exigé que les heures supplémentaires de l’équipage soient payées pour les 46 années de service effectuées aux commandes d’un avion de la compagnie. Si leurs revendications n’étaient pas satisfaites, ils envisagent de déposer un préavis de grève »… :-)

    Statut : canular devenu une légende urbaine.

    Sources

    • Weekly World News, articles cités dans le corps du texte
    • Emilie Jehanno, « Le mystère de l’avion atterri 37 ans après avoir décollé est un canular », 20 Minutes, 11 juin 2020.
    • François Deymier, « Insolite : un avion aurait atterri 37 ans après avoir décollé » BTLV.fr, 20 octobre 2020.

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  • Affaire Dupont de Ligonnès : 10 questions pour une conviction

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    D’ordinaire, j'étudie plutôt des affaires paranormales, et pas des affaires criminelles. Mais, comme tout un chacun, j’ai eu le temps de m’intéresser au dossier Xavier Dupont de Ligonnès.
    Voici dix ans, à quelques jours près, que le principal suspect s'est volatilisé dans la nature. En lisant ou parcourant l’essentiel ce qui s’est dit sur le suje
    t durant cette décennie, notamment le spectaculaire dossier publié par Society à l’été 2020, et en faisant pas mal de recoupements, je me suis forgé quelques convictions que je voudrais partager avec vous.

    Non que je sache ce qui est advenu à ce personnage ou que je détienne un scoop, mais avec ces quelques réflexions de bon sens, j’espère contribuer très modestement à clarifier cette énigme qui fascine tout le monde. Une fois encore, aucune certitude mais 10 questions auxquelles je me suis astreint à répondre dans l’état actuel de nos connaissances.

    D’abord, les faits. Tout le monde connait le déroulement du drame, pas la peine de s’y attarder. Entre le 3 et le 6 avril 2011, un père de famille, Xavier Dupont de Ligonnès, né le 9 janvier 1961, aurait assassiné, dans sa maison du 55 rue Robert Schuman à Nantes, sa femme Agnès, ses quatre enfants Arthur, Thomas, Anne et Benoît et les deux chiens de la famille.
    Les cinq corps sont retrouvés le 21 avril 2011 sous la terrasse de la maison.
    Xavier Dupont de Ligonnès (que l’on va appeler XDDL désormais), le principal suspect de ce quintuple meurtre, est officiellement aperçu pour la dernière fois le 15 avril 2011 à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var. Depuis ce jour, malgré de très nombreuses alertes, personne ne l’a jamais revu.

    1. Xavier Dupont de Ligonnes est-il encore vivant ?

    C’est la question clé au cœur de cette affaire. Car selon la réponse, ce sont les motivations même du principal suspect qui changent. Comme pour le chat de Schrödinger, il n’y a que deux options possibles : soit XDDL est mort, soit il est vivant. En l’absence de corps, l’une comme l’autre relève du plausible.

    S’il est mort, c’est forcément à la suite d’un suicide (ou alors d’un accident lors de sa fuite). S’il est vivant, il peut s’être réfugié n’importe tout en France ou à l’étranger.

    Au début de l’affaire, j’ai pensé comme beaucoup que XDDL avait mis fin à ses jours, pris de remords et acculé à la dernière extrémité par l’absence de fonds et de moyens pour organiser sa fuite.

    Mais au fil du temps, toutes les informations récoltées par les enquêteurs, tous les indices psychologiques notamment m’ont porté à croire désormais que XDDL est bien vivant (voir notamment question n°2) et s’est enfui quelque part. Qui sait si d’où il se trouve, il ne suit pas la traque dont il est l’objet avec une certaine jubilation ?

     2. L'hypothèse du suicide est-elle plausible ?

    Pour les autorités et les enquêteurs, c’est l’hypothèse qui prévaut. Le procureur de la République de Nantes a estimé qu'« au vu de l'état catastrophique de ses finances, au vu de son état d'esprit les jours ou semaines qui ont précédé ces assassinats, au vu de l'absence totale de traces de l'intéressé malgré l'intense travail de quadrillage et de recoupement policier, l'hypothèse du suicide, sans être du tout certaine, est la plus probable ».

    De même, la procureure Brigitte Lamy n’a pas remis en cause le statut de suspect de Xavier Dupont de Ligonnès et penche, elle aussi, pour la thèse du suicide. D’ailleurs, si le corps de XDDL est retrouvé, et sans autre suspect, il faut savoir que l'enquête débouchera sur un non-lieu.

    En 2019, l'ancien directeur interrégional ouest de la police judiciaire Jean-Paul Le Tensorer s’est dit persuadé que XDDL s’est suicidé. Il parle d’un individu aux abois et acculé face à une situation financière et patrimoniale devenue insupportable, empruntant de l'argent à ses proches, à ses maîtresses et dilapidant l'héritage de son épouse. Selon l’ancien policier, envisager une cavale implique de disposer de fonds très importants ne serait-ce que pour financer un changement d'identité, une opération de chirurgie plastique et une nouvelle vie quotidienne coupée de tout contact avec le public qui pourrait l’identifier.

    Des experts ont décrit la vision très rigide de père de famille qu’a pu endosser XDDL. Dans ce cas, il ne fait pas de différence entre lui et les siens. S’il doit disparaître, alors tout son univers doit disparaître avec lui. Ce n’est sans doute pas un hasard s’il a tué non seulement sa femme et ses quatre enfants, mais aussi les deux chiens. En gros, cela revient à dire, si je ne m’en sors pas, alors personne ne doit s’en sortir…

    Pour autant, des proches comme des journalistes ne croient absolument pas que XDDL ait mis fin à ses jours. Et je partage leur avis.

    Comme arguments principaux en défaveur du suicide, il y a d’abord toutes les actions effectuées par le suspect pour effacer ses traces. Lorsque vous envisagez de vous suicider après un tel massacre, vous ne perdez pas de temps à préparer méticuleusement votre fuite, puis votre disparition. Le fait que XDDL ait pris un peu de temps lors de sa cavale connue ne plaise pas non plus pour la thèse de la mort orchestrée.

    En général, dans ce genre de drame familial, soit on se supprime avec sa famille, soit on se rend aux autorités, soit on part en cavale pour échapper aux conséquences de son crime. Mais on ne traverse pas toute la France pour aller se donner la mort des semaines plus tard dans un endroit où l’on ne vous retrouvera pas. Cela ne correspond absolument pas à la personnalité extravertie de XDDL.

    Sauf à faire preuve d’une perversité incroyable au-delà de son propre décès… XDDL qui s’est toujours considéré comme supérieur au commun des mortels (voir l’article du Parisien « Dans la tête de Xavier de Dupont de Ligonnes ») avait-il envie de défier les enquêteurs même après sa mort en dissimulant l'endroit de sa mort ? Toujours est-il que dans cette fuite vers le sud de la France, on ne perçoit pas chez le suspect une forme de remords ou un tempérament suicidaire…

    Une affaire plus ancienne mais assez similaire permet peut-être d’éclairer la psychologie de XDDL au moment des faits. Je l’ai découverte en mars dernier lorsque je préparais le dossier sur The Watcher que j’ai raconté lors des Rencontres du Mystère et de l’Inexpliqué de BTLV. Il s’avère que dans la même ville que le Watcher s’est déroulé un drame sordide. Le 9 novembre 1971, à Westfield, une ville aisée du New Jersey, un père de famille, John List, un vendeur en assurances de 46 ans, avait aussi abattu toute sa famille avant de partir en cavale.

    En découvrant cette histoire, j’avais fait un rapprochement avec l’histoire de XDDL mais d’autres l’avaient fait bien avant moi, comme Flore Galaud dès le 7 mai 2011 dans son article du Figaro. Cette affaire criminelle d’outre-Atlantique vieille de cinquante ans présente plusieurs similitudes avec le drame de Nantes : une préparation méthodique, l’enchaînement des faits (List et XDDL tuent leur famille en plusieurs fois et font comme si de rien n’était entre les meurtres), la mise en scène orchestrée d’un départ précipité de la famille, une situation financière intenable (chômage pour List, dettes pour XDDL), le manque absolu de compassion (tous deux ont aussi tué les chiens de la famille)…

    Si XDDL demeure introuvable, John List a réussi à semer les enquêteurs pendant près de dix-huit ans. En 1989, il a été enfin repéré grâce à des témoignages d'habitants du Colorado après la diffusion de son portrait dans l'émission de télévision America's Most Wanted. John List y était installé depuis de nombreuses années avec un nouveau nom (Robert Clark), s’était trouvé un emploi et s’était même remarié.

    Après son arrestation, List, qui était resté profondément religieux (il était luthérien), a reconnu que ses crimes violaient l’un des dix commandements : « Tu ne tueras point ». Il savait qu’il avait tort en commettant un tel crime, mais il s’était mis en tête que le seul moyen de sauver sa famille de la ruine financière, c’était de la supprimer.

    En revanche, s’il a pris cette terrible décision, List ne s’est pas tué lui-même. « C’était ma croyance que si vous vous tuez, vous n’irez pas au paradis. Donc en fin de compte j’en suis arrivé au point où j’ai pensé que je pouvais les tuer. Heureusement ils iraient au paradis, et peut-être plus tard, en les rejoignant, j’aurais une chance de confesser mes péchés à Dieu et d’obtenir le pardon ».

    La question que je pose est celle-ci : et si un raisonnement semblable avait animé Dupont de Ligonnes ? On a dit qu’il avait perdu la foi des années auparavant, mais j’émets de gros doutes sur ce point.
    Peut-être était-il en crise, taraudé de questions existentielles ? D'ailleurs, il
    continuait de fréquenter des forums religieux sur Internet, était toujours en lien avec l’« Eglise » de sa mère (voir question n°9) et sur la scène du crime, chaque corps était accompagné d'une figurine religieuse pour son dernier voyage. Est-ce là une initiative qu’aurait prise quelqu’un qui ne croit plus ? Si l’on suit cette logique, XDDL n’a jamais songé à se supprimer, un acte qui serait contraire à ses valeurs religieuses, et il attendrait peut-être de rejoindre sa famille… mais, comme John List, après s’être éteint de sa belle mort.

     3. Si XDDL s'est suicidé, où se trouve son corps ?

    Supposons que XDDL se soit suicidé. C’est une hypothèse qui est loin d’avoir ma préférence comme je l’ai dit, mais supposons. Alors, il est fort probable que son corps gît quelque part dans un périmètre autour du dernier endroit où on l’a vu, à savoir Roquebrune-sur-Argens.
    Le problème, c’est que cette région abonde en endroits peu accessibles, en ravines, en grottes, en lieux très peu fréquentés. Et donc des années, sinon des décennies, peuvent s’écouler avant qu’on ne retrouve son squelette.

    En juin 2013, un corps a été découvert à une vingtaine de kilomètres du lieu où XDDL a été vu pour la dernière fois. Une autopsie a été réalisée, mais selon Danielle Drouy-Ayral, procureur de Draguignan, il ne s’agissait pas du corps du suspect en cavale. La magistrate n’a cependant pas donné d’autres précisions.

    Fin avril 2015, plus de quatre ans après la tuerie de Nantes, un promeneur tombe sur des ossements à proximité d'un campement de fortune à Bagnols-en-Forêt, à quelques kilomètres de Roquebrune-sur-Argens. Là encore, des analyses ADN ont conclure qu'il ne s'agit pas de XDDL.

    Il reste donc à espérer qu’un jour proche, un promeneur découvre par hasard son corps ou ce qu’il en reste. Comme ce fut le cas pour la malheureuse Pauline Laffont, partie seule en promenade depuis la maison familiale des Cévennes et retrouvée morte accidentellement le 21 novembre 1988, trois mois après sa disparition, au fond d’un ravin non loin de son point de départ. Entre le jour de sa disparition et la découverte de son corps, toutes sortes de rumeurs avaient circulé, comme quoi elle faisait une retraite dans un couvent, avait fugué en Chine, était entrée dans une secte ou s’était suicidée à la suite d’une dépression… Tout comme dans l’affaire XDDL.

    4. S'il est toujours vivant, à quoi peut-il ressembler aujourd'hui ?

    Rappelons que Geneviève, la mère, et Christine, la sœur de XDDL, de même que l’époux de celle-ci, Bertram, sont intimement persuadés que le disparu est toujours vivant et qu’il va réapparaître un jour.

    Imaginer à quoi le fugitif pourrait ressembler physiquement relève de la spéculation. Ce qui est sûr, c’est qu’il aurait 60 ans en 2021 et qu’il mesure environ 1,82 m. Pour le reste, il y a fort à parier que XDDL ne ressemble plus vraiment aux photos que l’on a de lui. Tout est possible tant il est facile de changer de coiffure, de pilosité, de couleur d’yeux, voire de visage via une intervention de chirurgie esthétique. Est-il barbu, moustachu ? Porte-il des lunettes ou a-t-il le crâne rasé ? La voix, en revanche, doit être la même mais encore faut-il la savoir la reconnaître…

    En tout cas, on le voit partout, parfois sans même vérifier avant d’en parler sur les réseaux sociaux, comme ce fut le cas avec le cas ahurissant d'un vagabond en 2020 dans le Doubs, une région où selon l’Est Républicain, on croit l’avoir déjà aperçu à trois reprises…

    Un point étonnant : nulle part, je n’ai trouvé d’indication sur un signe distinctif qui permettrait de l’identifier, comme une tache cutanée ou un tatouage par exemple. Hormis toutefois un petit détail physique : il manquerait une dent, la deuxième du côté gauche, à l’homme que tout le monde recherche. C’est peu. XDDL reste extraordinairement ordinaire.

    5. S'il est toujours vivant, où XDDL a-t-il pu fuir ?

    La réponse est assez simple : n’importe où ! N’oublions pas que XDDL a profité d’une large période pour organiser sa fuite. On sait que c’est le 14 avril 2011 qu’on le voit pour la dernière fois en train d’effectuer un retrait d’argent à un distributeur de billets à Roquebrune-sur-Argens, dans le Var. Il passe la nuit dans un Formule 1 de la ville puis, le lendemain 15 avril, Il abandonne à proximité son véhicule, une C5 bleu métallisée et s’en va, en possession de son fusil. Ensuite, plus rien… Mais à ce moment-là, personne ne le recherche !

    En effet, ce n’est que six jours plus tard, le 20 avril, que le Parquet va ouvrir une enquête pour disparition inquiétante de l'ensemble de la famille Dupont de Ligonnès. Et le 21 avril, alors qu'un avis de recherche est diffusé pour toute la famille, les enquêteurs découvrent des restes humains enterrés dans le jardin de la maison familiale. Dans les heures qui suivent, les dépouilles des quatre enfants et de la mère sont exhumées. Ce même 21 avril, les gendarmes localisent la C5 de Xavier Dupont de Ligonnès à Roquebrune-sur-Argens, mais cela fait une semaine au moins qu’elle s’y trouve garée…

    Qu’a fait XDDL entre le meurtre de sa famille et le 15 avril ? Les enquêteurs et les journalistes de Society notamment ont réussi à reconstituer avec plus ou moins de détails sa cavale. Mais entre le 15 avril et le 21 avril, début de l’enquête, on ignore absolument ce que XDDL a pu faire. Et on peut tout imaginer !

    Les frontières françaises étant des passoires (la crise de la Covid-19 vient amplement de le démontrer), le suspect a pu très bien se rendre dans un pays limitrophe comme l’Italie, l’Espagne ou la Suisse. N'étant pas encore recherché, il a très bien pu prendre sans la moindre anicroche un avion ou un bateau pour une destination inconnue.

    Parmi les territoires à envisager, je privilégierais deux pistes. D’une part, les Etats-Unis, pays de prédilection de XDDL où il a déjà séjourné et dont il maîtrise bien la langue. Idéal pour se fondre dans la population qui n’a jamais entendu parler de vous et recommencer sa vie à zéro. A l’image d’un John List dont XDDL avait peut-être entendu parler avant le drame…

    D’autre part, l’Asie où XDDL a également voyagé à plusieurs reprises (Thaïlande, Bali, Malaisie), voire l’Australie. On sait qu’il a envoyé des mandats à un certain Joven Soliman, aux Philippines : cette piste reste ouverte...

    Tous ces endroits sont des lieux éloignés de la France, aux conditions de vie agréables, où il est facile de se faire oublier… Mais la solution est peut-être du côté de continents moins évidents, comme l’Amérique du Sud ou l’Afrique (Yémen) mais je reste convaincu que dans le cadre d’une fuite à l’étranger, XDDL aurait choisi en priorité des destinations familières ou propices à l’adaptation et à une vie agréable.
    Cela dit, demeure la question cruciale du financement de cette fuite à l’étranger et des moyens financiers nécessaires pour refaire sa vie loin de l’hexagone. De ce qu’on le sait, XDDL n’avait presque plus rien en poche. Au dernier distributeur où on l’a aperçu, il n’a retiré que 30 euros, très peu pour un homme en cavale…

    À moins que XDDL ne soit finalement pas parti aussi loin et qu’il tente de survivre quelque part en France, soit dans la discrétion d’une communauté religieuse qui l’aurait accueilli, soit au vu et au su de tous, mais méconnaissable, juste pour le plaisir de défier ceux qui le traquent… À vrai dire, cela serait assez fidèle au formidable complexe de supériorité qui l’a toujours animé.

    6. XDDL a-t-il pu tuer seul sa famille ?

    Ce que l’on sait, c’est qu’en décembre 2010, à presque 50 ans, XDDL s’est découvert une soudaine passion pour le tir, fréquentant un stand de tir nantais d’abord avec un pistolet, puis à partir de février avec la carabine dix coups héritée de son père mort en janvier 2011.
    Le 12 mars 2011, XDDL achète un silencieux et des cartouches de carabine dans une armurerie de Nantes. Fin mars (le 23 ou le 30), il fait plusieurs achats dont « un rouleau de sacs-poubelles de grande taille, ainsi qu'un paquet de dalles plastique adhésives pour le sol ».

    Le 1er avril, XDDL achète du ciment ainsi qu'une bêche et une houe, puis le lendemain quatre sacs de chaux de 10 kg chacun, dans différents magasins de la région nantaise. Enfin, le 3 avril, l’un de ses voisins aperçoit Agnès pour la dernière fois puis XDDL qui dépose de gros sacs dans sa voiture, une Citroën C5.

    Les autopsies pratiquées sur les cinq dépouilles ont montré que la mère et ses quatre enfants ont été exécutés d’une manière « méthodique » dans leur sommeil.

    Les investigations tous azimuts ont permis d’avoir la certitude que le scénario élaboré par XDDL (le départ précipité de toute la famille à l’étranger) devait être imparable, en dissuadant toute recherche approfondie dans la maison. C’était sans compter sans l’intuition d’une capitaine de police qui a trouvé étrange la mention dans la lettre que Xavier Dupont de Ligonnès a envoyé au reste de sa famille ainsi qu’à des proches, de ne pas toucher au « fouillis » sous la terrasse. Le plan a fonctionné trois semaines environ, le temps de retrouver les cinq cadavres… et de permettre à XDDL de s’évaporer.

    Si XDDL a procédé seul aux préparatifs du massacre et qu’il a aussi pu tuer seul sa famille, en revanche, se pose la question de savoir comment il a pu, dans un premier temps, transporter les cinq corps des chambres du 2ème étage jusqu'à la terrasse du jardin.

    Puis excaver tout seul, dans un temps limité et sans attirer l’attention de ses voisins, un trou sous la terrasse de 2,5 m3 de terre. D’autant qu’il était notoirement su que XDDL souffrait de violentes douleurs au dos (problème de disque intervertébral aux lombaires) et de périarthrite à l’épaule qui l’auraient handicapé pour une tâche aussi harassante.

    S’il n’a pas agi seul, qui l’a aidé ? Ou bien ce seraient d’autres que lui (et un éventuel complice) qui se seraient chargés d’enterrer les corps ? Un détail troublant : lorsque la police découvre les deux fosses où sont entreposés les corps, elle constate qu’elles sont recouvertes de ciment encore assez frais, donc coulé récemment. Pourtant, XDDL se trouve dans le Var depuis au moins six jours... Mais quelqu’un aurait-il venir dans la maison après son départ, sachant que la police y a fait cinq passages du 13 au 21 avril, avant la découverte des victimes ?

    Il reste un mystère évident au 55, rue Robert Schuman à Nantes.

    > A quoi ressemble la vraie scène de crime

    7. D’ailleurs, est-on vraiment sûr que les corps découverts sont ceux de la famille de XDDL ?

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, il y a effectivement un doute. Lorsqu’ils ont été découverts, les corps étaient méconnaissables. L’autopsie a permis d’apprendre que les enfants avaient été drogues avec un somnifère, puis abattues à bout portant avec une carabine 22 long rifle, du modèle de l’arme qu’avait héritée XDDL trois mois plus tôt. Le fait qu'Agnès n'ait pas été droguée semble indiquer qu'elle aurait été la première victime.

    Sans qu’on puisse en avoir la confirmation, il a été dit que les mensurations et les poids des corps ne correspondaient pas vraiment à ceux d’Agnès et de ses enfants…
    Les analyses d’ADN ont révélé que toutes les victimes étaient de la même famille. Mais cet ADN n’a apparemment jamais été comparé à celui de la famille de XDDL. Par ailleurs, ladite famille a été dissuadée de venir reconnaître les corps avant leur incinération.

    Un autre élément curieux : le 22 avril 2011, c’est-à-dire le jour même des autopsies, le procureur de la République de Nantes déclare qu’il va donner l’ordre de délivrer les permis d’inhumer dans les jours qui suivent. Une décision très rapide et inhabituelle qui a beaucoup surpris au regard de l’ampleur de la tragédie. Les obsèques auront lieu le 28 avril 2021 et les corps incinérés seront inhumés le 30 avril.

    Tous ces éléments ont conduit certains, dont la famille de XDDL, à penser que les corps exhumés dans la maison nantaise ne sont pas ceux d’Agnès et des enfants Dupont de Ligonnès. Une vaste supercherie ? C’est la question que se pose ainsi Midi Libre dans un article du 27 juillet 2012.

    Aujourd’hui, les cendres des victimes reposent à Noyers-sur-Serein dans l’Yonne. Pour lever le doute et en avoir le cœur net, il serait sans doute instructif de comparer les ADN relevés lors des autopsies avec ceux de la famille XDDL. S’il y avait une différence, cela ouvrirait forcément des perspectives inédites sur toute l’affaire…

    8. Pourquoi XDDL s’est-il rendu dans le quartier de Port-Boyer ?

    Après la mort de son dernier fils Thomas, dans la nuit du 5 au 6 avril, Xavier Dupont de Ligonnès va rester jusqu’au 10 avril dans la maison avant de partir. Le 6, il reste cloîtré à domicile, sans doute occupé à effacer toutes les traces du massacre. Le lendemain, on l’aperçoit en train de faire des allers-retours entre la maison et sa voiture, en transportant de gros sacs.

    Dans leur livre sur l’affaire « Sans pitié pour les siens » (2017), Béatrice Fonteneau et Jean-Michel Laurence écrivent qu’une piste aurait été négligée par la police. Le 7 avril, XDDL quitte son domicile à 1h17 et 6 minutes plus tard, à 1h23, sa ligne mobile s’active à côté du 77, rue du Port-Boyer à Nantes. On y trouve quelques immeubles de type HLM, des parkings, un bois et non loin, le ruisseau des Sourdes qui se jette à cent mètres de là dans l’Erdre. C’est un endroit plutôt isolé, que l’on ne recommande pas forcément de fréquenter la nuit. Que fabrique XDDL dans cet endroit passé minuit ?

    Puis, en début de soirée ce même jour, XDDL envoie un mail à son beau-frère Bertram, et le téléphone borne ensuite à nouveau à 21h23 à hauteur du 77, rue du Port-Boyer.
    Il semblerait que les enquêteurs n’aient que peu, voire pas, exploré cette piste, ce qui semble incroyable. Pourtant, il y avait peut-être des informations précieuses à récupérer de ce côté-là.

    Comme tous les ordinateurs et téléphones portables de la famille ont disparu de la scène de crime, on peut envisager que XDDL se soit rendu dans ce coin plutôt sauvage pour s’en débarrasser. Il aurait fallu se rendre sur place, fouiller les alentours, notamment les parties boisées ou irriguées, interroger le voisinage… Il est possible que XDDL s’y soit rendu par hasard (au moins à deux reprises, toutefois) ou bien parce qu’il avait déjà repéré les lieux. Mais pourquoi ne pas imaginer qu’il y connaissait quelqu’un et qu’il ait dealé tout le matériel disparu contre de l’argent destiné à contribuer à financer sa fuite ?
    En examinant la zone sur Google Maps, on distingue plusieurs parkings ombragés très discrets dans lesquels on peut faire affaire la nuit sans être dérangé…

    9. Quelles sont les zones d'ombre autour de la mère et de la soeur de XDDL ?

    Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont nombreuses. Aussi bien la mère de XDDL, Géneviève (née en 1930) que sa sœur Christine (née en 1966) ont toujours affirmé qu’elles ne croyaient pas en la culpabilité de XDDL. Pour elles, Xavier et sa famille sont bien partis aux Etats-Unis et elles pensent que ce ne sont pas les corps d’Agnès et des enfants qu’on a retrouvé sous la terrasse.

    Dans le dossier de Society, il est rappelé à juste titre que Christine, qui entretenait un lien étroit avec le fugitif, a attendu un mois et demi avant de transmettre le message de son frère à la police. Pourquoi ? Cette même sœur qui possédait six lignes de téléphone et envoyait régulièrement des chèques à XDDL…
    Society mentionne également cette histoire intrigante de colis mystérieux envoyé à XDDL et que sa mère Géneviève aurait tenté, en vain, de retirer. Recherché, le colis en question aurait ensuite disparu…

    Et puis, l’affaire a fait émerger une autre histoire, qui donne un éclairage sombre et mystique à la famille Dupont de Ligonnès. Sa mère Geneviève a fondé en 1960 le groupe de prière « Philadelphie » ou « Le Jardin », un mouvement à caractère sectaire fondé sur l'Apocalypse, implanté entre Versailles et le nord de la Bretagne.

    Le caractère occulte de l'Eglise de Philadelphie a intrigué les policiers, qui ont saisi plusieurs documents. Parmi ceux-ci, le témoignage d'un ancien membre évoque le caractère sectaire de ce groupe, qui mêle références à Satan et « complot judéo-maçonnique ».

    Désormais dirigée par Christine, la sœur de Xavier, ce "groupe de prière mystique" aux "dérives sectaires" comme l’a qualifié la Miviludes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, a fait l'objet, en novembre 2019, d'une enquête préliminaire par le parquet de Versailles, pour « abus de faiblesse en état de sujétion psychologique visant un mouvement d'inspiration catholique, traditionaliste, radical et apocalyptique ».

    C’est dans ce milieu oppressant et fanatique que XDDL a grandi. Sa mère, issue d'une famille bourgeoise très pieuse, vit dans l'attente d'une apocalypse imminente. On peut s’interroger sur la part réelle prise par la mère, la sœur et la secte dans son ensemble dans le drame.
    Quel appui ont-elles pu apporter au suspect dans sa fuite effrénée ? Est-il possible que XDDL se cache quelque part dans l’un des lieux de rencontre de la secte, entre la Bretagne et Versailles ? La tentation est forte de faire passer Geneviève et Christine Dupont de Ligonnes du statut de parties civiles à celles de suspectes…

     10. Quelles sont les pistes qui n'ont pas ou peu été explorées ?

    Dans l’affaire de la tuerie de Nantes, les zones d’ombre et les hypothèses non explorées abondent. En voici quelques-unes qui n’ont pas été vraiment fouillées à fond, c’est le moins qu’on puisse dire.

    La piste du monastère. Une personne qui connaissait les pseudos de XDDL s’est connecté le 3 avril (premier jour des meurtres) sur le forum Cité-Catholique. Il se pourrait que ce soit XDDL lui-même qui se serait ensuite connecté tous les jours de sa cavale connue.
    Le dernier article posté sur le site, deux ans plus tôt, fait référence à une fraternité ultra-traditionnaliste, Saint-Thomas Becket, qui pratique la messe en latin et dont une paroisse est basée à Ollioules.
    Or, Ollioules se trouve à six kilomètres de l’endroit où XDDL a passé son avant-dernière nuit connue et à moins de cent kilomètres de Roquebrune sur Argens. L’abbé Jean-Pierre Gac affirme n’avoir jamais été en contact avec XDDL mais le Var pullule de confréries de ce genre. XDDL s’est-il fait oublier dans une telle communauté ? Au regard de la personnalité du fuyard, on imagine mal qu’il ait supporté très longtemps de rester à l’écart, coupé du monde et de la vie publique. Tôt ou tard, il sera réapparu quelque part dans la région.

    Les papiers volés. Le 3 avril, en début de soirée, au moment où XDDL s’apprête à commettre l’irréparable, une jeune étudiante en BTS à Nantes vient porter plainte pour l’effraction de sa Twingo : on a lui a volé son autoradio, ainsi que les papiers du véhicule, rangés dans une pochette en simili cuir de couleur grise.
    Or, cette pochette a été retrouvée le 22 avril dans le vaisselier du salon des Ligonnès où XDDL rangeait ses papiers. Les enquêteurs ont attribué cette effraction à Arthur Ligonnès, l’un des fils, déjà arrêté pour vol de vélo et conduite sous cannabis. Mais quel intérêt aurait-il eu à conserver ces papiers et à les ranger au milieu des affaires de son père ? Et si c’est XDDL lui-même, dans quel but ?

    Les rôles d’Emmanuel Teneur et de Michel Rétif. D’abord considéré comme une aide précieuse par les enquêteurs, on a fini par se demander si Emmanuel Teneur, le meilleur ami de XDDL (dont il était amoureux depuis leur adolescence) n’avait pas été complice du fugitif. Il avait notamment hérité d’un héritage de 250 000 euros dont une partie aurait pu être détournée pour alimenter une caisse secrète destinée à aider XDDL à s’enfuir.

    En proie à une dépression et des problèmes d’alcoolisme, Emmanuel Teneur a succombé le 18 janvier 2020 d’une crise cardiaque consécutive à une embolie pulmonaire. Selon l’enquête de Society, « Xavier Ligonnès a tué Emmanuel Teneur », tout comme son autre grand ami, Michel Rétif, qui atteint d’un cancer, s’est suicidé le 2 mars 2018 après une grosse dépression.

    Bien que décédé, ce dernier est également mêlé de près à l’enquête car il est apparu que le 14 avril, alors que Xavier Dupont de Ligonnès passe sa dernière nuit "connue" à Roquebrune-sur-Argens, Michel Rétif se trouve à moins de 10 kilomètres de là, à vol d’oiseau. Une coïncidence trop belle pour être vraie.
    Auparavant, le 6 avril à 21h45, Rétif avait réussi à joindre XDDL au téléphone durant 25 minutes. C’est le dernier à lui avoir parlé. Les deux hommes ont-ils convenus de se retrouver dans le Var ? En tout cas, Rétif s’y trouve du 13 au 15 avril. Se sont-ils vus, croiser ? L’ami proche ne s’est jamais expliqué avant sa mort. Tout au plus connait-on son parcours dans la région et le fait que le 13 avril, il a passé la soirée à Cogolin dans le Var, avec son ami Laurent, pilote d’avion, qui n’a jamais été entendu par la police.

    L’information du garagiste. XDDL a fait la connaissance d’un certain Cédric M., garagiste, quelques années plus tôt. Le fugitif a déjeuné avec lui et son associé Renaud, le 31 mars 2011, quatre jours avant les meurtres. Interrogé par Society, le dénommé Renaud vitupère car la police n’est jamais venue l’interroger alors qu’il est le dernier à voir avoir vu XDDL vivant. « Mais je ne vous dirai pas quand, parce que la date est importante » (Society)

    La lettre à l’AFP. Le 14 juillet 2015, l’agence France-Presse de Nantes a reçu un courrier avec une photo de deux des fils de XDDL et, au dos, la signature d’un certain « Xavier Dupont de Ligonnès » annonçant : « Je suis toujours vivant », puis en minuscules la phrase énigmatique « de là jusqu’à cette heure (sic) ». La provenance de cette lettre mystérieuse demeure inconnue à ce jour.

    MA SYNTHESE :

    • Envisager le suicide de Dupont de Ligonnes, du moins peu après l'assassinat de sa famille, n'est plus une hypothèse convaincante. S'il est aujourd'hui mort, c'est arrivé bien plus tard, et sans doute pour une autre raison.
    • Toutes les facettes que l'on connait de sa personnalité permettent d'imaginer qu'il a très bien pu partir refaire sa vie à l'étranger.
    • L'affaire comporte nombre d'éléments mal éclaircis, voire pas explorés du tout. Ce qui interroge forcément...
  • NON, la théorie de l'avalanche n'a pas résolu tout le mystère du col Dyatlov !

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    Depuis quelques jours, la Toile frémit après la publication d'une étude helvétique qui apporte du poids à l'hypothèse de l'avalanche pour expliquer ce qui reste aujourd'hui le plus grand mystère sans doute de l'ère soviétique.
    On va voir que cet effet d'annonce, amplifié par des médias toujours plus affirmatifs que les autres, n'apporte pas toutes les réponses à cette énigme vieille de plus de soixante ans.. loin s'en faut.

    Rappel du contexte 

    Dans la nuit du 1er au 2 février 1959, sur le mont Kholat Syakhl, dans une région retirée du nord de l'Oural, neuf randonneurs à ski trouvent la mort dans des circonstances très étranges. Ont-ils été victimes d’une simple avalanche ou d’«une force irrésistible inconnue» comme il est noté dans le rapport officiel ?
    Je ne reviens pas ici sur la totalité du dossier que j'ai largement développé en 2014 dans mon livre "Dossiers Inexpliqués" (chap. 4, pp. 71-97) en un temps où cette affaire n'était pas aussi médiatisée que maintenant. 

    Avant de questionner l'étude suisse, il importe cependant de revenir sur trois volets du dossier :

    1. La découverte des corps

    Sur les flancs du mont Kholat Syakhl, l'équipe de secours qui arrive sur le site le 26 février (soit plus de trois semaines après le drame) va faire des découvertes aussi macabres qu’incompréhensibles.
    Tout d’abord, les sauveteurs trouvent le campement abandonné et constatent que la tente est gravement endommagée, comme déchirée depuis l’intérieur. Mais les effets personnels de l’équipe sont toujours là. Du camp partent des empreintes de pas (bottes, chaussettes et même pieds nus !) qui montrent que les membres de l’équipe ont fui dans la plus grande précipitation.
    Les secouristes suivent ces traces jusqu’à la lisière d’un bois, situé de l’autre côté du col, à environ 1,5 kilomètres au nord-est.
    À partir de cet endroit, les empreintes s’évanouissent, effacées par la neige. Mais non loin de la lisière, sous un grand sapin, les secours repèrent les restes d’un feu de camp et deux corps inertes. Ce sont ceux de deux des membres de l'équipe, Krivonischenko et Dorochenko. Les deux hommes sont déchaussés et portent seulement leurs sous-vêtements !
    Sur le sapin, les secouristes remarquent des branches cassées jusqu’à une hauteur de cinq mètres environ, ce qui laisse supposer que l’un des malheureux a tenté d’y grimper.

    En revenant sur leurs pas vers le campement, les sauveteurs trouvent trois nouveaux cadavres : à 300 mètres du sapin, gît sur le dos le corps d'Igor Dyatlov. Le chef de l’expédition, dont le visage est tourné vers le camp, est habillé mais ne porte pas de chaussures. Il serre encore dans sa main une petite branche de bouleau.
    Environ 180 mètres plus loin, toujours en direction de la tente, c’est au tour de la dépouille de Zina Kolmogorova. Elle aussi est déchaussée.
    Puis, encore 150 mètres plus loin, le corps de Slobodine. Son crâne est fracturé, son pied gauche est nu alors que son pied droit, enfilé dans une botte de feutre, porte quatre chaussettes !

    Selon la position des corps et leurs brûlures aux mains, il semble que les randonneurs étaient en train de ramper, usant leurs dernières forces, dans l’ultime espoir de regagner le campement. Quatre membres de l’équipe manquent encore à l’appel…

    Dès la découverte des cinq premiers corps, une première enquête commence. Les médecins légistes sont vite formels : les victimes sont toutes mortes d’hypothermie. Certes, Slobodine a le crâne fracturé, mais cette blessure n’a pas causé sa mort. 


    Deux longs mois plus tard, le 4 mai 1959, on découvre enfin les quatre derniers corps, ensevelis sous quatre mètres de neige, dans un ravin à l’intérieur du bois, à 75 mètres environ du pin de la première découverte. Trois d’entre eux sont cependant décédés de mort violente. Thibeaux-Brignolles, qui a subi une fracture du crâne, repose dans les eaux d’un ruisseau tandis que Kolevatov et Zolotariov sont allongés l’un contre l’autre. Zolotariov a la cage thoracique enfoncée et n’a plus d’yeux.
    Quant à Lioudmila Dubinina, retrouvée à genoux face au ruisseau, elle a subi également de graves fractures à la poitrine et sa langue a été arrachée !

    2. L'enquête officielle

    En 1959, seules quelques parties de l’enquête sont rendues publiques. Les journalistes qui suivent le dossier font leurs choux gras avec quelques rares éléments : les morts par hypothermie, l'absence d'autres personnes dans les environs, la tente déchirée de l'intérieur, la mort des victimes six à huit heures après leur dernier repas et les empreintes de pas qui montrent que tous les membres du groupe sont partis à pied de leur plein gré. 
    Ce qui intrigue les médecins légistes : les corps ne présentent aucune blessure externe, comme s'ils avaient enduré une très haute pression. Selon le docteur Boris Vozrojdenny, seule une très grande force, comparable à celle subie lors d’un accident de voiture, peut infliger de tels dégâts corporels. Impossible que ce soit un humain car «la force des coups était trop grande et les parties charnues n'ont pas été endommagées».

    Par la suite, des rumeurs persistantes vont faire état de hautes doses de contamination radioactive sur quatre corps. Aucun document contemporain du drame n’y fait référence, seulement des documents plus tardifs, ce qui fait douter de l'authenticité de cette donnée. Il ne faut pas oublier non plus que deux des randonneurs faisaient des études justement dans l'industrie nucléaire, ils avaient passé du temps dans des centres nucléaires et il n'est donc pas exclu qu'une partie de leurs vêtements aient conservé une dose de radioactivité.
    De même, les proches des victimes vont raconter avoir constaté, avant les funérailles, deux anomalies physiques sur les corps : leur peau présentait un hâle rouge orangé anormal et leurs cheveux, une coloration grisâtre. Qu’est-ce qui a pu provoquer de telles altérations physiques ? 

    L’enquête officielle est vite bouclée : dès mai 1959, les autorités soviétiques referment le dossier en raison de l’«absence de partie coupable». Le rapport de Lev Ivanov, qui a dirigé les investigations, tient en une formule : c’est une «force irrésistible inconnue» qui a causé la mort des neuf randonneurs ! 
    Comme l'information est aux mains du pouvoir, la population doit se contenter de miettes et les gens au courant ne questionnent pas ces conclusions pour le moins surprenantes. Tous les documents sont stockés dans un fonds d’archives secret et la zone du drame est interdite aux skieurs et randonneurs durant trois ans.

    3. Les hypothèses

    Certains affirment en avoir listé plus de 70. Personnellement, j'en ai relevé une quinzaine et c'est déjà beaucoup ! 

    >> L'avalanche
    'explication la plus plausible et la plus rationnelle, c'est la coulée de neige mortelle. C’est l’explication préférée des sceptiques qui constatent que l’histoire s’est déroulée dans l'Oural, en hiver et sous la neige, donc rien de mystérieux : c’est une coulée de neige qui aurait surpris l’expédition Dyatlov en pleine nuit.

    Sous l’effet de la panique, les neuf randonneurs auraient fui le campement dans le noir et la précipitation, incapables de s’habiller correctement. Pour s’échapper plus vite, les campeurs auraient déchiré leur tente depuis l’intérieur. Un premier groupe se serait regroupé près du bois et aurait tenté d’allumer du feu. Slobodine aurait tenté de grimper à un arbre pour attraper du bois, mais aurait chuté, se blessant mortellement. 
    Dyatlov et Kolmogorova, tétanisés par le froid, auraient décidé de retourner vers le campement, mais seraient morts en chemin d’hypothermie.
    Quant aux membres de l’autre groupe, Thibeaux-Brignolles, Dubinina, Kolevatov et Zolotarev, rendus aveugles par l’obscurité, ils seraient tombés dans une ravine et, pris au piège, voire blessés, auraient fini par succomber l’un après l’autre. 

    Ce qui expliquerait pourquoi Zolotarev portait le manteau en fausse fourrure de Dubinina et le pied de celle-ci était enveloppé dans un morceau du pantalon de laine de Krivonichtchenko, peut-être dans une tentative pour garder la chaleur. Mais personne ne peut expliquer pourquoi Thibeaux-Brignolles portait deux montres au poignet, l'une indiquant 8h14, l'autre 8h39…

    Cette théorie s’avère rassurante pour l’esprit, mais elle se heurte à quelques contradictions sur le terrain : le danger d’avalanche dans la région de l’incident n’est pas si fréquent, le mont Kholat Syakh n’est pas très élevé et ses pentes ne sont pas vraiment raides. De plus, le journal du groupe fait état d’une couverture neigeuse relativement mince. Cela dit, qu’une couche de neige se détache et glisse vers le campement n’est pas impossible. Elle aurait piégé les randonneurs dans leur tente, les obligeant à en découper la toile pour sortir.  
    Mais curieusement on a du mal à imaginer qu’une simple avalanche ait pu terrifier à ce point neuf personnes pour qu’elles s’enfuient par -20°C sans prendre le temps de se vêtir chaudement… Les randonneurs étaient très expérimentés et savaient parfaitement qu’ils avaient bien davantage à redouter du froid glacial que d’une avalanche.
    À moins qu’il ne s’agisse d’une coulée de neige gigantesque, amplifiée par des rafales de vent. Mais dans ce cas, les neuf touristes n’auraient pas eu le temps de prendre la fuite et leur campement aurait disparu sous des mètres de neige…
    Or, la comparaison entre les dernières photos prises par l’équipe le 1er février et celles prises par l’équipe de sauvetage le 26 février montre que la hauteur de neige est demeurée presque la même…

    Notons qu'en 2015, un comité d'enquête de la Fédération russe (ICRF) a rouvert le dossier et a conclu en 2019 que la cause la plus probable de l'incident était une coulée de neige. Cette même année, le bureau du Procureur général de la Fédération de Russie a repris les résultats de l'enquête et a mené ses propres recherches pour parvenir, en juillet 2020, à la même conclusion que l'ICRF.
    L'une conme l'autre de ces enquêtes n'a pas fourni d'explications scientifiques aux principaux contre-arguments et a donc laissé vivace la recherche des causes du drame. En 2019, une expédition suédo-russe a contesté les conclusions de l'ICRF, proposant que le facteur premier était l'impact de vents catabatiques. Les vents catabatiques (du grec "katabatikos", qui descend la pente) sont des vents gravitationnels produits par le poids d'une masse d'air froid dévalant un relief géographique.

    >> Les autres hypothèses
    Je reviendrai sur l'hypothèse de l'avalanche, au coeur de l'étude helvétique évoquée plus haut. Mais à supposer que ce ne soit pas la véritable cause, quelles seraient les autres hypothèses possibles ? 

    - Un autre phénomène naturel : oui mais lequel ? Il n'a pas neigé la nuit du drame, mais les vents ont peut-être été très violents. On a parlé d'infrasons ayant pu créer une panique incontrôlable au sein du groupe, mais sans preuve scientifique convaincante.
    - Une attaque animale : que ce soit un ours, une meute de loups ou... un Yéti, aucune trace autre que celles des randonneurs n'a été retrouvée sur place.
    - Une intervention humaine extérieure : de même, aucune trace d'agression humaine (par la peuplade locale des Mansis, par un groupe de prisonniers échappés du goulag ou par les militaires soviétiques) n'a été décelée, aucun effet personnel n'a disparu de la tente.
    - Une cause interne au groupe : il a été question d'une rixe entre les randonneurs, d'une intoxication alimentaire, d'alcoolisme.. Mais aucun élément probant ne vient soutenir ces hypothèses. Reste la possibilité d'un coup de folie de l'un ou plusieurs des randonneurs, entraînant leurs compagnons hors de la tente dans le froid intense. Des études scientifiques ont montré que dans certaines circonstances, une personne convaincue qu'il faut fuir peut s'ériger en leader et entraîner des proches à sa suite...
    - Autre chose : on aborde là les hypothèses les plus paranormales, depuis l'apparition des esprits du "mont des neuf cadavres" (comme l'ont baptisé les Mansis avant le drame !) ou l'observation effrayante d'une boule de feu ou d'un ovni... Même si ce sont les plus improbables, on ne peut pas les écarter, ne serait-ce que parce que les victimes auraient pu faire l'objet d'hallucinations ou d'une mauvaise interprétation d'un phénomène explicable.

    L'étude helvétique

    Les travaux de deux chercheurs, Johan Gaume (qui dirige le Laboratoire de simulation des avalanches à l’École polytechnique de Lausanne) et Alexander M. Puzrin (spécialiste en géotechnique à l’École polytechnique de Zurich), viennent relancer aujourd'hui l'intérêt sur le dossier Dyatlov. Intitulée "Mechanisms of slab avalanche release and impact in the Dyatlov Pass incident in 1959", leur étude a été publiée le 28 janvier 2021 par la très sérieuse revue scientifique Nature.
    Je vous invite à la consulter en cliquant sur ce lien 

    Photo tente.JPG


    Dans cette étude, les deux experts ont bâti un modèle d’analyse d’avalanche de plaque dans les conditions environnementales de l’endroit.
    Leur analyse suggère qu’une combinaison de facteurs a déclenché une avalanche à retardement, qui a surpris les jeunes dans leur sommeil, par des températures avoisinant -25 degrés Celsius. 
    Les randonneurs ont installé leur campement, en creusant une plateforme pour leurs tentes, sur une couche de neige fragile. Pendant la nuit, les vents catabatiques ont accumulé de la neige sur la plaque au-dessus. L’avalanche a pu se déclencher alors entre 9,5 et 13,5 heures après l’installation du bivouac, alors même que la pente du mont n'était pas très raide. Et une masse de neige de la taille d'un SUV aurait pu tomber sur la tente des randonneurs...
    Les deux scientifiques ont aussi procédé à des simulations des blessures infligées, en prenant en compte le fait que les randonneurs étaient allongés quand l’avalanche est survenue, et ils ont trouvé qu’elles s’accordaient avec les rapports d’autopsie.

    Ce que j'en pense

    Au risque d'en surprendre certain(e)s, je ne vais pas contester l'étude de Gaume et Puzrin. D'abord parce que je n'ai pas la légitimité ni les connaissances scientifiques pour questionner leurs travaux. Ce sont des spécialistes incontestés du domaine abordé qui ont suivi toutes les règles d'une publication scientifique et qui l'ont publiée dans une revue peer to peer réputée. S'il plaît à d'autres d'aller vérifier leurs calculs, je serais preneur de leurs constatations. Je n'ai pas la compétence pour analyser leurs formules mathématiques.

    Par ailleurs, les deux scientifiques ont l'humilité (et c'est tout à leur honneur) de reconnaître qu'ils n'ont pas élucidé le mystère du col Dyatlov. ils le disent à plusieurs reprises dans leur étude et l'ont répété également à l'AFP : "Plusieurs parties du mystère du col de Dyatlov ne seront jamais éclaircies, parce qu’il n’y a pas eu de survivants», selon Johan Gaume qui dit "s'être senti comme des détectives" » avec son collègue, mais insiste sur le fait qu’ils ne prétendent pas avoir pour autant résolu tout le mystère du col de Dyatlov, une affaire qu'ils ont d'ailleurs découvert récemment.

    Ce qui m'exaspère, en revanche, c'est la manière dont la plupart des médias (qui sont le plus souvent dans l'ignorance totale de cette affaire) ont dénaturé non seulement l'étude suisse, mais également la dépêche de l'AFP en titrant de manière péremptoire que le mystère Dyatlov est enfin résolu !
    Ah bon ? Parce que le fait de renforcer la thèse de l'avalanche éclaircit complètement les circonstances du drame ? Eh bien non ! Le souci, et je le vois venir, c'est que ces articles aux titres "définitifs" vont rester en ligne ad vitam aeternam, et qu'il faudra s'employer à l'avenir pour dire que non, on ne sait pas complètement ce qui s'est passé dans la nuit du 1er au 2 septembre 1959.

    Je n'ai aucun problème pour envisager que c'est bien une avalanche qui est à l'origine de la mort tragique de neuf randonneurs, mais il manque encore les éléments pour décrire le scénario du drame dans sa totalité :
    - Que s'est-il passé dans la tente ? Qui a décidé le premier de déchirer la tente de l'intérieur et de fuir sans prendre le temps de s'habiller correctement ? 
    - Pour quelle raison précisément les randonneurs ont-ils fui ? Parce qu'ils ont entendu le bruit d'une avalanche, parce que la neige est tombée sur la tente ou parce que les vents très violents les ont effrayés ?
    - Est-ce que tout le monde est sorti plus ou moins indemne ou bien certains ont-ils été blessés dans la tente ? Aucune trace n'indique que des randonneurs ont porté ou traîné des compagnons blessés.. Les deux scientifiques suisses reconnaissent eux-mêmes que les fractures internes constatées par les médecins légistes ont pu être faites plus tard dans la forêt.
    - Si certains des randonneurs ont été blessés dans la tente, pourquoi ne sont-ils pas tous restés groupés et pourquoi, au contraire, les a t-on retrouvés disséminés dans les environs ?
    - Si une couche de neige est tombée sur la tente, pourquoi ne la voit-on pas sur les photos des secouristes ? Et pourquoi n'est-elle pas mentionnée dans le rapport d'enquête ? Les photos d'après le drame montrent la tente affaissée, recouverte d'une mince couche de neige qu'on a du mal à considérer comme les restes d'une avalanche.
    - Si c'est une avalanche qui a causé le drame directement ou indirectement, pourquoi les autorités russes n'ont-elles pas conclu à l'époque en ce sens ? Cela aurait permis de classer l'affaire comme un simple accident de montagne et d'enterrer l'histoire une fois pour toutes.
    - De même, si c'est toujours une avalanche la cause majeure, pourquoi les randonneurs ne sont-ils pas retournés vers la tente, une fois le danger passé ? Pourquoi ont-ils essayé plutôt de faire un feu de camp ? Mais s'ils ont voulu allumer du feu, c'est donc qu'ils ne se cachaient pas ?
    - Pourquoi l'un des randonneurs a-t-il tenté de grimper à un arbre ? Pour casser des branches et faire un feu ?
    - Qu'est-ce qui a pu fracturer le crâne de Slobodine, retrouvé seul, à l'écart de la zone boisée ?
    - Pourquoi a-t-on interdit l'accès à la zone durant trois ans après la tragédie ?

    Si l'on exclut les détails macabres (yeux disparus, langue arrachée) qui peuvent être attribués à l'action d'animaux ou d'oiseaux post-mortem, on voit que l'affaire du col Dyatlov est loin d’avoir livré tous ses secrets. D'autant que la théorie de l'avalanche, si c'est la plus vraisemblable, ne perment pas d'écarter d'autres explications possibles.
    Seul survivant de cette dramatique affaire, Yuri Ioudine, le randonneur qui avait abandonné en cours de route, avait dit : « Si j’avais une seule question à poser à Dieu, ce serait : qu’est-il arrivé à mes compagnons cette nuit-là ?». 
    Il est mort le 27 avril 2013 sans jamais avoir obtenu la réponse.

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  • Les mystérieuses amphores du Brésil

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    Dans la liste des mystères inexpliqués, il en est un dont il faudra bien avoir le dernier mot un jour. C'est celui de l'énigmatique trouvaille de Robert Marx, un chasseur de trésors professionnel, au Brésil en 1982.

    Une découverte déroutante

    download.jpgAyant entendu des rumeurs à propos d'un trésor englouti dans la baie brésilienne de Guanabara, ce découvreur invétéré explore le site et à quelques 25 kilomètres de la côte, dans une plaine sous-marine d'une superficie égale à trois courts de tennis, il découvre à l'aide d'un sonar, à trente mètres de fond, un gisement de poteries antiques. Il s'agit en fait d'environ 200 jarres (amphores ou pots) dont certaines sont parfaitement intactes. Selon Robert Marx, ces jarres ressemblent aux amphores à deux anses dans lesquelles on transportait des céréales ou du vin au IIIème siècle de notre ère.

    Cette découverte soulève un problème épineux : comment ont-elles pu se retrouver au large du Brésil alors que les premiers Européens, des Portugais, n'y sont arrivés que plus de 1300 ans après ?
    On sait que les Romains faisaient l'essentiel du commerce dans les ports de Méditerranée et du Proche-Orient, et leurs navires n'étaient pas conçus pour affronter les océans. Malgré tout, les Romains sont allés jusqu'en Inde par la voie maritime...

    Hypothèses

    fig76.jpgAlors, que s'est-il passé ? Un navigateur plus téméraire que les autres s'est-il aventuré loin d'Europe ? Un navire longeant le nord-ouest de l'Afrique occidentale s'est-il perdu ? Ou une mutinerie a conduit l'esquif vers l'ouest ? Très difficile de le savoir, d'autant que le Brésil ne s'est guère montré coopératif dans cette affaire. Dès 1984, il a fermé la baie de Guanabara aux recherches, officiellement pour dissuader les pillards.

    Robert Marx, accusé d'avoir pillé d'autres épaves dans la baie, s'est vu déclarer persona non grata dans la région.
    Frustré, le plongeur estime de son côté que c'est plutôt pour éviter la mise à jour gênante des traces du passage de Romains, ce qui aurait contredit l'historiographie qui affirme que les Portugais ont été les premiers à atteindre le Brésil (Pedro Alvares Cabral, 1500).
    Déjà, en 1976, un marin local avait remonté du fond deux amphores très curieuses mais les autorités scientifiques brésiliennes n'avaient mené aucune enquête.

    Polémiques

    Robert Marx est un explorateur controversé, comme le sont la plupart des chasseurs de trésors professionnels dont on ne sait jamais trop s'ils sont mus par la recherche scientifique ou l'appât du gain. Lui a été accusé d'avoir pillé un nombre incroyable d'épaves, parfois au profit de gens peu respectables comme le racontait en 1999 cet article de Libération.

    800px-Niña_replica_-_Morro_Bay_CA.jpgMarx raconte qu'il a appris à plonger dès l'âge de 11 ans avec un petit scaphandre dans le New Jersey puis qu'il a appris les techniques de plongée lors de son service dans les Marines.
    Dans les années 60, il s'est fait remarquer en procédant à l'excavation du vieux port englouti de Port Royal à la Jamaïque (submergé après un séisme en 1692) et en traversant l'Atlantique dans une copie conforme de la Niña, l'un des bateaux de Christophe Colomb.

    Lors de son passage au Brésil entre 1979 et 1983, Marx a découvert quantité d'épaves historiques comme le navire de guerre Hollandais, le vaisseau-amiral de l'amiral Piet Heyn au 17ème siècle, ou encore le navire portugais Sacramento, perdu en 1668 dont Marx et son équipe ont remonté 62 canons en bronze.

    518H4PBMV0L._SX358_BO1,204,203,200_.jpgDurant sa longue carrière, initiée en 1953, Robert Marx a effectué plus de 5000 plongées et il est l'auteur de plus de 800 rapports ou articles ainsi que d'une soixantaine de livres sur l'histoire et l'archéologie des naufrages ainsi que sur l'exploration des épaves.
    En 1972, il a participé à la création du diplôme professionnel américain de docteur en histoire marine. Pour autant, comme dit plus haut, il n'a jamais perdu sa réputation sulfureuse.

    Dans l'affaire des amphores du Brésil, on ne peut pas complètement écarter la thèse du canular car les quelques amphores que Marx a remontées du fond de l'océan n'ont pas été authentifiées à 100% comme étant romaines (il est vrai, certaines n'ont été examinées par des experts que sur photos).
    Mais pour savoir la vérité, il faudrait pouvoir reprendre les fouilles sur le site et dénicher, peut-être, d'autres indices probants (pièces de monnaie, armes, etc.). Or, le Brésil s'y refuse toujours.

    Robert Marx, lui, ne connaîtra jamais le fin mot de l'histoire puisqu'il est décédé en 2019, à l'âge de 82 ans.

    A lire cet article du New York Times de 1982

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  • Les synchronicités de Judy Garland

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    Dans la longue série des histoires à synchronicités, celle de Judy Garland mérite un examen plus approfondi.
    Est-ce nécessaire de présenter Judy Garland (1922-1969), l'un des destins les plus tragiques que le Hollywood de l’âge d’or ait connu ?
    JUDYGarland.jpgActrice, chanteuse et danseuse américaine, la petite fiancée de l'Amérique a été considérée par l'American Film Institute comme la huitième meilleure actrice de légende du cinéma (classement un peu curieux, mais bon...)
    Décédée à 47 ans, broyée par le système hollywoodien, les addictions, les dépressions, l’anorexie et les insomnies, Judy Garland fut l'interprète inoubliable de films mythiques comme Le Magicien d'Oz (1939), Le Chant du Missouri (1944) ou Une étoile est née (1954). Elle est également la mère d'une autre star, Liza Minelli.

    La date de sa mort dans l'un de ses films

    La première coïncidence de taille a été décelée après sa mort. Dans l'un de ses films "Summer Stock" (La Jolie fermière, 1950), Judy Garland joue le rôle d'une jeune agricultrice sur le point d'acheter le tracteur de ses rêves. Dans l'une des séquences du film, on la voit passer devant un calendrier mural qui indique en grandes lettres "22 juin 1949".
    Judy Garland mourra vingt ans jour pour jour après cette date, le 22 juin 1969 à Londres, à l'âge de 47 ans.
    Simple coïncidence ou un peu plus ? Quelles étaient les probabilités pour qu'un plan d'un film prévoit de montrer un calendrier sur lequel figure une seule date, celle de la mort de l'actrice principale qui passe devant ?

    Judy Garland et la tornade du Kansas

    Tous ceux qui ont vu Le Magicien d'Oz savent que la petite fille Dorothy (jouée par Judy Garland) et son petit chien Toto, qui habitent au Kansas, sont enlevés avec leur maison par une tornade et transportés dans un pays merveilleux du nom d'Oz.
    Or, une autre coïncidence frappante voudrait qu'un journal rapportant la mort de Judy Garland comme information principale aurait eu, en information complémentaire, un titre sur une tornade qui aurait dévasté le Kansas ce jour-là. Durant longtemps, cette deuxième coïncidence a été considérée comme une légende.

    Mais des curieux ont effectué quelques recherches et ont d'abord trouvé qu'il y a vraiment eu un tornade le 22 juin 1969 dans le Kansas.
    Pourtant, dans TornadoProject.com, il n'est fait état d'aucune tornade ce jour-là dans le Kansas. D'ailleurs, cette année-là, l'activité des tornades est relativement faible : 17 contre environ 75 d'habitude.
    Cependant, dans le comté de Saline, une tornade de type F3 (assez puissante, pas de victime, mais 60 blessés) a bien sévi mais le 21 juin vers 22h40, c'est-à-dire le 22 juin vers 4h40 du matin heure de Londres, ville du décès de Judy Garland.
    On ignore la date exacte de la mort de l'actrice mais c'était après minuit, dans la nuit du 21 au 22 juin...

    Kansas.JPGEt plus étonnant encore, c'est que le St Petersburg Times du 23 juin 1969 fait bien mention de la tornade du 21 juin dans le comté de Saline (Kansas) et juste à côté une photo de Judy Garland et d'autres protagonistes du Magicien d'Oz pour illustrer un article revenant sur la mort de l'actrice.
    D’autres articles de presse suggèrent que la tornade a frappé Salina « tard dans la nuit » ce qui pourrait vouloir dire après minuit le 22 juin, soit vers 6, heure de Londres. Dans tous les cas, la légende avait un fond de vérité !

    190911180528-01-style-remember-when-judy-garland-dorothy.jpgQuant au film Le Magicien d'Oz, il regorge de faits insolites.
    Ainsi, certains y ont vu une métaphore de la mortalité à travers la description de ce qui ressemble à une expérience de mort imminente.
    De même, tous les fans de Pink Floyd connaissent la troublante correspondance entre l'album The Dark Side of the Moon et Le Magicien d'Oz, les images du film semblant parfaitement correspondre aux compositions du groupe anglais. Du moins dans l'imaginaire collectif...

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  • Le jardin le plus mortel du monde

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    Vous qui entrez ici, ne perdez pas toute espérance mais faites bien attention à ce que vous touchez. Bienvenue à Alnwick Garden, le jardin le plus dangereux du monde !

    Dans ce splendide espace, situé dans le nord de l'Angleterre, vous pouvez admirer des hectares de plantes colorées parfaitement inoffensives mais il existe un périmètre qui effraie tout le monde, protégé par d'impressionnantes portes en fer noir.
    C'est le Jardin des Poisons, un endroit où il n'est pas conseillé du tout de venir respirer de trop près les végétaux : toutes les plantes, plusieurs centaines d'espèces différentes, peuvent vous tuer !

    jardin,poison,angleterre,effrayantOn doit cette drôle d'idée à Jane Percy qui, en 1995, est devenue duchesse de Northumberland, un comté du nord-est de l’Angleterre qui s’étend jusqu’à la frontière avec l’Écosse. Sa famille a hérité du château d'Alnwick, siège traditionnel du duc de Northumberland, après la mort subite du frère de son époux.

    En s'installant au château, le mari de Jane lui a demandé d'imaginer quelque chose de nouveau pour les jardins, laissés quasiment à l'abandon.
    Jane va vite étonner son mari, qui a dû penser qu'elle allait juste planter quelques roses. En fait, dès 1996, elle recrute un architecte paysagiste français, Jacques Wirtz, qui a déjà travaillé aux Tuileries et dans les jardins de l'Elysée et tous deux vont réinventer les jardins d'Alnwick.

    Comme la duchesse de Northumberland déteste le conformisme et ne veut pas faire quelque chose de convenu, à l'image des autres jardins de la campagne anglaise, elle songe à ajouter aux jardins traditionnels un espace différent et inhabituel.
    Au début, elle pense créer un jardin d'apothicaire, mais lors d'un voyage en Italie, une nouvelle idée germe dans son esprit. C'est lors de la visite du fameux jardin des poisons des Médicis que Jane Percy songe à concevoir un jardin de plantes tueuses.

    Cette idée se confirme lorsqu'elle visite ensuite le site archéologique du plus grand hôpital de l’Écosse médiévale, où elle découvre les éponges soporifiques imbibées de jusquiame, d’opium et de pruche servant à anesthésier les amputés pendant les opérations au 15ème siècle.

    jardin,poison,angleterre,effrayantLa duchesse entreprend donc de recueillir des plantes vénéneuses de toutes origines et elle en sélectionne une bonne centaine avec un seul critère : ces plantes doivent raconter une bonne histoire. Pour la duchesse, cela veut dire que des plantes tueuses exotiques comme le brugmansia d’Amérique du Sud se mêleraient à des poisons plus communs comme les haies de laurier rose. Car, ce qu'ignore souvent le public, c'est que les plantes toxiques sont courantes. La haie de laurier rose, très présente dans les jardins, est ainsi très toxique.

    Lancé seulement en 2004, Le Jardin des Poisons est devenu l'attraction d'Alnwick Garden qui attire au total près de 800 000 visiteurs chaque année. L'espace dangereux est bien délimité, au milieu de cette oasis verte innocente, par un panneau au message sans ambiguité indiquant ce qui se cache à l'intérieur : "These plants can kill" (Ces plantes peuvent tuer).

    jardin,poison,angleterre,effrayantLes visiteurs peuvent y découvrir de près (mais pas trop) plus de 100 espèces parmi les plus dangereuses du monde, et découvrir la légende qui leur a valu cette hideuse réputation.
    Il est bien entendu interdit aux visiteurs de sentir, toucher ou goûter l'une d'entre elles et les jardiniers doivent porter des gants en permanence et prendre des précautions supplémentaires lorsqu'ils pénètrent dans cet espace clos.

    Pour les fans d'Harry Potter, ajoutons que le château d'Alnwick a servi de cadre pour Poudlard dans les deux premiers films de la série.

    • Informations pratiques : www.alnwickgarden.com
    • Adresse : Greenwell Road Alnwick, Northumberland, NE66 1YU.

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    Source : Bougervoyager.com

  • Les Chroniques du Confinement (mars-avril 2020)

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    Si vous en avez raté une ou plusieurs, retour sur les 9 Chroniques du Confinement rédigées en mars-avril 2020.

    1. La disparue qui se cherchait elle-même
    2. La station service de l'I29
    3. Rencontres du 3ème type en 1920 ?
    4. Les naufragés qui s'ignoraient
    5. Que s'est-il passé à Ansacq en 1730 ?
    6. L'étrange personnage de Bourtourault
    7. Le dernier signe du lieutenant Murphy
    8. L'effrayant cimetière du Diable (Russie)
    9. Clinton Road, une route maudite ?

    Bonne lecture !

  • Le dernier signe du lieutenant Murphy

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    C'est une histoire vraie, celle d'une incroyable synchronicité, qui est arrivée à la famille Murphy endeuillée par la perte de leur fils Michael. C'est aussi l'histoire d'un héros.

    Aimé et respecté de tous, Michael Murphy était un militaire américain, titulaire du grade de lieutenant dans l'unité des SEALS, la principale force spéciale de la marine de guerre américaine (la fameuse US Navy).
    En 2005, il fut envoyé dans les montagnes d'Afghanistan, pour y diriger une mission de reconnaissance chargée de recueillir des informations sur un chef terroriste local.

    Mais son équipe de quatre hommes et lui ne purent mener leur mission à son terme. En effet, ils furent attaqués par des éleveurs de chèvres locaux qui indiquèrent ensuite leur position aux talibans.
    Les cinq soldats se sont retrouvés alors dans un combat terrible avec des troupes ennemies plus nombreuses.
    Dans le feu de l'action, le lieutenant Murphy s'est exposé au feu ennemi pour envoyer un message radio à son quartier général et obtenir de l'aide. Hélas, il a été mortellement blessé.

    main-qimg-9b26986e2bc61335d439279145fed72b[1].jpgLe sacrifice de Murphy du 28 juin 2005 pour que ses hommes aient une chance de survivre a valu au soldat la Medal of Honor décernée à titre posthume par le président G.W. Bush le 22 octobre 2007, la première remise depuis la guerre du Vietnam. De nombreux sites (rues, parcs, etc.) portent désormais le nom de Murphy aux Etats-Unis.
    D'ailleurs, peut-être que vous connaissez cette histoire, qui a donné lieu en 2013 au film "Lone Survivor" ("Du sang et des larmes" en français) de Peter Berg avec Mark Wahlberg et Eric Bana.

    Mais c'est lors de ses funérailles au cimetière national de Calverton le 13 juillet 2005 qu'il s'est passé un événement inattendu. Après la cérémonie, Dan et Maureen Murphy, dévastés par le chagrin, étaient en train de regagner leur véhicule.
    Soudain, le téléphone de Maureen a bipé. Elle n'avait pas la tête à consulter son téléphone à ce moment-là mais par réflexe, elle a quand même regardé l'écran. Elle a vu qu'elle venait de recevoir un message, qu'elle a ouvert...

    “Momma, home safe and sound. Mike”

    (Maman, à la maison, sain et sauf. Mike)

    Les mains de Maureen se sont mises à trembler. D'émotion, elle a lâché son téléphone qu'elle a ramassé ensuite. Le message était toujours là. Elle l'a montré aussitôt à Dan pour qu'il constate son existence. L'un et l'autre se sont alors tournés l'un vers l'autre et se sont souri malgré leur chagrin.

    Le SMS de Murphy ne venait pas de l'au-delà, du moins pas directement. Au fil des années, le militaire avait pris l'habitude d'appeler ou de texter ses parents à chaque fois qu'il arrivait à une nouvelle destination, c'était sa manière à lui de leur faire savoir que tout allait bien de son côté.
    Et, vérification faite, il a bien émis le SMS qu'a reçu sa mère, mais plusieurs mois auparavant alors qu'il arrivait à son lieu d'affectation à Hawaï.

    Ce qui demeure inexpliqué, c'est pourquoi ce SMS a mis autant de temps pour être envoyé et par quelle coïncidence il est parvenu à sa destinataire à un moment aussi douloureux, avec un message qui prenait instantanément une nouvelle signification.
    Quoi qu'il en soit, Dan et Maureen Murphy, fervents catholiques, ont interprété cet ultime message comme le signe que leur fils était bien arrivé dans son foyer éternel.

    Cette histoire a été racontée dans un documentaire consacré à Michael Murphy intitulé "Murph the Protector".

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  • L'étrange personnage de Bourtourault

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    Voici une curieuse histoire, trouvée par hasard lors de recherches sur tout autre chose, qui a été publiée dans L'Ouest Eclair du 10 avril 1910 dans un court paragraphe intitulé "Un village hanté !"

    Melle.JPG

    Encore un petit village très tranquille, Mellé (Ile-et-Vilaine), dont la carrière des Beurrières a fourni les pierres en granit du pont Alexandre-III à Paris.
    A l'ouest de cette localité, dans un hameau nommé la plaine de Bourtourault (orthographié Bourtoureaux dans l'article de l'époque), il y eut début avril 1910 une agitation inhabituelle.
    L'Ouest Eclair raconte que depuis huit jours, la jeune servante de M. Juvigné (le propriétaire du hameau ou d'une des maisons, ce n'est pas précisé) a remarqué la présence d'un étranger rôdant dans les environs, tantôt habillé en homme ... et tantôt en femme.

    Cet étrange personnage, aux allures bizarres, demandait à parler à M. Juvigné mais prenait toujours soin de s'éclipser au moment où quelqu'un (Juvigné ou l'un de ses voisins) faisait son apparition.
    La servante s'inquiéta de ces apparitions qui reprenaient chaque jour à la nuit tombée. Elle raconta l'histoire aux villageois qui, convaincus de sa sincérité, s'en effrayèrent au point de s'armer aussitôt de fourches, de faux et de fusils.
    Depuis peu, précise l'article, ils montent la garde à tour de rôle. Mais le "fantôme", pas né de la dernière pluie à l'évidence, attend toujours que les sentinelles soient allées se coucher pour faire une apparition fugace.
    L'Ouest-Eclair indique enfin que "l'aventure n'est point finie" et que dans le reste de la commune, on ne prend pas l'affaire au tragique...

    Mon commentaire
    Les informations sont trop parcellaires et lointaines pour pouvoir se prononcer sur ce qui ressemble à une anecdote de l'étrange.
    Qui a vraiment vu ce personnage fantôme hormis la servante ? A quoi ressemblait-il vraiment ? Comment s'est terminée cette histoire ? Cet endroit était-il réputé pour des phénomènes inhabituels ou inexpliquées ?
    On l'ignore. Je n'ai pas trouvé d'autre article ou de chronique prolongeant le récit de ce cas et nous donnant le fin mot de l'histoire.

    Apparemment, le "fantôme" parlait puisqu'il a formulé le souhait de voir M. Juvigné, ce qui ferait quand même pencher pour un personnage humain.
    Le fait que l'apparition soit habillée soit en homme, soit en femme est plutôt étonnante. Je ne connais pas de témoignage sur des fantômes qui changeraient de costume au gré de leurs envies...  Y-a-il eu méprise de la part de la jeune servante ?
    Il aurait fallu c'est vrai, en savoir davantage sur celle-ci, sur sa personnalité. Etait-elle imaginative, convaincante au point de pouvoir déclencher une mini hystérie collective autour d'elle ?
    Si quelqu'un dispose de détails complémentaires sur cette histoire du début du XXème siècle, je suis preneur !

    Sources

    • L'Ouest Eclair, "Un village hanté", 10 avril 1910.
    • Mellé, fiche Wikipedia.

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  • Les naufragés qui s'ignoraient...

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    C'est l'histoire incroyable de deux groupes de naufragés qui ont survécu en même temps, sur la même île, mais en ignorant totalement l'existence l'un de l'autre !

    François_Edouard_Raynal_A.Quinet_BNF_Gallica.jpgCelui qui a raconté cette aventure dans un récit autobiographique est aujourd'hui un peu oublié : François-Édouard Raynal, un navigateur, écrivain et fonctionnaire français. Né le 8 juillet 1830 à Moissac (Tarn-et-Garonne), il a dû exercer divers métiers après la ruine de son père juriste en 1844 : mousse sur un trois-mâts, régisseur de plantation à l'île Maurice à 19 ans, chercheur d'or en Australie à 22 ans, etc. En tout, il a sillonné pendant 23 ans les mers australes avant de revenir en France pour y devenir... fonctionnaire aux impôts.

    Le 12 novembre 1863, Raynal est à bord de la goélette Grafton qui quitte le port de Sydney. Mais son expédition à l'île Campbell s'avère infructueuse : ni mine d'étain argentifère comme escompté, ni phoques. Aussi le navire de 56 tonnes fait route vers les îles Auckland, des terres inhabitées à environ 480 kilomètres au sud de la Nouvelle-Zélande.

    Auckland_islands_topo.pngLe naufrage de la Grafton
    Le 31 décembre 1863, la goélette Grafton entre dans Motu Maha, le détroit des îles Auckland au nord de l'île Adams mais dans la nuit du 2 au 3 janvier 1864, le bateau est drossé contre les rochers du fjord Nord de Carnley Harbour dans la principale île de l'archipel.
    Cinq naufragés réussissent à atteindre la terre ferme et à récupérer quelques objets, des vivres pour deux mois, des armes et un canot. Ils sont tous de nationalité différente : le capitaine américain Thomas Musgrave, le marin norvégien de 28 ans Alexandre McLaren (Alick), le marin anglais George Harris (20 ans), le cuisinier portugais Henri Forgés (23 ans) et le français François Raynal.

    The-crew-of-the-Grafton-Source-Raynal-1892.pngSurvie
    Très vite, les cinq infortunés réalisent que d'éventuels secours ne viendront pas avant plusieurs mois. C'est pourquoi ils entreprennent de bâtir une cabane capable de résister aux ouragans de la zone subantarctique. Ils baptisent cette hutte d'un nom indien, Epigwaitt.
    Pour se nourrir, les naufragés devront se contenter de lions de mer, leur présence ou absence saisonnière décidant des périodes d'abondance ou de disette. Et leur menu sera complété par des oiseaux de mer, des moules et des poissons.
    Sur les îles Auckland, peu d'espèces végétales sont comestibles. Raynal réussira quand même à produire une bière buvable à partir de rhizomes locaux.

    Le capitaine de la Grafton, Thomas Musgrave, va rédiger avec ses compagnons d'infortune une véritable constitution pour régir leur vie de naufragés. La solide expérience de François-Édouard Raynal, qui a été chercheur d'or pendant 11 ans en Australie, se révèle précieuse. Grâce à lui, on réussit à fabriquer du ciment avec des coquillages, du savon et même des bottes et des vêtements en tannant des peaux de phoque. Le même Raynal racontera plus tard les affres endurées à cause des insectes de l’archipel, notamment les mouches noires.

    Délivrance
    Une année passe... Les cinq naufragés doivent se rendre à l'évidence : personne ne viendra les sauver. Ils doivent donc se tirer d'affaire seuls. Raynal convainc alors ses compagnons de construire une barque pontée sur la base du canot de la Grafton.
    Launching-the-Rescue-Source-Raynal-1892.pngPour cela, il s'agit d'abord de construire une forge équipée d'un soufflet en peaux de phoque, pour transformer les pièces métalliques récupérées sur l'épave en divers outils. C'est Musgrave qui fera les voiles à partir de celles récupérées sur les restes de la goélette.

    La barque est achevée mais elle ne peut contenir que trois des cinq naufragés. Finalement, le 19 juillet 1865, un an et demi après le naufrage, Musgrave, Raynal et Alick quittent l'île sur leur embarcation de fortune et parviennent au prix d'une traversée très périlleuse à rallier l'île Stewart à 450 km au nord. De là, ils peuvent rejoindre Invercargill au sud de la Nouvelle-Zélande et à peine arrivés, le capitaine Musgrave pilote lui-même l'expédition de sauvetage à bord d'un petit navire, le Flying Scud. Il arrive à temps pour sauver les deux autres naufragés d'une inanition inexorable.

    Thomas_G._Purvis_-_Invercauld.jpgLes "autres"
    Mais le plus extraordinaire sans doute, dans cette histoire, c'est que quatre mois après le naufrage de la goélette Grafton aux îles Auckland, un autre navire, l'Invercauld avait aussi fait naufrage mais... à l'autre extrémité !
    Le 11 mai 1864, l’Invercauld s'échoua sur les rochers de la pointe nord-est de la même île Auckland. Des vingt-cinq membres de l'expédition, six se noyèrent.
    Les survivants s'en tirèrent moins bien que ceux de la Grafton. Des dix-neuf naufragés restants, trois seulement furent recueillis vivants le 20 mai 1865 par le brick espagnol Julian qui les conduira à Valparaiso, au Chili. Auckland2.jpgIls furent donc sauvés trois mois avant les 5 naufragés de la Grafton par un navire que ces derniers ne virent jamais !

    Et ce qui laisse stupéfait, c'est que, malgré les 12 mois passés en commun sur l'île, les deux groupes de naufragés, qui ignoraient leur existence réciproque, n'ont jamais établi de contact entre eux, alors qu'ils étaient séparés d'à peine... une vingtaine de kilomètres !

    Postérité
    D'autres naufrages eurent lieu sur les îles Auckland, comme celui du Général Grant en mai 1866: sur les 25 membres d'équipage et 58 passagers, dix survivants seront ramenés par le Amherst en novembre 1867.
    Le capitaine de la Grafton, Thomas Musgrave, racontera son aventure en 1866 sous le titre "Castaway on the Auckland Isles" et François-Edouard Raynal fera de même en 1870 dans un livre intitulé "Les Naufragés, ou Vingt mois sur un récif des îles Auckland".
    FMIB_50706_Remains,_of_the__Grafton__Wreck,_Carnley_Harbour,_Auckland_Islands.jpgRécompensé par un prix de l'Académie française en 1874, le récit de Raynal est devenu, jusqu'à la Première guerre mondiale, le livre préféré des distributions de prix en fin d'année scolaire. Il a été réédité à de nombreuses reprises depuis.

    Revenu sur la terre ferme pour y occuper un poste dans l'administration fiscale, Raynal s'éteindra le 28 avril 1898 à Valence d'Agen.

    Du naufrage lui-même, il reste des noms aux îles Auckland : la baie Musgrave, le mont Raynal (644 m) et la pointe Raynal au sud d'Epigwaitt... Dans les collections du Museum of New Zealand à Wellington se trouvent des photographies (dont celles en noir et blanc qui figurent sur cette page), un morceau de la quille et deux boîtes.
    Wreck 1.JPGF.E. Raynal a également offert divers objets à la bibliothèque de Melbourne : une paire de bottes en peau de phoque, une aiguille à voile en os d'albatros, des soufflets de forge en peau de phoque. Enfin, une plaque commémorative a été apposée dans une rue du quartier Saint-Benoît de Moissac.

    Jules Verne
    Ce qu'on sait moins, c'est que le romancier scientifique français s'est inspiré du récit de Raynal pour son roman "L'Oncle Robinson" écrit en 1872-1873, d'abord refusé puis repris sous le titre "L'Île mystérieuse" en 1874. Raynal y est mentionné et les naufragés de l'air de Jules Verne sont cinq et de nationalité différente comme les naufragés de la Grafton...

    Le naufrage raconté dans le Sydney Mail du 7 octobre 1865

    Map-of-the-Epigwaitt-site-showing-the-on-shore-fragments-of-the-Graftons-hull-The-main.png

    The-section-of-the-Grafton-hull-found-on-the-beach-in-2002-Scale-05-m-Photo-Peter.png
    Les restes de l'épave de la Grafton en 2002

    Crédits photos noir et blanc :

    Wreck of Grafton, Epigwaitt, Auckland Islands, circa 1888, Auckland Islands, by William Dougall, Burton Brothers studio. Purchased 1943. Te Papa (C.010536)

    The site of Epigwaitt hut, c. 1907, taken during the Canterbury Philosophical Institute's Scientific Expedition to the Auckland Islands in 1907. Source: Auckland Weekly News, 2 January 1908; Sir George Grey Special Collections, Auckland Libraries, AWNS-1908010215-1.

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  • Rencontre du 3ème type... en 1920 ?

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    C'est l'ufologue Joël Mesnard, éditeur entre 1988 et 2014 de la revue Lumières dans la Nuit, qui a rapporté ce témoignage étonnant. En 1973, il a recueilli en Dordogne le récit de Mesdames Louise Talbot et Marie Boussarie. 53 ans plus tôt, en 1920, ces deux personnes étaient les soeurs Grasset et elles ont vécu une aventure dont elles ont conservé un souvenir vivace.

    Si la date précise s'était perdue dans les limbes de leur mémoire, elles se souviennent que c'était de nuit à la belle saison, certainement un samedi ou un dimanche soir. Avec d'autres jeunes gens de leur âge, elles revenaient d'un bal de campagne et rentraient chez elles, au lieu-dit La Boucherie.

    Les deux soeurs ont rappelé à Joël Mesnard qu'à l'époque, il y avait encore beaucoup de jeunes dans les campagnes et que les soirs de bal étaient une distraction très prisée. Dans les zones isolées de Dordogne, les véhicules motorisés étaient très rares, donc tout le monde circulait à pied, le long de petites routes semblables à des chemins.

    La Lègerie 2.JPGLes deux soeurs Grasset marchaient donc la nuit avec quelques autres amis. Ils se trouvaient entre Samoulies (ou Chamouilley) et la Lègerie, près de Nontron.
    Peu avant de rejoindre La Lègerie, le petit groupe s'engagea dans une côte quand soudain, dans le ciel au-dessus d'un bois, à une distance que les soeurs estimèrent entre cent et deux cent mètres, les jeunes gens assistèrent à un spectacle hors du commun : plusieurs créatures de petite taille se déplaçaient dans les airs, et émettaient des sonorités musicales. Comme l'on dit les deux soeurs, on voyait "leurs petites jambes qui bougeaient... Elles étaient environnées de boules lumineuses et de lueurs donnant à l'ensemble un aspect féerique".

    Joël Mesnard précise qu'il n'a pas été possible, en 1973, de retrouver les autres témoins. Selon lui, la jeune Louise, âgée de 16 ans, n'a pas prêté plus d'intérêt que ça à l'apparition. Mais sa soeur Marie, "plus imprégnée d'éducation religieuse", l'aurait interprétée comme une apparition angélique.

    Mon commentaire

    C'est un témoignage intéressant car les observations de phénomènes aériens inconnus sont très rares dans les années 1920. Joël Mesnard lui-même avait rencontré un témoin sur une affaire de... 1919 (le témoin avait 13 ans à cette époque, 67 ans en 1973). Certes, il est question de boules lumineuses. Pour autant, peut-on vraiment parler d'ufologie ? Hormis les énigmatiques créatures, les témoins n'ont pas vu d'objet volant s'apparentant de près ou de loin à un ovni.

    Etang La Lègerie.JPGSur le témoignage lui-même, il est forcément lacunaire au regard du grand âge des témoins qui racontent une histoire survenue 53 ans plus tôt... Les détails font défaut : combien de temps a duré l'observation ? Les témoins ont-ils tous vu la même chose ? Se sont-ils approchés ? Avaient-ils bu à la soirée de bal ? A l'époque, avaient-ils une bonne vue ? etc.
    Les deux soeurs affirment avoir vu les "jambes des petites créatures", de nuit, à une distance supérieure à cent mètres. Est-ce plausible ? Les "créatures" en question ne faisaient-elles pas des mouvements ondoyants laissant imaginer qu'elles avaient des "jambes" ?

    Sur la zone, quelques précisions après vérification sur Google Maps : la "rencontre" se serait faite en réalité entre les lieux-dits Les Simoulies et la Lègerie, à une dizaine de kilomètres au nord-est de Nontron. Nous sommes sur le territoire de Pensol, en Haute-Vienne. Il y a bien un chemin entre ces deux petits hameaux. Les deux soeurs rentraient chez elles plus au sud à la Bucherie (et non à la Boucherie). Cela n'apporte pas grand chose à l'interprétation, j'en conviens, juste un peu de précision.
    En revanche, sur la carte de la zone, j'ai remarqué la présence entre Les Simoulies et la Lègerie de deux étangs, dont l'un est longé par le chemin qu'ont emprunté les deux soeurs.

    J'émets donc l'hypothèse, et cela ne reste qu'une hypothèse, que les deux soeurs et leurs amis auraient peut-être vu, non pas des créatures féeriques mais simplement... des feux follets.

    Tulilautta3.jpgDécrit depuis longtemps (mais peu étudié et très rarement filmé), le feu follet est une manifestation lumineuse, due à l'émanation de gaz et ayant l'apparence d'une petite flamme sans fumée qui ne brûle pas son environnement. C'est le plus souvent une lueur pâle de couleur bleutée, parfois jaunâtre ou vermillon, en forme de flammèche qui flotte dans l’air à une faible hauteur au-dessus du sol ou de l’eau. La lumière semble vacillante et diffuse, ce qui peut évoquer une forme de vie. Certains feux follets durent quelques dizaines de secondes, et très rarement plusieurs minutes. Dans l'imaginaire populaire, ce seraient des esprits malins ou des âmes en peine venues hanter les forêts désertes, les cimetières... et les marécages.

    Et justement, les feux follets ont été souvent observés autour des marais. Comme ceux situés entre les deux lieux-dits. A supposer que les deux soeurs aient observé en réalité des feux follets, ils resteraient à expliquer les sonorités musicales qu'elles affirment avoir entendu.
    Car, dans l'état de nos connaissances, les feux follets sont silencieux...

    Source : Joël Mesnard, Les apparitions d'ovnis, Le Mercure Dauphinois, 2016, p. 200

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  • L'étrange station-service de l'I29 (Missouri)

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    Avez-vous déjà ressenti dans un lieu une sensation très désagréable, au point d'interrompre tout de suite ce que vous faisiez et de décamper sans demander votre reste ? Cela arrive plus souvent qu'on ne le croit et c'est arrivé à Dave Carter, un habitant d'Omaha dans le Nebraska en juillet 1992.

    Avec sa femme et ses enfants, il rentrait en voiture de Kansas City vers Omaha, par l'I-29, un périple de trois heures environ. Il était tard dans la nuit, vers deux heures du matin.
    main-qimg-755489ed1bb4a4128a6fa5b3b2d537d8.jpgObligé de faire le plein d'essence, Carter décida de s'arrêter au seul endroit qui était ouvert à cette heure. C'était une station-service isolée au milieu de l'obscurité la plus complète, à peine éclairée par les néons au-dessus des pompes. Hormis cela, l'endroit semblait parfaitement normal. 

    Dave Carter fit le plein de son réservoir et entra à l'intérieur de la station pour payer et s'acheter un café. Mais au bout de deux minutes à peine, il ressentit une énorme envie de partir. Il n'avait jamais eu ce sentiment auparavant pour que quoi que ce soit. Il eut l'impression fugace que son destin pouvait être bouleversé de manière imminente s'il ne partait pas immédiatement. Puis il se sentit presque repoussé à l'extérieur. Dave racontera ensuite qu'il avait failli partir sans payer et que sa transaction avec le caissier lui avait paru durer une éternité. 

    main-qimg-91212f1095fd79549fb2316d7a09327f.jpgTrès mal à l'aise, Carter regagna sa voiture où l'attendaient son épouse et ses gamins. Sa femme lui dit alors qu'elle avait envie d'aller aux toilettes et il n'eut pas le temps ni de lui raconter son expérience ni de la retenir. 
    Quelques minutes plus tard, Carter la vit revenir beaucoup plus vite que prévu et à l'évidence, elle paraissait effrayée. Elle avait ressenti exactement la même impression que son mari ! Ce désir irrépressible de fuir cet endroit..
    Sans attendre, Carter prit le volant et quitta la station-service en coup de vent. Alors que les enfants dormaient à l'arrière, Dave Carter et son épouse restèrent éveillés durant tout le reste du trajet.

    Quelque temps plus tard, alors qu'il roulait de jour vers Kansas City, Carter passa à hauteur de la station-service mais n'osa pas s'y arrêter. Mais il vit quelque chose qui était demeuré dans le noir, sur un coteau au-dessus de la station service : un vieux cimetière...

    Quelques vérifications :

    En prenant comme base les indications lacunaires données par Dave Carter, il m'a fallu du temps pour retrouver les lieux sur Google Maps. Suivre l'I29 entre Kansas City et Omaha, c'est long... presque 300 km !
    Finalement, le site est apparu sur la carte : il s'agit du cimetière Mount Hope, situé à Fairfax dans le comté d'Atchison (Missouri). C'est un vieux cimetière qui date des années 1845-46, la période où fut fondée la bourgade de Fairfax. Impossible de trouver d'autres informations sinon que le site regroupe des tombes très anciennes et on peut imaginer qu'il s'y trouve également des tombes indiennes. Peut-être existe-t-il une ou plusieurs légendes locales sur ce lieu mais je n'ai rien trouvé à ce propos.

    En ce qui concerne la station-service de 1992, de toute évidence, elle n'existe plus. Google Maps ne permet pas de s'en approcher mais les vues satellites comme certaines photos prises depuis le cimetière montrent que l'endroit est désaffecté et sert d'espace pour stocker des pneus. Quelqu'un habite-t-il sur place ? Peut-être, on distingue des véhicules sur les vues aériennes. S'il vous prend d'aller faire un tour là-bas et de rencontrer les locaux, tenez-moi au courant... si vous revenez !

    CEM46877951_121778953710.jpg

    Des photos du cimetière : pas très engageant... La nuit, ça doit être quelque chose...

    Une dernière anecdote : dans un champ de soja à quelques kilomètres de la station-service, on a découvert en 2000 une météorite très rare, qui porte désormais le nom de météorite de Milton.

     

     

    Une vidéo qui montre le trajet entre Omaha et Kansas City 

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  • La disparue qui se cherchait elle-même

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    En août 2012, c'est une péripétie étonnante qu'a vécu un groupe de touristes en excursion en Islande. Ces voyageurs étaient partis visiter en bus les hautes terres du sud de l'île. En fin de journée, ils ont fait halte à proximité du canyon volcanique Eldgja.

    Là, l'une des femmes asiatiques du groupe est descendue du bus pour s'isoler afin de se changer et de se rafraîchir puis elle a repris sa place.
    Sauf qu'à son retour, pour une raison inexpliquée, aucun de ses compagnons d'excursion ne l'a reconnue.
    Tous les touristes ont alors pensé que la femme qui avait quitté le bus avait disparu.

    1297305313062_ORIGINAL.jpgTrès vite, la nouvelle de la disparition d'une passagère s'est répandue et l'organisateur a fait un appel en donnant une description de la personne en question.
    Et là, autre phénomène incroyable, la femme n'a pas reconnu sa propre description et elle s'est jointe sans se faire prier au groupe de recherches qui fut vite mis en place !

    C'est ainsi qu'une bonne cinquantaine de personnes ont passé des heures, la nuit tombée, à chercher la "disparue" à pied et avec quelques véhicules. Chaque recoin de terrain a été examiné sans relâche et il a même été envisagé de recourir à un hélicoptère doté d'un puissant projecteur.

    Finalement, on ne sait trop qui s'en rendit compte (peut-être quelqu'un qui avait eu enfin l'idée de compter les touristes?), mais vers 3 heures du matin, les recherches furent interrompues lorsqu'il devint évident que la femme disparue faisait en fait partie des volontaires... et se cherchait elle-même.
    Il arrive que l'on voyage pour trouver son moi profond, mais de là à se chercher soi-même dans la nature au sens propre du terme...

    Source : Le Toronto Sun, 28 août 2012

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  • NON, Dean Koontz n'a pas prédit le Coronavirus... et Astérix non plus !

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    Les faits
     
    Depuis la mi-février, de nombreux internautes relaient sur les réseaux sociaux des extraits d'un roman de Dean Koontz de 1981 intitulé "Les yeux des ténèbres". Dans ce livre, l'auteur imagine l'apparition d'un virus capable d'anéantir toute l'humanité.
    Ce qui a retenu l'attention des internautes, c'est le nom du virus: Wuhan-400. (Wuhan est, pour rappel, le berceau du coronavirus COVID-19 qui sévit actuellement sur la planète et qui a fait 2981 morts au 29 février 2020).
    Une autre constatation relayée par les réseaux : lorsque le livre a été publiée en 1981, le virus ne portait pas ce nom, il s'appelait "Gorki-400". Il a donc été modifié à l'occasion d'une réédition en 2020. Enfin, dernière coïncidence : une phrase d'une autre page semble indiquer que le virus du roman aurait envahi la Terre "aux alentours de 2020".
     
    Darren.PNGCette rumeur a été lancée en premier, semble-t-il, le 16 février 2020 sur Twitter par un certain Darren de Plymouth.
    Le même jour, un leader du Congrès indien, du nom de Manish Tewari, a cité le roman (comme une source d'information ??) pour soulever l'hypothèse que le virus serait une arme biologique des Chinois... (lire ici)
     
    Ce que j'en pense
     
    Ayant lu pléthore de romans de Dan Koontz dans les années 80/90, j'ai été forcément intrigué par cette rumeur. Et autant le dire tout de suite, cette "révélation" ne tient pas la route. 
     
    ERqDkLcUwAA10tj.jpgDeux textes qui n'ont rien à voir
    Commençons par la page qui parle de 2020... On y voit un passage entouré en orange : "In around 2020 a severe pneumonia-like illness will spread throughout the globe, attacking the lungs and the bronchial tubes and resisting all known treatments.”
    Il faut être vraiment myope ou de mauvaise foi pour voir que ce texte n'a rien à voir avec le roman de Koontz : la typo des caractères est différente et surtout on s'aperçoit tout de suite que ce n'est pas un texte de fiction, mais un essai.
    En fait, ce passage provient du livre "End of Days: Predictions and Prophecies About the End of the World" écrit en 2009 par une médium du nom de Sylvia Browne. Celle-ci a t-elle prédit l'arrivée du coronavirus ? Peut-être mais ce genre de prédiction catastrophique est largement répandu dans les livres de "prédictions"... et peut s'appliquer à bien des événéments. En cherchant bien, on doit pouvoir trouver des messages similaires chez Nostradamus. Peu importe, le fait est que cette page n'a absolument rien à voir avec le roman de Koontz, ce qui n'a pas empêché de petits malins de laisser croire que c'était une seule et même source.
    Revenons maintenant au roman "Les yeux dans les ténèbres". Notons d'abord que Koontz n'est pas le premier, ni le seul à écrire une histoire contenant un virus mortel pour l'humanité. D'autres que moi auront peut-être envie de faire la recherche, mais il n'est pas exclu qu'il existe plusieurs romans d'anticipation avec des similitudes encore plus troublantes.
     
    Le nom Wuhan-400
    Certes, Koontz a bien écrit un roman dans lequel il décrit un virus qui s'appelle Wuhan-400. Et lorsque le livre a été publié en 1981, le virus ne portait pas ce nom, il s'appelait "Gorki-400".
    Etrange ? Pas tant que ça, lorsqu'on sait que la première version de 1981 fut publiée sous le pseudonyme de Leigh Nichols en pleine guerre froide et que le "méchant d'en face" était russe.
    Ensuite, la première réédition sous le nom de Dan Koontz ne date pas de 2008 comme on le voit indiqué partout, mais de 1989 (source Reuters) et la première mention du nom Wuhan-400 de 1996... 
     
    1eye.jpgSeul le romancier lui-même pourrait nous expliquer la raison de son choix et Reuters, notamment, cherche à le joindre à l'heure où j'écris ces lignes.
    Mais je suis prêt à parier qu'à l'occasion de cette réédition sous son vrai nom, Koontz a fait une révision de son roman. Et la Guerre Froide s'évaporant, il a fait comme tous les romanciers et scénaristes américains de l'époque, il a changé de "méchant". Et donc il a réorienté l'intrigue vers la Chine. Lorsqu'il a fallu trouver un nom chinois au virus, il a dû regarder quelle grande ville était réputée pour ses laboratoires et il est peut-être tombé sur Wuhan dont le fameux institut de virologie existe depuis 1956... En plus, Wuhan, d'un point de vue de romancier, franchement, ça sonne pas mal.
     
    Pas tant de similitudes que ça
    Si l'on regarde en détail ce que raconte Koontz, en fait "son" virus n'est pas si ressemblant que ça avec le Covid-19. Contrairement à ce dernier qui a surgi en décembre 2019 sur un marché de Wuhan où se font des ventes illégales d'animaux sauvages, le virus imaginé par le romancier américain a lui été créé en laboratoire par des communistes chinois pour éradiquer leurs opposants politiques.
     
    D'autres différences existent entre la réalité et le virus du roman, comme par exemple le temps d'incubation (4 heures dans le cas du virus de fiction, 14 jours au moins pour le coronavirus) ou bien son taux de mortalité (quasi 100% pour le virus Wuhan-400, de 2 à 3% pour le vrai coronavirus) ou sa transmission inter-espèces (juste chez les humains dans le roman, d'une chauve-souris probablement vers l'homme en réalité).
    Idem pour les effets : le virus de Koontz libère une toxine qui dévore les tissus du cerveau, alors que le Covid-19 déclenche fièvre, toux et difficultés respiratoires pouvant aller jusqu'à la pneumonie et troubles sévères de la respiration.
     
    Je vois bondir d'ici les complotistes (qui, le plus souvent, ne savent même pas faire la différence entre une virus et une bactérie) persuadés contre vents et marées que c'est une arme biologique sortie volontairement ou non du fameux laboratoire P4 de Wuhan. L'OMS a déclaré officiellement lors d'une conférence de presse que le virus venait d'un animal et qu'il n'y avait aucune preuve qu'il était issu d'un laboratoire. On révisera notre jugement si de nouveaux éléments sont produits prochainement pour ou contre cette théorie.
    Au passage, je ferai remarquer que si le Covid-19 était une arme biologique sortie d'un laboratoire, il a été conçu par des amateurs parce que son efficacité est quand même limitée...
     
    Et Astérix dans tout ça ?
     
    Coronavirus Astérix.jpgDans la même période, des internautes ont trouvé dans la BD d'Astérix de 2017 intitulée "Astérix et la Transitalique" qu'un pilote de char romain s'appelait Coronavirus. Et ils y voient donc une autre "prédiction" de l'arrivée du virus.
    Apparemment, ces mêmes internautes doivent s'informer dans Closer ou sur la chaîne Youtube de Norman pour ne pas avoir le moindre grain de bon sens. Le terme de coronavirus existe depuis des décennies, on ne vient pas de l'inventer.

    Si je suis le scénariste d'Astérix et que j'ai besoin de trouver de nouveaux noms de personnages à consonance gauloise ou romaine (finissant par "ix" ou par "us"), je vais chercher parmi tous les termes existants et forcément je vais tomber sur "coronavirus", un terme qui d'ailleurs avait été médiatisé en 2003 ou en 2010 lors de l'affaire du H1N1 (des années avant la publication de la BD). Donc rien de stupéfiant à ce que le terme, un peu par hasard, se retrouve au détour d'une page des aventures de nos valeureux Gaulois.
     
    Conclusion

    Dean Koontz a bien imaginé un virus qui s'appelle "Wuhan-400" mais sa description a très peu à voir avec le coronavirus actuel. S'y ajoutent une connexion avec un autre texte qui n'a rien à voir et des similitudes qui n'en sont pas vraiment... 
    Bref, la soi-disant prédiction n'en est pas une, tout au plus une forme de coïncidence et ne mérite pas qu'on s'y attarde davantage.
     
    Statut : expliqué.
     
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  • NON, des aliens n'ont pas guéri des enfants cancéreux en Andorre !

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    On m'a remonté cette histoire bizarre selon laquelle des entités venues d'ailleurs auraient obtenu la guérison d'enfants en phase terminale de cancer dans un hôpital d'Andorre, entre la France et l'Espagne.
    Des rumeurs circuleraient, notamment aux Etats-Unis à ce propos... Qu'en est-il vraiment ?

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